Lulu Gainsbourg se confie sur son père Serge Gainsbourg : souvenirs d’enfance et passion musicale

J'ai passé l'après-midi devant" : à la mort de Serge Gainsbourg, son fils  Lulu est resté scotché devant ce cadeau de son père - Public

Le 2 mars 1991, la France perdait l’une de ses plus grandes icônes de la musique : Serge Gainsbourg. Derrière l’artiste provocateur et talentueux se cachait un père, un homme dont l’absence a laissé un vide immense dans la vie de ses enfants. Parmi eux, Lulu Gainsbourg, fruit de l’amour de Serge avec Bambou, se souvient encore avec émotion de ce jour tragique. Dans un entretien accordé à Gala, le musicien est revenu sur cette perte et sur la manière dont elle a façonné sa relation avec la musique, mais aussi sur ses premiers souvenirs d’enfance et ses passions qui l’accompagnent depuis toujours.

Le choc de la disparition de son père

Pour Lulu, le décès de son père a été un moment à la fois bouleversant et fondateur. “Le jour où mon père est parti… j’avais 5 ans”, confie-t-il avec une émotion palpable. Ce jour-là, au lieu de s’échapper dans ses jeux d’enfant, Lulu est resté immobile devant le piano que Serge lui avait offert. Un Bechstein, qui trône toujours chez sa mère, et qui deviendra le point de départ de son amour pour la musique.

Assis devant l’instrument, il tente de reproduire à l’oreille les morceaux que son père jouait pour lui quand il était petit : Popeye, Les Trois Petits Cochons… Cette après-midi passée à tâtonner sur le clavier ne restera pas vaine. Sa mère, émue par cette curiosité musicale précoce, décide alors de l’inscrire sérieusement au piano. Ce geste simple mais déterminant marque le début d’un chemin artistique profondément influencé par l’héritage de Serge Gainsbourg, mais aussi par la volonté de trouver sa propre voix.

Une enfance bercée par les histoires et les dessins animés

Lulu Gainsbourg évoque également ses premiers souvenirs d’enfance avec une nostalgie douce-amère. À seulement deux ans, il découvre Peter Pan, son premier film Disney, et ce personnage imaginaire le fascine immédiatement. “Avant de lui dédier une chanson sur mon EP, j’en avais fait un tatouage”, explique-t-il en levant sa manche gauche pour dévoiler son biceps. L’enfant qui ne voulait pas grandir et qui pouvait voler dans les airs semble avoir laissé une empreinte durable dans l’imaginaire de Lulu.

Pour autant, Peter Pan n’est pas son héros ultime. Ce titre revient à Son Goku, le personnage emblématique de Dragon Ball. Lulu se souvient de ses matinées dans les Landes, chez sa grand-mère maternelle, où il se précipitait chez une voisine pour regarder les épisodes dans le cadre du Club Dorothée. Il confie un véritable émerveillement pour le travail d’Akira Toriyama, le créateur de la saga, et dévore encore aujourd’hui les mangas avec la même curiosité d’enfant. Ces souvenirs ne sont pas anodins : ils montrent un lien fort entre son imagination, ses passions et sa créativité, qui se retrouveront plus tard dans sa propre musique.

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La musique, un héritage mais aussi une vocation personnelle

Bien que l’ombre de son père plane naturellement sur son parcours, Lulu Gainsbourg a choisi de se construire avec sa propre identité musicale. Dans son entretien avec Gala, il évoque son nouvel EP de cinq titres, où il explore des sonorités pop et rock, avec des guitares un peu rock qui tranchent avec le style unique de Serge.

Sa compagne joue également un rôle clé dans ce processus créatif. Elle participe activement à son univers artistique, signant des textes et prêtant sa voix sur des morceaux comme Nuit infinie, sorti sous Warner Music. Ensemble, ils forment un duo complémentaire, où l’intimité nourrit l’inspiration et la créativité. Cette complicité rappelle que pour Lulu, la musique n’est pas seulement un héritage familial, mais un moyen de partager et de construire son monde, à la fois personnel et artistique.

L’adolescence et la redécouverte de son père

Ce n’est cependant qu’à l’adolescence que Lulu comprend pleinement l’importance et le génie de son père. Lors d’un voyage avec son discman et quelques CD – Michael Jackson, Jamiroquai… et son père –, il prend le temps d’écouter La Chanson de Prévert avec attention. C’est là qu’il réalise la qualité exceptionnelle de l’écriture de Serge Gainsbourg. “Malgré tout, celui que je vois d’abord en lui, ce n’est pas l’artiste, c’est mon papa”, précise-t-il avec tendresse.

Cette dualité, entre l’homme et l’artiste, est au cœur de son rapport à l’héritage de Serge Gainsbourg. Lulu réussit à honorer l’œuvre de son père tout en affirmant sa propre identité musicale, un équilibre délicat mais qu’il semble avoir trouvé avec maturité et sensibilité.

Des voyages, des inspirations et un nouveau départ

Après plusieurs années à Lisbonne, Londres et Amsterdam, Lulu Gainsbourg est récemment revenu s’installer à Paris. Ce retour n’est pas seulement géographique : il marque aussi une étape importante dans sa carrière, alors qu’il prépare la sortie de nouveaux projets et continue de peaufiner son univers musical.

Cette mobilité et ces expériences à l’étranger enrichissent son regard et nourrissent son inspiration. Entre souvenirs d’enfance, héritage familial et découvertes personnelles, Lulu Gainsbourg construit une musique qui lui ressemble, où se mêlent émotion, sincérité et modernité.

L’héritage familial comme moteur de création

Lulu Gainsbourg illustre parfaitement comment un héritage artistique peut être à la fois un fardeau et une source de motivation. Le piano offert par son père, les souvenirs des dessins animés et mangas de son enfance, et la redécouverte de l’œuvre de Serge Gainsbourg à l’adolescence ont tous contribué à forger un artiste complet, capable de se réinventer tout en honorant ses racines.

Il est frappant de voir à quel point les moments simples – regarder un dessin animé, s’asseoir au piano, écouter un CD – peuvent devenir des déclencheurs de passion et de créativité. Lulu Gainsbourg ne cache pas son émotion lorsqu’il raconte ces instants, rappelant que derrière tout artiste se cache d’abord un enfant émerveillé par le monde qui l’entoure.

Photo : Archives - Serge Gainsbourg avec son fils Lulu (Lucien) en 1988. -  Purepeople

Une sensibilité partagée avec son public

Aujourd’hui, en évoquant ces souvenirs avec Gala, Lulu Gainsbourg partage non seulement son parcours personnel mais aussi une sensibilité universelle. La perte d’un parent, l’éveil à la musique, la découverte de ses passions – autant d’expériences qui résonnent avec chacun. Sa manière de raconter ces moments montre une maturité rare et une capacité à transformer la douleur et la nostalgie en créativité.

Avec son nouvel EP, ses collaborations avec sa compagne et sa réinstallation à Paris, Lulu Gainsbourg semble prêt à écrire un nouveau chapitre, tout en gardant vivant l’esprit et l’héritage de son père. La musique continue ainsi de relier les générations, de l’enfant fasciné par Peter Pan et Son Goku à l’artiste qui explore de nouveaux horizons sonores.


En résumé, Lulu Gainsbourg nous offre un témoignage intime et touchant sur l’impact de la disparition de son père, ses premiers souvenirs d’enfance et l’éveil de sa passion musicale. Entre émotion, nostalgie et créativité, il montre que l’héritage familial, loin d’être une contrainte, peut devenir un véritable moteur de vie et d’inspiration. Son parcours rappelle que derrière chaque artiste, il y a d’abord un enfant qui découvre le monde, s’émerveille et s’approprie ses propres histoires pour les transformer en art.