Bernard Larmande : disparition d’un visage familier des séries françaises

Le monde des séries hexagonales est en deuil. Bernard Larmande, acteur incontournable de la télévision française, s’est éteint ce lundi 17 novembre 2025 à l’âge de 85 ans. Connu du grand public pour son interprétation du docteur Salvo Carlo, le médecin légiste de la série culte Navarro, il laisse derrière lui une carrière dense, une présence chaleureuse sur les plateaux et des personnages qui ont marqué plusieurs générations de téléspectateurs.

Un parcours façonné par la scène

Né en 1941, Bernard Larmande avait d’abord trouvé ses marques sur les planches. Le théâtre fut son premier terrain d’expression, une école de rigueur et de passion où il façonne sa voix, ses gestes et son sens de la nuance. Comme beaucoup de comédiens de sa génération, il y puise les fondations de sa future carrière audiovisuelle : respect du texte, précision du jeu et intensité émotionnelle.

Si ses débuts sont théâtraux, son visage devient lui rapidement familier aux spectateurs grâce à la télévision. La petite lucarne devient son royaume, lui offrant des rôles récurrents, variés et de plus en plus mémorables.

Les débuts télévisuels et l’ascension avec Tribunal

Avant de rejoindre l’équipe de Navarro, Bernard Larmande se fait remarquer dans Tribunal, série judiciaire diffusée au milieu des années 80 et 90. Il y incarne maître Labrousse, un rôle qui lui permet d’asseoir son charisme calme et son aptitude à donner de la profondeur à des rôles de “figures d’autorité”, qu’elles soient juridiques, policières ou médicales. Cette période marque ses premiers grands succès grand public et ouvre la voie à une reconnaissance plus large.

Le docteur Salvo Carlo, personnage emblématique de Navarro

C’est toutefois en 1991 que sa carrière prend un tournant décisif. Cette année-là, il rejoint le casting de Navarro, série policière phare portée par Roger Hanin. Larmande y incarne le docteur Salvo Carlo, médecin légiste mesuré, précis, dont les analyses éclairent nombre d’enquêtes menées par le commissaire Navarro et son équipe.

Dans les 68 épisodes auxquels il participe, jusqu’en 2006, Bernard Larmande impose un personnage aussi rassurant qu’essentiel : le médecin légiste, figure souvent en retrait, mais indispensable à la progression des intrigues. Grâce à lui, Salvo Carlo n’est pas qu’un expert de scène de crime ; il devient un repère humain au cœur d’un univers souvent sombre. Les fans de la série se rappellent de son calme, de son regard bienveillant, et de la complicité professionnelle – parfois presque fraternelle – qu’il partage à l’écran avec Roger Hanin.

Cette collaboration dépasse d’ailleurs le cadre professionnel : les deux comédiens deviennent amis au fil des années, un lien renforcé par de nombreuses scènes tournées côte à côte mais aussi par leur participation commune à la mini-série La Trilogie Marseillaise, diffusée en 2000 sur France 2. Inspirée de l’œuvre de Marcel Pagnol, cette fiction permet aux deux acteurs de se retrouver dans un tout autre registre et d’explorer un univers provençal empreint de traditions et de littérature.

Une carrière marquée par la diversité des rôles

Si Navarro demeure son rôle le plus connu, Bernard Larmande ne s’est jamais contenté d’un seul personnage. Il apparaît dans Le Camarguais, où il interprète Théron, mais aussi dans une série particulièrement chère au public français : Plus Belle La Vie. Sur France 3, il y joue Henri Cantorel, contribuant à enrichir l’un des univers télévisuels les plus populaires du pays.

Mais au-delà de ces œuvres déjà bien ancrées dans le paysage télévisé, Larmande parvient encore à surprendre dans les années 2010 et 2020. Sa participation à la shortcom En Famille, diffusée sur M6, attire l’attention d’une nouvelle génération de téléspectateurs. Sous les traits de René, l’époux tendre et un brin lunaire de Tata Lulu, il révèle une facette plus légère, plus pétillante, démontrant une fois de plus sa capacité à s’adapter à tous les genres. Son interprétation y est saluée pour sa sincérité et son humour, prouvant que le comédien savait être aussi à l’aise dans le rire que dans les drames policiers.

Une disparition qui touche le public et ses proches

Au-delà de sa carrière, Bernard Larmande laisse derrière lui une famille endeuillée. Son fils, Adrien Larmande – né de son union avec la comédienne Sylvie Genty, elle-même décédée en 2022 – a exprimé sa peine sur Instagram. Il a partagé une photo en noir et blanc de son père, accompagnée d’un simple et bouleversant message : « Adieu papa, tu vas me manquer ». Une publication qui a ému de nombreux admirateurs et collègues, tous touchés par la disparition de cet acteur discret mais ô combien présent dans les mémoires.

Un visage familier, un acteur essentiel

La force de Bernard Larmande réside peut-être dans la simplicité et la constance de son parcours. Il n’a jamais cherché l’excentricité ou la lumière excessive. Il n’était pas une star flamboyante ; il était un comédien solide, fiable, impliqué, dont le professionnalisme a accompagné certaines des productions les plus suivies de la télévision française pendant plus de quatre décennies.

Pour les téléspectateurs, il restera ce visage que l’on reconnaît immédiatement, ce comédien que l’on a vu dans “tel épisode de Navarro”, dans “ce passage de Plus Belle La Vie”, ou encore dans une scène tendre d’En Famille. Pour ses partenaires de jeu, il restera un homme généreux, profondément humain. Pour sa famille, un père, un ami, un repère.

L’héritage d’un acteur du quotidien

À travers les multiples rôles qu’il a incarnés, Bernard Larmande a contribué à tisser une part de la mémoire télévisuelle commune en France. Il représente ces comédiens que l’on ne voit jamais en tête d’affiche dans les magazines people, mais qui, par leur constance et leur talent, façonnent durablement le paysage culturel.

Son décès laisse un vide, mais aussi un héritage riche de personnages et d’émotions. Le public ne l’oubliera pas : que ce soit dans les couloirs d’un commissariat fictif ou au sein d’une famille de sitcom, il a su raconter la vie, avec simplicité et vérité.