Bernard Larmande, figure familière du petit écran et inoubliable médecin légiste de Navarro, s’est éteint à 85 ans

Le monde de la télévision française est en deuil. Bernard Larmande, comédien apprécié du grand public et visage familier des fidèles de la série policière Navarro, est décédé à l’âge de 85 ans, comme l’a révélé Le Dauphiné libéré. L’acteur avait marqué plusieurs générations par son interprétation du docteur Salvo Carlo, médecin légiste attachant et récurrent de la série portée par Roger Hanin. Ce rôle, l’un des plus marquants de sa carrière, l’avait installé comme une figure incontournable du paysage audiovisuel français.

Durant des années, le public de TF1 avait pris l’habitude de retrouver ce personnage discret, efficace et profondément humain, qui apparaissait à l’écran avec une régularité presque rassurante. Pas moins de 68 épisodes ont bénéficié de sa présence. Et si Salvo Carlo est resté dans les mémoires, c’est autant grâce à l’écriture du personnage qu’à la sensibilité que lui apportait Bernard Larmande. Selon Le Dauphiné libéré, celui-ci considérait sa collaboration avec Roger Hanin comme « la plus belle aventure de sa carrière ». Les deux hommes avaient d’ailleurs tissé une véritable amitié au fil des tournages, complicité palpable dans la justesse de leurs échanges à l’écran.

Mort de Bernard Larmande : L'acteur de Navarro, Plus belle la vie et En  famille est décédé à 85 ans


Une vocation née en Ardèche et révélée par Jean Vilar

Originaire de l’Ardèche, Bernard Larmande n’était pas destiné, dans son jeune âge, à devenir l’un de ces visages familiers du petit écran. C’est au théâtre que sa vie a véritablement pris son tournant. En 1968, alors qu’il se produit dans un festival international de théâtre amateur, il est repéré par Jean Vilar en personne – figure majeure du théâtre français, fondateur du Festival d’Avignon et directeur du TNP. Cette rencontre, déterminante, ouvre à Larmande la porte du professionnalisme.

Grâce à cette reconnaissance, il rejoint le Centre dramatique national de Nice, dirigé alors par Gabriel Monnet, un nom lui aussi essentiel dans l’histoire du théâtre public en France. Cette intégration marque un jalon fondamental dans son parcours : formation artistique rigoureuse, immersion dans une troupe, apprentissage de la discipline scénique… Tout concourt à forger chez le jeune comédien un solide socle technique et une compréhension sensible de l’art dramatique.

C’est entre les murs du théâtre niçois qu’il rencontre celle qui deviendra sa compagne : Sylvie Genty, comédienne accomplie, dont il partagera la vie et la scène. Leur union, placée sous le signe du jeu, donnera naissance à Adrien, lui aussi devenu acteur. Une lignée artistique, donc, dont les choix de carrière semblent portés par la même passion.


Un acteur du petit écran, polyvalent et profondément apprécié

Après avoir foulé les planches durant plusieurs années, Bernard Larmande s’oriente vers la télévision, médium qui lui permettra de toucher un public bien plus vaste. Outre son rôle dans Navarro, il s’illustre dans Tribunal, série également diffusée sur TF1 entre 1989 et 1993. Aux côtés de son épouse, il y explore un registre mêlant drame et chronique judiciaire, une production marquante pour le public de l’époque.

Plus tard, il refait une incursion remarquée dans le monde des séries avec la très populaire Plus belle la vie. Dans la saison 3 du feuilleton marseillais, il interprète Henri Cantorel, chef de service en chirurgie, un rôle qu’il tient dans 26 épisodes. Une figure d’autorité, mais dotée de nuances dont il avait le secret, mêlant rigueur professionnelle et fragilités humaines.

Depuis 2021, il incarnait également un personnage particulièrement savoureux dans la sitcom En famille, diffusée sur M6. Dans cette série humoristique centrée sur les dynamiques d’une famille recomposée, il jouait René, un retraité marié à trois reprises, vivant dans la même maison de retraite que Lucienne, sa compagne du moment. Ses scènes, teintées d’ironie, de tendresse et d’un sens comique irrésistible, étaient souvent égayées par la présence de sa mère… une centenaire de 101 ans, ultraprotectrice et haute en couleur. Un duo improbable qui avait rapidement conquis les téléspectateurs.

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Une année sombre pour la grande famille de Navarro

Si la mort de Bernard Larmande attriste profondément les amateurs de séries françaises, elle s’inscrit malheureusement dans une année particulièrement difficile pour les anciens de Navarro. Le 13 août 2025, Jacques Martial, interprète culte du personnage de « Bain-Marie », s’est éteint à Paris des suites d’une longue maladie. Son rôle de policier solide, loyal et toujours prêt à épauler l’équipe de Roger Hanin avait fait de lui l’un des piliers de la série. Originaire de Guadeloupe, Jacques Martial avait également mené une carrière riche dans la culture, occupant notamment des fonctions à la mairie de Paris. Anne Hidalgo avait tenu à lui rendre hommage, publiant un message sur son compte WhatsApp pour saluer la mémoire d’un artiste et d’un homme engagé.

Ces disparitions successives rappellent combien Navarro, au-delà d’une simple série policière, a constitué une véritable famille artistique qui a marqué la télévision française sur plusieurs décennies. La perte de Larmande renforce ce sentiment de page qui se tourne, laissant derrière elle une œuvre télévisuelle considérable et l’affection durable des téléspectateurs.


L’héritage d’un comédien discret, passionné, profondément humain

Bernard Larmande laisse l’image d’un homme humble, travailleur, attaché à ses rôles autant qu’aux rencontres qu’ils lui ont offertes. S’il n’a jamais cherché les feux de la rampe, il a su, par la précision de son jeu et la chaleur qu’il insufflait à ses personnages, s’imposer durablement dans le cœur du public. Son parcours témoigne d’une vie dédiée à la comédie : du théâtre à la télévision, des drames aux comédies de situation, il aimait raconter des histoires, prêter sa voix et son visage à des figures humaines, parfois ordinaires, mais toujours profondément vraies.

Sa disparition marque la fin d’une trajectoire artistique riche, discrète mais essentielle, qui a accompagné des millions de téléspectateurs au fil des décennies. Il laisse derrière lui son fils Adrien, également acteur, ainsi qu’une filmographie et une multitude de rôles télévisuels qui continueront longtemps d’émouvoir et de faire sourire.

Bernard Larmande, dans la simplicité et l’élégance de son jeu, appartient désormais à la grande mémoire du petit écran français. Sa carrière, nourrie d’exigence et d’humanité, restera comme un exemple de fidélité à l’art dramatique et de générosité envers le public. Adieu à un comédien qui, sans jamais faire de bruit, aura profondément marqué la télévision française.