C’est LA rivalité historique de la chanson française. Johnny Hallyday et Claude François ne s’aimaient pas et se sont livrés pendant des années une guerre sans merci. Une rivalité débutée dans les années 70 et qui a duré jusqu’à la mort de Cloclo; en 1978.

ohnny Hallyday n’a jamais été qu’une simple star : il était le cœur battant du show-biz français. Autour de lui gravitaient des amitiés indéfectibles. Eddy Mitchell partageait avec lui des décennies de rires, de virées et de scènes, jusqu’à leur légendaire trio des Vieilles Canailles avec Jacques Dutronc, autre complice de toujours. Johnny aimait s’entourer, fédérer, créer une bande : Michel Drucker, l’ami fidèle qui l’a vu dans tous ses états, de la fureur du rock aux moments de fragilité ; Jean Reno, le pote de cœur avec qui il partageait d’authentiques instants loin des caméras ; sans oublier Sylvie Vartan, éternelle pilier dans sa vie, dont il parlait toujours avec tendresse.

Dans les dîners, lors des tournages ou dans les loges des Zénith, Johnny rassemblait autour de lui un cercle fermé où se mêlaient loyauté, admiration et éclats de rire. Mais il y a une célébrité que Johnny ne pouvait pas voir en peinture : Claude François.

La “photo du siècle” de Salut les copains : comment a débuté la rivalité entre Johnny Hallyday et Claude François ?

Tandis que l’un enflammait les foules avec son blouson de cuir, sa banane et son rock’n’roll, l’autre portait toujours des costumes impeccables, son célèbre brushing et ne se séparait jamais de ses Claudettes. Pourtant, Johnny Hallyday et Claude François avaient le même charisme, des tubes à n’en plus finir (Que je t’aime pour l’un, Le lundi au soleil pour l’autre) et étaient tous les deux des stars incontournables des années 70. En témoigne la célèbre photo de la bande de Salut les copains, prise par Jean-Marie Périer en 1966, où posent Johnny Hallyday, Cloclo, mais aussi Sylvie Vartan, Dick Rivers, Richard Anthony, Christophe ou encore Serge Gainsbourg pour ne citer qu’eux.

Sur cette “photo du siècle”, pas moins de 46 artistes prennent la pose. Mais un surplombe tout le monde, depuis une échelle : notre Johnny national. C’est Jean-Marie Périer qui lui a demandé de prendre cette pose, car on ne le “voyait pas bien”, comme il l’expliquait en 2008 sur France 5 dans Mes années 60. Impossible de dire si cette photo est à l’origine de la mésentente entre le Taulier et l’interprète de Belle, belle, belle, mais une chose est sûre : elle n’a fait qu’accentuer leur rivalité.

Ce que Claude François reprochait à Johnny Hallyday

Comme l’expliquait Jean-Pierre Bourtayre, le directeur artistique de Claude François à Télé Star, la vedette voyait un véritable rival en Johnny Hallyday. “Son seul rival, à ses yeux, était Johnny Hallyday qui avait connu le succès avant lui. Claude me disait : ‘Tu te rends compte, il peut s’habiller n’importe comment et faire n’importe quoi, tout le monde trouve ça bien. Tandis que moi, je dois faire sans cesse des efforts !’”, lui avait déclaré Cloclo.

Considérant l’idole des jeunes comme “le summum de la vulgarité”, l’interprète de Comme d’habitude n’hésitait pas à lui faire de véritables coups bas, comme appeler les radios pour tenter de faire déprogrammer ses tubes. Il avait également racheté Podium pour concurrencer Salut les copains qui mettait trop Johnny en avant. Une animosité qui dépassait le monde de la musique. A tel point même que Claude François “envoyait son assistant, que l’on surnommait le poisson pilote, dans les restaurants parisiens, pour être sûr que Johnny n’y soit pas.”

Les tacles bien sentis de Johnny Hallyday envers Claude François

Une animosité partagée, puisque le regretté mari de Laeticia surveillait de près l’ascension de son jeune rival. Pour cela, c’est son copain Ticky Holgado – ancien secrétaire particulier de Cloclo – qui en était chargé. “Claude François, t’enlèves les Claudettes, qu’est-ce qu’il reste ?”, avait-il un jour lancé à Michel Drucker ! Dans son autobiographie Dans mes yeux parue en 2013, Johnny Hallyday racontait à Amanda Sthers : “Il bossait dix fois plus que moi. Mais il n’arrivait jamais à faire ce que je faisais. Ça le rendait jaloux. Il draguait mes nanas et, en désespoir de cause, il se tapait mes ex. C’était le circuit, tu savais que si tu sortais avec moi, tu pouvais ensuite te faire Cloclo…”

Pour Johnny Hallyday, Cloclo était le Poulidor de la chanson française

Pourtant, l’interprète d’Allumer le feu avait plutôt tendance à calmer le jeu. “Je pense qu’il avait installé cette rivalité parce que ça le poussait à se surpasser. Moi, je lui disais toujours de se calmer, on ne faisait pas la même musique. Sois cool, je vais pas chanter avec des Claudettes et toi tu ne vas pas porter du cuir… C’était plus fort que lui, il voulait être le premier. Mais en définitive, il restait numéro deux”, avait estimé le papa de David, Laura, Jade et Joy, comparant son rival au Poulidor de la musique, comme le citait Le Point.

Quand Johnny Hallyday voulait “casser la figure” de Cloclo

Dans le livre Johnny Hallyday et ses Anges gardiens, Sacha Rhoul et Jean Basselin, ses deux anciens “hommes à tout faire”, avaient longuement évoqué cette rivalité. Le père de David reprochait notamment au père de Claude François Jr de “maltraiter” ceux qui travaillaient pour lui. De quoi lui faire perdre son sang froid ! “Quand Johnny était fatigué, il voulait lui casser la figure. Il ne l’aimait pas parce qu’il insultait ses musiciens et techniciens et les humiliait en public”, affirmaient ses collaborateurs.

D’ailleurs, ce dernier faisait clairement savoir à Cloclo qu’il ne l’appréciait pas. C’est ce qu’expliquait Patrick Juvet chez Thierry Ardisson dans Les Terriens du dimanche en 2019. “Tous les soirs, on était à peu près dans les mêmes boîtes, et à chaque fois, il disait à ses gardes du corps : “Allez enlever les pneus de la voiture du nain”. Après, Johnny ressortait et il lui disait : “Viens, viens, fais-moi une bise là”. Et il ne disait rien, il avait peur”, confiait l’interprète d’I love America.

L’hommage émouvant de Johnny Hallyday à la mort de Claude François

Cette rivalité historique a pris fin le 11 mars 1978, avec la mort accidentelle de Claude François. Pour rappel, le chanteur s’est électrocuté dans sa baignoire, en voulant redresser une applique murale au-dessus de sa baignoire de laquelle dépassaient des fils dénudés. Claude François est mort des suites d’un œdème pulmonaire. A son décès, Johnny Hallyday lui avait rendu hommage comme rappelé dans le blog La musique pour toujours : “La chanson française a perdu avec lui un de ses plus grands artistes. Méticuleux à l’extrême, il ne voulait jamais rien laisser passer et répétait ses shows jusqu’à ce qu’ils soient parfaits mais il était d’une exigence telle qu’il n’était même pas content lorsque c’était parfait. Et il recommençait”.

En 1997, il lui a également rendu hommage dans son autobiographie Destroy. “En 1985, quand j’interprète Le chanteur abandonné, l’un des titres forts de Rock’n’roll attitude, c’est à Claude François que je pense. Claude que j’adorais malgré toutes nos différences”, écrivait le père de Laura Smet. Il aurait également déclaré “regretter de ne pas avoir pu le fréquenter” comme il l’aurait voulu, lit-on également sur La musique pour toujours. “J’aurais tellement aimé faire un jour, un grand spectacle ou un disque avec lui”, aurait prononcé Johnny. Une amitié manquée, une rivalité dépassée et deux légendes qui ont fait vibrer la chanson française… pour le meilleur !