Marie-Dominique Culioli : la première épouse effacée qui brise enfin le silence sur Nicolas Sarkozy

Pendant trois décennies, elle a été un fantôme dans l’histoire officielle de la République. Le nom de Marie-Dominique Culioli, première épouse de Nicolas Sarkozy, semblait avoir été gommé des mémoires, comme si elle n’avait jamais existé. Aujourd’hui, à 68 ans, cette femme discrète sort de l’ombre pour raconter sa vérité — celle d’une vie vécue dans le sillage d’un homme obsédé par le pouvoir et l’image.

Née dans une famille bourgeoise de Neuilly-sur-Seine, fille d’un pharmacien et élevée dans une tradition catholique stricte, Marie-Dominique rencontre dans les années 1970 un jeune avocat ambitieux, Nicolas Sarkozy, alors âgé d’à peine 23 ans. Ce n’est pas un coup de foudre romanesque, mais une alliance de raison : lui cherche la stabilité qui consolidera sa respectabilité politique ; elle, un compagnon énergique et prometteur. Le mariage est célébré avec élégance et simplicité. Deux fils naissent : Pierre, en 1985, et Jean, en 1986.

Mais très vite, la façade se fissure. Dès la naissance du premier enfant, Marie-Dominique sent l’éloignement s’installer. L’homme qu’elle a épousé est happé par son ascension fulgurante : avocat, adjoint au maire, puis maire de Neuilly, ministre, et bientôt président. « Il ne me voyait plus, confie-t-elle. Sa présence n’était que pour l’apparence, jamais pour le partage. » Les repas solitaires et les anniversaires oubliés deviennent la norme.

En 1988, alors que Nicolas Sarkozy fréquente déjà Cécilia Attias, alors épouse de l’animateur Jacques Martin, Marie-Dominique comprend que son mariage s’effondre. Les signes d’infidélité s’accumulent : appels anonymes, déplacements suspects, froideur croissante. Elle découvre plus tard que la séparation était orchestrée depuis des mois, bien avant la demande officielle de divorce, prononcée en 1996.

Pourquoi avoir gardé le silence si longtemps ? Sa réponse, empreinte de dignité, désarme : « Je voulais protéger mes fils. Je ne voulais pas qu’ils aient honte de leur père. » Mais derrière cette réserve se cachent des pressions, des appels anonymes, et même, selon elle, des propositions financières pour qu’elle garde le silence. Ces allégations n’ont jamais été confirmées, mais elles s’inscrivent dans un récit où l’effacement devient une stratégie politique.

Car à mesure que Nicolas Sarkozy gravit les échelons du pouvoir, sa première épouse disparaît des radars. Les médias ne mentionnent plus que Cécilia, puis Carla Bruni. Les photos officielles sont retouchées, les registres expurgés. « Tout concourait à mon invisibilisation », dit-elle. Ses fils eux-mêmes, Pierre et Jean, grandissent dans ce flou identitaire : fils du président, mais orphelins de reconnaissance.

Pierre choisit la musique et devient producteur sous le pseudonyme Mosé. Jean tente la politique locale, poussé par son père à reprendre le fief familial de Neuilly. Deux trajectoires opposées, mais marquées par la même blessure : celle d’un père absent et exigeant.

Les anecdotes qu’elle livre sont poignantes.
Pierre, dix ans, attend un père qui n’arrive jamais à son anniversaire. Le lendemain, un coursier dépose un cadeau luxueux. « Il voulait juste que je sois content sans qu’il ait à être là », dira Pierre plus tard.
Jean, douze ans, brandit fièrement un bulletin d’excellence : son père lui répond distraitement, « Tu peux faire mieux en maths. »
Plus tard, une photo officielle à l’Élysée est publiée sans eux. « Problème de cadrage », expliquera le service de communication.

Ces humiliations silencieuses, répétées au fil des ans, ont façonné leurs vies. Pierre refuse toute récupération politique ; Jean, dégoûté, quitte la politique en 2016. « J’ai compris que pour lui, l’amour, c’était l’obéissance », confie-t-il aujourd’hui.

En 2023, un ouvrage sur l’intimité des présidents ravive brièvement le souvenir de Marie-Dominique. Portée par cet élan, elle décide enfin de parler. Non par vengeance, mais pour exister. « Ni gloire ni compassion ne m’intéressent. Je veux simplement que mes fils sachent que je n’ai pas abdiqué. J’ai été effacée. »

Ses paroles résonnent d’autant plus fort que ses enfants, pour la première fois, la soutiennent publiquement.
Sur Instagram, Pierre écrit sobrement : « C’est l’histoire de mes parents. Je respecte les deux. »
Jean, plus explicite, déclare au Parisien : « Ce que dit ma mère n’est pas une surprise. Ce qui m’étonne, c’est qu’elle ait eu le courage de le dire. »

Cette solidarité tardive marque une rupture. Ensemble, mère et fils tentent de reconstruire leur propre récit, loin des caméras. Pierre prépare un album conceptuel sur l’héritage invisible, où il mêle les discours de son père à ses propres compositions pour en déconstruire le mythe. Jean, désormais consultant à Londres, écrit un essai sur « les enfants d’eux », ces héritiers d’un nom trop lourd à porter.

Aujourd’hui, Marie-Dominique vit en Corse, entourée de son jardin et de lettres de soutien. Elle répond à tous. « Des femmes, des hommes, des jeunes m’écrivent : “Vous m’avez appris à parler.” » Dans la lumière douce de sa maison, elle relit parfois la lettre que Pierre a écrite à son père — quatre pages de douleur et d’amour mêlés, jamais envoyées.

« Je ne te demande pas de t’excuser, écrit-il. Je te demande juste de comprendre que nous aussi, on a une histoire. »

Une phrase qui résume tout.
L’histoire d’une femme effacée, d’une mère courage, d’une famille qui a choisi enfin de reprendre la parole — et de ne plus demander la permission pour exister.

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