Le Chinois Marrant s’est tu : Bun Hay Mean, l’humoriste à la verve libre, est décédé à 43 ansMort de Bun Hay Mean : quand l'humoriste évoquait sa "compagne" Blanche  Gardin - Public

Le monde du stand-up français vient de perdre l’une de ses voix les plus singulières et percutantes. Bun Hay Mean, plus connu sous le pseudonyme du “Chinois Marrant”, est décédé tragiquement ce jeudi matin à l’âge de 43 ans, à la suite d’une chute de huit étages à Paris, dans le 17e arrondissement. La nouvelle, confirmée dans la matinée par son agent auprès de BFMTV, a profondément ému ses fans et ses confrères humoristes. Le flou entoure encore les circonstances exactes de ce drame : accident ou suicide, les enquêtes sont en cours.

Une disparition brutale

C’est Le Parisien qui a révélé l’information en premier : l’artiste a été retrouvé sans vie au pied de son immeuble, après une chute mortelle. La brutalité de cette nouvelle a frappé comme un éclair dans le monde culturel français. Car Bun Hay Mean n’était pas seulement un humoriste talentueux ; il était une voix libre, provocante, profondément ancrée dans les réalités de son époque. Sa capacité à aborder avec justesse des sujets sensibles, parfois tabous, en a fait une figure à part sur la scène du stand-up hexagonal.Mort de Bun Hay Mean : quand l'humoriste évoquait sa "compagne" Blanche  Gardin - Public

Une période de turbulences

En mai dernier, l’humoriste s’était confié à cœur ouvert dans une interview accordée à Jordan de Luxe. Il y évoquait une période très difficile, marquée par des problèmes de santé mentale et un internement en hôpital psychiatrique :
“C’est chaud, mais ça fait du bien. On m’a déclaré bipolaire. Ça m’a permis de faire un tour de toute ma vie, de ces hauts et bas, de ces up and down.”
Une déclaration bouleversante, mais aussi courageuse, qui témoignait de la transparence et de l’authenticité de Bun Hay Mean dans son rapport à la scène comme à la vie.

Dans son dernier spectacle, Kill Bun, encore en tournée au moment de sa mort, il abordait sans détour la question de la santé mentale. Ce spectacle était un véritable exutoire, mêlant humour noir, introspection, et critique sociale, dans la veine qu’on lui connaissait. Il devait d’ailleurs se produire ce vendredi 11 juillet à Montréal, une date évidemment annulée dans la foulée de l’annonce de sa disparition.

Un artiste hors normesAvant sa disparition, Bun Hay Mean très franc sur sa “compagne” Blanche  Gardin

Bun Hay Mean n’était pas un humoriste comme les autres. Avec ses origines asiatiques, qu’il revendiquait avec autodérision, il dénonçait depuis des années les clichés racistes et les inégalités, tout en évitant l’écueil du militantisme rigide. Son humour grinçant, acéré, parfois choquant, était toujours au service d’une réflexion plus large sur le monde. Il n’hésitait pas à bousculer son public, tout en restant profondément humain.

Blanche Gardin, son “âme sœur artistique”

Dans cette même interview du mois de mai, Bun Hay Mean évoquait également un lien rare et précieux dans sa vie : sa relation avec l’humoriste Blanche Gardin. Plus qu’une collègue, elle fut pour lui une amie intime, une confidente, une compagne de lutte contre les ténèbres personnelles.
“Ça a été ma compagne de phénix”, disait-il tendrement, suggérant que leur relation s’était construite dans les flammes des épreuves traversées ensemble.

Il parlait d’elle avec admiration, soulignant son humanité, sa franchise et sa lucidité :
“Elle est de gauche, mais je pense que c’est… Elle est surtout humaine et honnête. C’est comme dans son premier spectacle. Moi, je dis les choses, vous les prenez comme vous voulez. Moi, j’en ai besoin.”
Ce témoignage ajoute une dimension poignante à la disparition de l’humoriste, comme une dernière déclaration à une amitié salvatrice.L'humoriste Bun Hay Mean alias « Chinois marrant » chute mortellement « en  essayant de récupérer son téléphone dans la gouttière » - L'Humanité

Une voix qui manquera cruellement

Avec la disparition de Bun Hay Mean, la scène humoristique française perd une voix singulière, rare, courageuse. Son franc-parler, son regard acerbe sur la société, sa capacité à faire rire même dans l’obscurité vont terriblement manquer.
Il ne laissait personne indifférent : que l’on soit bousculé, agacé ou ému, son art provoquait, éveillait, réveillait.

Dans une époque où l’humour est parfois bridé, aseptisé, contrôlé, il faisait partie de ces rares artistes à ne rien s’interdire — pas même la vérité.

Hommages à venir

Depuis l’annonce de son décès, les réseaux sociaux ont été inondés d’hommages. De nombreux humoristes, fans, mais aussi anonymes, saluent l’audace, l’intelligence et l’humanité de Bun Hay Mean. Des initiatives sont en cours pour lui rendre hommage sur scène et à la télévision dans les jours à venir. Un spectacle commémoratif pourrait être organisé prochainement à Paris.

Il laisse derrière lui des spectacles marquants, une communauté de fans fidèles, et une empreinte indélébile dans l’histoire du stand-up français.

Bun Hay Mean est mort, mais ses mots, ses colères, ses éclats de rire, eux, resteront vivants longtemps encore.