Laurent Baffie rend un hommage irrévérencieux à Thierry Ardisson, fidèle à leur amitié unique

Laurent Baffie : cette blague osée qu'il a faite à Thierry Ardisson devant  son cercueil - Public

Le 14 juillet 2025, le monde de la télévision française a perdu l’une de ses figures les plus marquantes : Thierry Ardisson. Animateur culte, provocateur en costume noir, il a marqué toute une génération avec son style inimitable et son sens du spectacle. Trois jours plus tard, le 17 juillet, ses proches, ses collaborateurs de toujours et de nombreux anonymes se sont réunis à l’église Saint-Roch, en plein cœur de Paris, pour lui dire adieu.

Mais l’émotion n’a pas totalement éclipsé l’humour, du moins pas chez l’un de ses amis les plus fidèles et les plus impertinents : Laurent Baffie. Car si le ton de la cérémonie a été empreint de recueillement et de gravité, Baffie, lui, a choisi de rester fidèle à la tradition qui liait son amitié avec Ardisson : l’irrévérence.

Un dernier clin d’œil, au style Baffie

Après la cérémonie religieuse, Laurent Baffie s’est rendu à l’hôtel Meurice, à deux pas de là, où il a retrouvé un autre compagnon de route de l’animateur : le DJ Philippe Corti, célèbre pour sa participation à l’émission Tout le monde en parle. Dans une courte vidéo tournée dans les salons cossus de l’établissement, Baffie a confié avoir glissé une ultime blague à son ami, juste devant son cercueil : « On ne bouge pas pendant le jingle. »

Une phrase anodine pour les non-initiés, mais profondément chargée de souvenirs pour les fidèles téléspectateurs de Tout le monde en parle, l’émission culte diffusée sur France 2 entre 1998 et 2006. Chaque semaine, les invités de l’émission devaient se figer, figer littéralement, sur la musique “Groove Is in the Heart” du groupe Deee-Lite, tandis que s’affichait à l’écran un générique rutilant. Une mise en scène qui symbolisait à elle seule le ton à part d’Ardisson, mélange de glamour, de second degré et d’ironie.Laurent Baffie sur RTL : Thierry Ardisson a "vraiment réussi sa mort, un 14  juillet, pour un monarchiste, c'est incroyable"

Un duo indissociable

Cette blague, au fond, dit tout de la relation exceptionnelle qui unissait Thierry Ardisson et Laurent Baffie. Pendant plus de 15 ans, ils ont formé un duo explosif à l’antenne, Ardisson en maître de cérémonie élégant, et Baffie en « sniper », toujours prêt à dégainer la punchline qui tue. Mais leur complicité allait bien au-delà de la télévision. Ils étaient devenus de véritables amis, soudés par un humour décapant et une admiration réciproque.

Leur rencontre, elle aussi, s’est faite sous le signe de la provocation. En 1991, Baffie, encore jeune auteur en quête de reconnaissance, tente de contacter Ardisson. Ce dernier, pressé, lui répond au téléphone qu’il n’a pas le temps. Ce à quoi Baffie rétorque sans détour : « Rajoute connard. J’ai pas le temps, connard. » Une réplique culottée, mais qui fait immédiatement rire Ardisson. C’est le début d’une collaboration intense, d’abord dans l’émission Double Jeu sur France 2, puis dans plusieurs autres formats télé.

L’irrévérence comme marque d’amour

Le geste de Laurent Baffie lors des obsèques, s’il peut sembler déplacé à certains, est au contraire profondément touchant. Il témoigne de cette fidélité absolue à l’esprit Ardisson, un esprit fait de liberté, d’impertinence, et d’amour du verbe. À travers cette dernière pirouette, Baffie ne cherche pas à choquer, mais à honorer ce qu’ils ont construit ensemble : une relation de confiance, d’humour noir, et de profonde tendresse cachée derrière la provocation.

Comme le rappelle le documentaire La face cachée de l’homme en noir, réalisé par Audrey Crespo-Mara, Ardisson et Baffie ont toujours cultivé une relation unique, où les codes de la bienséance étaient systématiquement bousculés, mais toujours avec intelligence. Leur complicité, à l’écran comme en dehors, a profondément marqué le paysage audiovisuel français.

Une page se tourne, mais l’esprit reste

En disant à Ardisson de « ne pas bouger pendant le jingle », Baffie a sans doute offert à son ami le plus beau des hommages. Pas un éloge convenu, mais une fidélité absolue à ce qu’ils ont été ensemble. Et c’est sans doute ce que Thierry Ardisson aurait voulu : que l’on continue à rire, même au bord du cercueil, que l’on ne se prenne jamais trop au sérieux, même dans les instants les plus solennels.

Le rideau est tombé sur l’homme en noir, mais son héritage, lui, reste vibrant. À travers les images d’archives, les interviews cultes, les phrases assassines et les silences lourds de sens, Ardisson continue de vivre dans la mémoire de ceux qu’il a inspirés. Et grâce à Laurent Baffie, il aura eu droit à un dernier éclat de rire, dans la plus pure tradition de leur amitié.