Il y a 35 ans, le drame qui a bouleversé Patrick Sébastien : comment l’artiste a survécu à l’impensable

Trente-cinq années se sont écoulées, mais la douleur, elle, n’a jamais quitté Patrick Sébastien. Le 15 juillet 1990, l’animateur et showman préféré des Français voyait sa vie basculer à jamais : son fils aîné, Sébastien, perdait la vie dans un tragique accident de moto. Il n’avait que 19 ans. À cet âge où l’avenir n’est que promesse, il s’apprêtait lui-même à devenir père pour la première fois. Cinq mois après sa disparition, une petite fille, Marie-Andréa, venait au monde sans avoir pu connaître son père.

Pour Patrick Sébastien, de son vrai nom Patrick Boutot, ce drame est resté une blessure ouverte, un gouffre dans lequel il aurait pu sombrer. Il le dit lui-même : on ne se remet jamais de la mort d’un enfant. On apprend seulement à vivre avec. Ce fils, né de son premier mariage avec Martine, a laissé un vide impossible à combler.

On ne viendra pas" : Patrick Sébastien en détresse après la mort de son fils,  ces deux stars de la chanson qui ont refusé de se rendre chez lui (ZAPTV) -  Voici.fr


Un choc qui aurait pu le briser

À l’époque, l’artiste est au sommet de sa carrière. Mais en une nuit, tous ses repères s’effondrent. La violence de l’annonce, au petit matin, aurait pu le faire replonger dans l’alcool qu’il avait pourtant arrêté quelque temps auparavant. La tentation est immense. Son autre fils, Olivier Villa, raconte que ce moment a été l’un des plus critiques de la vie de son père.

Il se souvient précisément de cette nuit où tout a chaviré :
« C’était vers 5 heures du matin. Il venait d’apprendre la nouvelle. Il avait arrêté de boire depuis 1990 mais là, il a pris une bouteille de whisky… et il ne l’a jamais ouverte. »

Un geste en apparence simple, mais qui demande une force colossale lorsqu’on est déchiré par la douleur. Olivier souligne :
« Il aurait pu craquer à ce moment-là. Il en aurait eu mille raisons. Mais il ne l’a pas fait. Il a tenu. »

Cette résistance, cette volonté de rester debout malgré tout, marquera profondément ceux qui le connaissent.


Transformer la douleur en énergie vitale

Si Patrick Sébastien continue aujourd’hui de parler de son fils, c’est aussi pour transmettre cette idée qui guide désormais sa vie : profiter de chaque seconde, non par insouciance, mais par respect pour ceux qui n’ont pas eu cette chance.

En 2023, dans une interview donnée à TV5 Monde, il partageait cette philosophie née de la tragédie :

« Quand je n’ai pas le goût de vivre, je pense à mon fils. Je me dis qu’il aurait tellement aimé avoir l’âge que j’ai aujourd’hui. Alors je vis pour lui. Par respect, je ne peux pas me plaindre. J’ai 70 ans, un âge qu’il n’aura jamais eu. Il faut que j’en profite. »

Ces mots résument son long combat intérieur : ne pas se laisser happer par le chagrin, mais faire de sa vie un hommage permanent à son enfant disparu trop tôt.


Une nuit de solitude… et deux amitiés qui ont tout changé

Ce soir-là, désemparé, Patrick Sébastien cherche du réconfort auprès de deux amis proches, les chanteurs Carlos et Philippe Lavil. Tous deux se trouvent en tournée dans le Sud, quelque part entre Perpignan et Toulon, à quelques kilomètres seulement.

Patrick les appelle, perdu :
« Vous avez appris pour le petit ? Il s’est tué… »

Dans ces moments-là, beaucoup auraient sauté dans leur voiture pour rejoindre leur ami. Mais Carlos et Philippe Lavil font un choix, déroutant au premier abord, et pourtant profondément réfléchi : ils refusent de venir.

Non pas par manque d’amitié. Au contraire.

Selon Olivier Villa, ils lui ont répondu :
« On peut venir… mais on ne viendra pas. Parce que si on vient, tu vas t’effondrer. Demain tu dois chanter. Et si tu ne montes pas sur scène, tu es mort. »

Une décision courageuse, presque brutale, mais qui visait à empêcher Patrick de s’enfoncer dans le désespoir.

Olivier explique :
« Il faut des c***lles pour dire ça à un ami. Mais c’est ce qui l’a sauvé. Il est retourné au combat. »

Pour Patrick Sébastien, monter sur scène dès le lendemain devait être un acte de survie. Un moyen d’éviter de s’enfermer dans la douleur. Ses amis avaient compris que l’effondrement serait fatal.

Philippe Lavil, 75 ans ‼️ Mais quel est son secret ⁉️… #les12coupsdemidi ✨

Le courage de continuer : une thérapie par la scène

La scène a toujours été pour Patrick Sébastien un refuge, un lieu où il se dépasse, où il transforme ses blessures en énergie créative. Après la mort de son fils, elle devient un rempart contre la souffrance.

Il aurait pu tout arrêter. Il aurait pu disparaître. Au lieu de cela, il choisit de se battre.

Son fils Olivier raconte que ce retour immédiat au travail a été déterminant :
« C’est ce qui l’a maintenu debout. Être entouré du public, être dans l’action… Il n’avait pas le choix. Sinon, il s’écroulait. »

Et c’est peut-être cette force, mêlée à une immense sensibilité, qui explique aujourd’hui encore l’attachement du public pour cet artiste singulier, généreux, profondément humain.


Un père, un grand-père, un homme marqué à vie

Si le temps a passé, la douleur est restée. Chaque anniversaire, chaque souvenir, chaque instant de bonheur porte l’ombre d’une absence.

Mais Patrick Sébastien a trouvé un sens à cette tragédie : vivre doublement, pour lui et pour ce fils qui n’a pas eu la chance de vieillir.

Quant à sa petite-fille Marie-Andréa, née quelques mois après l’accident, elle représente un lien précieux, une continuité, une lumière que Sébastien n’aura pas connue mais qui perpétue sa présence.

Photo : Patrick Sébastien et ses fils Sébastien et Olivier Villa. -  Purepeople


Un message pour ceux qui souffrent

À travers ce drame, Patrick Sébastien partage souvent un message universel : celui de la résilience et du respect pour la vie.

« Quand quelqu’un me dit qu’il n’a pas le goût de vivre, je lui conseille de penser à une personne partie trop tôt. Ça remet les choses en place. »

Ce témoignage, à la fois intime et bouleversant, rappelle qu’au-delà du personnage public, se cache un homme qui a traversé l’indicible, mais qui a choisi de continuer à sourire, chanter et célébrer la vie.

Et si, aujourd’hui encore, il évoque la mémoire de son fils, c’est peut-être parce qu’en parler, c’est le laisser vivre un peu.