Patrick Sébastien en concert à Colmar : entre ambiance festive et ombre d’une polémiqueLa France que j'aime est là pour faire la fête" : après la polémique de la  fellation, Patrick Sébastien dit en avoir "marre des interdits" -  ladepeche.fr

Dimanche 3 août, la Foire aux Vins d’Alsace à Colmar a accueilli l’un des visages les plus populaires — et les plus controversés du moment — de la chanson française : Patrick Sébastien. Un concert sous tension pour l’ancien animateur et chanteur, une semaine seulement après que Mediapart a révélé une affaire qui continue d’alimenter les débats sur les réseaux sociaux et dans les médias. Pourtant, ce soir-là, à Colmar, l’ambiance était à la fête, comme si de rien n’était. Ou presque.

Une polémique qui ne faiblit pas

Depuis le 22 juillet, Patrick Sébastien est au cœur d’une tempête médiatique. Le site Mediapart a publié une enquête accusant l’artiste d’avoir été impliqué dans une scène de fellation en public lors d’un concert donné au Cap d’Agde, dans un camping naturiste. Selon les témoins, l’acte aurait été commis sur scène, face à un public composé d’adultes… mais également d’enfants. Une information qui a immédiatement suscité indignation et interrogations.

Par la voix de son avocat, Patrick Sébastien s’est défendu avec vigueur. Il affirme que l’acte était “mimé”, que rien de sexuel n’a réellement eu lieu, et qu’il n’a jamais encouragé ce type de comportement. L’artiste renvoie également la responsabilité à la femme qui est montée sur scène, soulignant qu’il n’a rien demandé et qu’il ne s’agissait que d’un sketch mal interprété.

Malgré cette défense, la polémique ne faiblit pas. L’un de ses concerts à venir a même été déprogrammé dans la foulée, et les critiques continuent d’affluer, tant du côté du public que des observateurs culturels.

Une prestation scénique sous surveillanceLa France que j'aime est là pour faire la fête" : après la polémique de la  fellation, Patrick Sébastien dit en avoir "marre des interdits" -  ladepeche.fr

C’est donc dans ce climat brûlant que Patrick Sébastien est monté sur scène à Colmar, le 3 août. L’événement était attendu. Comment allait-il gérer la situation ? Allait-il évoquer la polémique, répondre à ses détracteurs, ou au contraire, faire comme si de rien n’était ? Selon L’Est Républicain, l’artiste a choisi la seconde option. Pendant les 45 minutes de son show, aucune référence directe à l’affaire n’a été faite. Mais les allusions, elles, étaient bien présentes.

Avant de chanter “La Quéquette à Raoul”, une de ses chansons humoristiques emblématiques, Patrick Sébastien a lancé au public : “Je ne vais pas dire un seul gros mot ce soir, je n’ai pas envie de me faire engueuler.” Une phrase qui a fait rire, mais qui résonne aussi comme une pique implicite aux critiques qui l’accusent de mauvais goût, voire d’irresponsabilité.

Plus tard, l’artiste s’est laissé aller à une déclaration plus générale, mais très évocatrice : “La France que j’aime est là pour faire la fête. J’en ai marre des interdits.” Une manière de revendiquer son attachement à une certaine liberté de ton et de spectacle, même si elle peut heurter.

Un public acquis à sa cause

Malgré la polémique, l’accueil du public alsacien fut chaleureux, presque inconditionnel. À Colmar, on n’a vu ni huées, ni protestations. Bien au contraire. Les spectateurs présents ont chanté, dansé, et certains sont même allés jusqu’à scander “Patrick Président !” — une référence ironique, mais révélatrice d’un certain soutien populaire.

Ce contraste entre la tempête médiatique et la ferveur du public interroge. Faut-il y voir une dissociation entre l’artiste et l’homme ? Ou un refus, de la part de certains fans, de voir entachée l’image d’un homme qu’ils considèrent comme un “saltimbanque” sincère, à l’humour potache mais sans arrière-pensées ?

Une gestion très cadrée de la communication

Derrière les sourires et les refrains festifs, la gestion de la communication autour du concert de Colmar était visiblement très contrôlée. Les journalistes présents ont été informés à l’avance : il était interdit d’aborder l’affaire avec Patrick Sébastien, et les autres artistes présents n’étaient pas autorisés à en parler non plus. Une consigne claire, destinée à éviter toute dérive ou relance du débat en public.

Cette volonté de museler la polémique, du moins le temps d’une soirée, témoigne du caractère sensible de l’affaire. Elle révèle aussi les tensions entre liberté artistique, responsabilité morale, et image publique, dans un contexte où les réseaux sociaux peuvent enflammer une situation en quelques heures.

Une carrière marquée par les excès… et les succèsJ'en ai marre des interdits» : Patrick Sébastien évoque à demi-mot la  polémique de la fellation

Patrick Sébastien n’en est pas à sa première controverse. L’artiste, connu pour ses chansons paillardes comme “Les sardines”, “Ah si tu pouvais fermer ta gueule”, ou encore “Tourner les serviettes”, a toujours cultivé un humour grivois, provocateur, parfois jugé de mauvais goût. Une marque de fabrique qui lui a valu autant d’admirateurs que de détracteurs.

Mais depuis quelques années, sa popularité est en déclin. Évincé de France Télévisions en 2019, Patrick Sébastien a vu ses apparitions médiatiques se faire plus rares, préférant se consacrer à ses tournées et à ses livres. Cette nouvelle affaire pourrait bien ternir davantage une image déjà fragilisée.

Que retenir ?

La soirée du 3 août à Colmar restera comme un moment suspendu, où l’artiste a tenté de faire ce qu’il sait faire de mieux : divertir. Mais impossible d’ignorer le contexte. Les rires du public n’effacent pas les questions soulevées par l’affaire du Cap d’Agde. Et si Patrick Sébastien a préféré répondre par des chansons plutôt que par des explications, le débat, lui, est loin d’être clos.

Alors que certaines voix réclament davantage de responsabilité chez les artistes, d’autres défendent farouchement la liberté d’expression, même dans ses formes les plus crues. Entre célébration populaire et controverse morale, le cas Patrick Sébastien illustre parfaitement les tensions d’une époque où l’art, l’humour et la décence s’entrechoquent.