Bun Hay Mean : une étoile de l’humour s’éteint brutalement à la veille du festival Juste pour RireC'était la moindre des choses", Jamel Debbouze, après la mort de Bun Hay  Mean, cette décision prise avec sa troupe - Public

C’est un vide immense que laisse Bun Hay Mean dans le paysage humoristique francophone. L’humoriste de 43 ans, aussi connu sous le pseudonyme de “Chinois Marrant”, s’est éteint tragiquement le 10 juillet 2025, à la suite d’une chute mortelle de huit étages depuis le balcon de son appartement. Il s’apprêtait à rejoindre Montréal pour participer au prestigieux festival Juste pour Rire, un événement auquel il tenait particulièrement — mais le destin en a décidé autrement.

Un accident domestique tragique

Les circonstances de sa disparition ont bouleversé ses proches et ses fans. Selon son producteur, Philippe Delmas, Bun Hay Mean aurait tenté de récupérer son téléphone tombé dans la gouttière de son balcon, juste avant son départ pour l’aéroport. Ce geste banal, accompli dans la précipitation du voyage, a viré au drame lorsqu’il a glissé et fait une chute de plusieurs étages.

« D’après les éléments en notre possession, c’est en tentant de récupérer son téléphone coincé dans la gouttière qu’il a perdu l’équilibre », a confié Philippe Delmas avec émotion. « Nous sommes dévastés. Nous pensons à sa famille, sa maman, son papa, ses frères et sœurs. »

L’autopsie réalisée quelques jours plus tard a confirmé la thèse de l’accident. Aucun autre élément suspect n’a été relevé. Dans l’appartement, les enquêteurs ont retrouvé une valise soigneusement préparée, preuve que l’artiste s’apprêtait bien à partir pour Montréal dans les heures qui suivaient."J'ai perdu un frère", Jamel Debbouze effondré après la mort de Bun Hay Mean  - Public

Une absence poignante à Juste pour Rire

Ce festival, Bun Hay Mean l’attendait avec enthousiasme. Il devait s’y produire aux côtés de nombreux artistes francophones et y retrouver son ami et mentor Jamel Debbouze. Mais c’est sans lui que s’est déroulé le spectacle. Une absence lourde, que tous ont ressentie.

Présent à Montréal, Jamel Debbouze a tenu à saluer la mémoire de son ami disparu. Interrogé en direct par Paris Match, il a partagé son chagrin et son incrédulité. « J’étais plus que touché, j’étais choqué. Je ne m’attendais tellement pas à ça », a-t-il confié, la voix nouée. « Il aurait dû être là. Et c’est vrai que le soir où on a joué, il était avec nous. Il était vraiment présent. On lui a dédié ce spectacle, c’était la moindre des choses. »

Un hommage sincère et émouvant pour celui qui fut révélé au grand public grâce au Jamel Comedy Club, cette pépinière d’humoristes lancée par Debbouze dans les années 2000. Bun Hay Mean y avait imposé son style singulier, un humour à la fois tranchant et profondément humain, nourri de ses origines asiatiques, de son regard sur la société et d’un sens du timing redoutable.Mort de Bun Hay Mean : l'autopsie a parlé - Public

Un humour percutant, une voix unique

Né en France de parents d’origine chinoise, Bun Hay Mean a très tôt fait de son identité un levier comique et politique. Avec son personnage du « Chinois Marrant », il déconstruisait les clichés, bousculait les préjugés et faisait rire avec intelligence. Son ton libre et décomplexé lui avait valu un public fidèle, touché par sa sincérité et sa capacité à rire de tout — y compris de lui-même.

Au fil des années, il s’était affirmé comme l’un des humoristes les plus talentueux et engagés de sa génération. Il abordait les questions de racisme, de multiculturalisme, de politique, sans jamais tomber dans la facilité ni le militantisme pesant. Sa devise : faire réfléchir sans renoncer à faire rire.

Un dernier vol manqué, une présence intacte

Le festival Juste pour Rire 2025 aurait dû être une nouvelle étape de cette ascension. Sa valise était prête, son texte rodé, son esprit affûté. Mais la vie, parfois cruelle dans son imprévisibilité, l’a fauché à quelques heures de son envol.

Pour ses amis, ses proches, et tous ceux qui l’ont aimé sur scène, Bun Hay Mean reste une présence vive, inoubliable. Comme l’a si bien résumé Jamel Debbouze : « On a passé un moment extraordinaire ici à faire rire, mais il manquait quelque chose. Il manquait lui. »

Et il manquera longtemps. À la scène française. À ses collègues. À son public. Mais surtout, à cette fraternité artistique qu’il avait su créer autour de lui.

Son rire résonnera encore longtemps dans les salles, les mémoires et les cœurs. Comme une dernière blague pleine de vie, qui laisse derrière elle un silence trop grand.