Florent Pagny retrouve « Taratata » : une soirée exceptionnelle orchestrée par Nagui

Florent Pagny : « Dans “Taratata”, on est dans la qualité »

À la fin du mois de septembre, La Seine musicale vibrait sous les voix d’une constellation d’artistes réunis autour de Florent Pagny. Une rencontre rare, orchestrée par Nagui, pour un numéro spécial de « Taratata » diffusé ce samedi soir sur France 2. Plus de trente ans après sa première venue dans l’émission, et vingt ans après sa dernière participation, le chanteur français fait un retour remarqué dans ce programme culte qui, jusqu’ici, n’avait consacré une soirée entière qu’à Johnny Hallyday.

Pour Pagny, retrouver cet écrin musical n’était pas une urgence. « Je n’en avais pas spécialement besoin et Nagui non plus », confie-t-il. Il y a deux ans pourtant, l’animateur lui avait proposé une émission spéciale. Mais l’artiste souhaitait attendre « le moment opportun ». Ce moment, c’est maintenant, à l’occasion de la sortie de son album Grandeur nature. Un choix logique : « C’est génial parce qu’il m’a laissé présenter mon nouvel album, alors qu’en général, il préfère avoir plus de titres “gold”. »

Pagny en est convaincu : se reposer sur les mêmes chansons est confortable, mais l’essentiel est de se renouveler. Et ce nouvel album, conçu pour être porté sur scène, trouve dans « Taratata » un terrain idéal.

Un concert solidaire qui rapporte 160 000 euros

La vente des billets de cette soirée unique n’est pas passée inaperçue. Les recettes, d’un montant de 160 000 euros, ont été intégralement reversées à la Fondation pour la recherche médicale. Un geste évident pour l’artiste : « Cet argent ne pouvait pas rentrer dans la caisse de la production télé, puisque les émissions sont payées par les diffuseurs. Autant qu’il serve à autre chose qu’à se remplir les poches. »

Pagny souligne la générosité de Nagui, et surtout la responsabilité morale des artistes bénéficiant de la réussite : « On a beaucoup de chance, elle ne doit pas servir qu’à nous. On doit aider, se rendre utile. »

« Taratata » : un temple du live

Si Pagny accepte de revenir dans l’émission, c’est aussi parce qu’elle représente quelque chose d’unique pour lui. Sur les plateaux télé, il est courant de chanter en playback ou sur bandes orchestrées. Une pratique qui n’a jamais séduit le chanteur : « Je chante toujours en live, je ne sais pas faire autrement. »

Avec « Taratata », pas de tricherie : musiciens et chanteurs jouent réellement. C’est la règle absolue. Et cela crée une exigence rare dans le paysage audiovisuel. « Si le niveau n’y est pas, ça s’entend et ça se sent. » Cette quête de qualité, cultivée depuis des décennies, séduit même les artistes internationaux qui, lors de leur passage en France, réclament spécifiquement l’émission.

Une soirée entourée d’amis et de partenaires musicaux

Pour cet épisode spécial, Pagny a souhaité partager la scène avec des artistes qu’il n’avait jamais côtoyés en duo. Parmi eux : Zaz, rencontrée dans The Voice, Jean-Louis Aubert, compagnon de longue date mais rarement partenaire musical, ou encore David Hallyday. Roberto Alagna, quant à lui, était attendu depuis vingt ans pour un duo constamment repoussé.

Et puis il y a Kad Merad, compagnon de route chaleureux et incontournable : « Il fait partie des meubles. Il vient quand il veut, où il veut, comme il veut. On a une relation fusionnelle et j’adhère totalement à sa connerie naturelle. »

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Un désaccord artistique… devenu bonne idée

Une anecdote amusante a marqué la préparation de l’émission. Juste avant d’interpréter Savoir aimer, Pagny explique à Nagui qu’ils se sont « un peu fightés ». L’animateur souhaitait une version entièrement a cappella, idée que le chanteur refusait : « Cette chanson repose sur la même boucle. Sans musique jusqu’à la fin, elle s’écroule. »

Finalement, une solution hybride s’impose : un début a cappella, puis un retour instrumental. Après réflexion, Nagui reconnaît que Pagny avait raison. Et ce dernier admet que l’idée initiale de l’animateur lui a donné envie d’adopter cette version pour sa prochaine tournée.

Un regard lucide sur la télévision et l’évolution musicale

Pagny observe sans amertume le déclin de la télévision traditionnelle : « Les gens ne la regardent presque plus, ou ils la regardent autrement, en replay. »

La musique, elle aussi, a profondément changé. Longtemps, la chanson française a évolué sans rupture brutale, passant de Brel à Hallyday ou Goldman dans une continuité de style. Mais aujourd’hui, la fracture est nette : « Ce n’est plus du tout les mêmes familles. Les styles ne se mélangent pas. »

Selon lui, la scène urbaine est même plus sectaire que le rock : « Ils ne veulent pas partager un titre avec un artiste de variété, sinon ils se font dézinguer par leurs pairs. » Il raconte avoir cherché en vain un rappeur pour un couplet sur un de ses titres. Personne n’a accepté.

Même la nouvelle variété française cherche à se distinguer de la précédente génération. « En France, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. À un moment, il faut se détendre, on fait tous de la musique. »

Télévision, plateformes et… aide des enfants

Grand utilisateur de télévision par nécessité professionnelle, Pagny confie ne pas avoir de consommation régulière. Il picore ce qui l’intéresse, parfois sur des plateformes, mais admet solliciter l’aide de ses enfants pour s’y retrouver. Avec sa femme, il regarde une série quand le cœur leur en dit : « Si ça nous plaît, on se fait toute la saison. Sinon, on arrête. » Il cite par exemple Wednesday, dont ils ont apprécié la première saison avant d’abandonner la deuxième, devenue selon lui « trop compliquée ».

Interview Florent Pagny N°1 (2025) - Extrait vidéo Taratata | France TV

« The Voice » : bientôt la fin ?

Le chanteur s’apprête à tourner les auditions de la saison 15 de The Voice, qui pourrait bien être sa dernière participation. « Je devais revenir seulement pour cette saison. Puis je suis revenu l’année dernière pour d’autres raisons et ça s’est très bien passé. »

S’il promet de lever le pied après cette 15ᵉ saison, il admet avoir dit à l’équipe qu’il pourrait revenir pour la 20ᵉ. Il en tire une conclusion amusée : « J’ai compris qu’il ne faut jamais dire jamais. Ce sont des conneries. »

Pagny se compare à Jean-Jacques Goldman, « le seul qui a dit j’arrête, qui l’a fait et qui s’y tient ». Pour lui, la règle est simple : tant qu’il pourra chanter et que sa voix répondra, il continuera. « C’est mon destin, ma vie. »

Libre, sans ego encombrant, il conclut : « Je me retire si j’en ai envie, sans en faire une annonce. Et je reviens quand je veux. Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. »