Biyouna, icône du cinéma et de la télévision algérienne, s’est éteinte : retour sur la carrière flamboyante d’une artiste inoubliable

Exclu Public : la comédienne de talent Biyouna est décédée à l'âge de 73 ans  - Public

Le monde du cinéma et de la télévision, en Algérie comme en France, est en deuil. Ce mardi 25 novembre, l’actrice, humoriste et chanteuse Biyouna, de son vrai nom Baya Bouzar, est décédée à l’âge de 73 ans des suites d’une longue maladie. C’est à l’hôpital de Beni Messous, à Alger, aux alentours de dix heures du matin, que la comédienne a rendu son dernier souffle, après plusieurs années d’un combat discret mais éprouvant contre la maladie. Une disparition qui laisse un vide immense dans le cœur de ses admirateurs et de tous ceux qui ont grandi avec ses rôles hauts en couleur, son humour piquant et son charisme flamboyant.

Une dernière apparition qui avait ému ses fans

L’état de santé de Biyouna inquiétait depuis quelque temps déjà. Sa dernière apparition publique remonte au 21 février dernier, lorsqu’elle avait pris la parole sur TikTok pour souhaiter un bon Ramadan à ses abonnés. Fatiguée et affaiblie, elle avait ému la toile et suscité une vague de messages bienveillants, de prières et de soutien. Certains internautes peinaient à reconnaître celle qui, pendant des décennies, avait incarné l’énergie, la malice et l’audace. « Elle a pris un coup de vieux, je suis choqué », écrivait l’un. « Que Dieu la protège », ajoutait un autre. Tous avaient senti que la star se battait contre bien plus qu’un simple passage à vide.

Une figure incontournable du cinéma maghrébin et français

Si la disparition de Biyouna suscite aujourd’hui une telle émotion, c’est parce que son parcours est intimement lié à l’histoire récente du cinéma algérien, mais aussi à celui de la comédie française, où elle avait su trouver une place unique. Sa première apparition sur grand écran remonte à 1978 dans Leïla et les autres de Sid Ali Mazif, dans lequel elle incarne une ouvrière. Un rôle modeste, mais qui marque le point de départ d’une carrière prolifique.

Au fil des décennies, Biyouna multiplie les rôles marquants. Elle apparaît dans Il reste du jambon ? d’Anne Depétrini (2010), dans Les Trois Frères : Le Retour (2014) du duo Campan-Bourdon, puis dans la comédie populaire Neuilly sa mère, sa mère ! en 2018. La même année, elle partage l’affiche avec Omar Sy dans Le Flic de Belleville où elle interprète sa mère, un rôle tendre et drôle qui montre une fois de plus son incroyable capacité à jongler entre émotion et comédie.

Sa dernière participation cinématographique remonte à 2018 également, dans On va manquer !, un court-métrage signé Sabrina Ouazani. Un dernier clin d’œil au septième art avant de se retirer progressivement de la scène publique à cause de la maladie.

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Une star du petit écran

La télévision aussi doit beaucoup à Biyouna. Elle a joué dans plus d’une trentaine de séries tout au long de sa carrière. En France, on se souvient notamment de son rôle dans Aïcha de Yamina Benguigui, diffusé en 2011 et 2012, où elle incarnait un personnage haut en couleur, fidèle à sa signature artistique. En 2020, elle apparaît également dans la série Les Bracelets rouges sur TF1, touchant le grand public par son authenticité et sa présence rassurante.

Sa dernière apparition à l’écran date de 2023, dans la série algérienne Dar Lefchouch, où elle interprétait une psychologue. Un rôle qui avait ému ses admirateurs, tant il semblait en contraste avec sa fragilité physique du moment. Depuis, ses ennuis de santé l’avaient contrainte à se retirer totalement des plateaux.

Une artiste plurielle, entre théâtre et chanson

Réduire Biyouna au cinéma serait oublier que l’artiste était une véritable touche-à-tout. Au théâtre, elle s’était illustrée dès 2006 dans Électre de Sophocle, mise en scène par Philippe Calvario. Trois ans plus tard, elle brille dans La Célestine de Fernando de Rojas. Puis vient une aventure plus personnelle : son one-woman-show Biyouna !, mis en scène par son ami Ramzy. Joué au Théâtre Marigny, puis en tournée, ce spectacle révèle une artiste capable de faire rire, émouvoir et provoquer, toujours avec cette énergie si singulière.

La chanson aussi faisait partie de son univers. En 2001, elle dévoile Raid Zone, un album audacieux mêlant influences traditionnelles algériennes et rythmes modernes. En 2007, elle récidive avec Blonde dans la Casbah, un opus au style encore plus affirmé. En 2011, Julien Doré lui propose même de faire les chœurs sur son titre Bergman, preuve que son aura dépassait largement les frontières du monde maghrébin.

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Un héritage vivant

En s’éteignant, Biyouna laisse derrière elle quatre enfants… mais aussi une multitude de personnages inoubliables, de répliques devenues cultes, de chansons envoûtantes et de souvenirs lumineux. Elle incarne l’audace d’une artiste qui n’a jamais craint de sortir des cadres, de jouer avec les frontières de la provocation, de célébrer les femmes, les mères, les oubliés, les rebelles.

Son rire, sa gestuelle, sa manière unique d’occuper l’espace scénique continueront de résonner longtemps dans la mémoire collective, en Algérie comme en France.

Biyouna s’en est allée, mais son héritage, lui, est là pour durer.