Italie : la démographie en berne, un casse-tête pour Giorgia Meloni

L’Italie a atteint en 2024 un nouveau plancher démographique historique. Jamais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays n’avait enregistré aussi peu de naissances. Pour la Première ministre Giorgia Meloni, qui avait fait du sursaut nataliste une priorité absolue de son gouvernement, le constat est amer : malgré les slogans et les aides annoncées, la courbe continue de plonger.
Une chute vertigineuse des naissances
Selon les derniers chiffres de l’Institut national de la statistique (Istat), environ 370 000 bébés sont nés en Italie en 2024, contre 380 000 l’année précédente — une baisse de 2,6 %. En 2008, ils étaient encore 576 000 à voir le jour. En quinze ans, le pays a donc perdu plus d’un tiers de ses naissances.
La fécondité moyenne est désormais de 1,18 enfant par femme, un record historiquement bas. Même pendant les Première et Seconde Guerres mondiales, les Italiens faisaient davantage d’enfants. « Les naissances étaient alors deux fois plus nombreuses qu’aujourd’hui », souligne le chercheur Massimiliano Valerii, du centre d’études Censis, dans le Corriere della Sera.
Le phénomène ne se limite pas au nombre d’enfants par femme : le nombre de femmes en âge de procréer recule lui aussi. Celles qui ont aujourd’hui entre 18 et 50 ans sont issues de générations déjà marquées par une baisse de la natalité. Par ailleurs, l’âge moyen à la naissance du premier enfant a reculé à 32 ans, un autre facteur aggravant.
Un mal européen
L’Italie n’est pas seule dans cette spirale démographique. À l’échelle du continent, le taux de fécondité moyen dans l’Union européenne est tombé à 1,38 naissance par femme en 2023, selon Eurostat.
Les pays les plus touchés sont Malte (1,06), l’Espagne (1,12) et la Lituanie (1,18). Même la France, pourtant mieux lotie avec 1,66 enfant par femme, tire la sonnette d’alarme et parle désormais de « réarmement démographique ».
Or, les démographes rappellent qu’un taux de 2,1 enfants par femme est nécessaire pour assurer le renouvellement naturel de la population — sans recours à l’immigration. En dessous de 1,3 enfant, le déclin devient « structurel et difficilement réversible ».
Une bombe à retardement sociale et économique
Cette évolution n’est pas seulement une question de chiffres : elle menace les fondements mêmes du modèle social italien.
Le Forum des associations familiales italiennes met en garde : « Le déclin démographique compromet la viabilité du système de retraites, freine la croissance économique et fragilise les services publics essentiels. »
Le vieillissement s’accélère : l’âge moyen des Italiens atteignait 46,8 ans au 1er janvier 2025, en hausse constante. Si la tendance se poursuit, l’Italie pourrait perdre jusqu’à 12 millions d’habitants d’ici 2070, selon les projections de l’Istat. Un scénario qui inquiète autant Rome que Bruxelles.

Meloni face à l’échec de sa “priorité absolue”
Lorsqu’elle est arrivée au pouvoir en 2022, Giorgia Meloni avait fait de la démographie une bataille culturelle et politique. La cheffe du gouvernement, leader du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia, voyait dans la chute des naissances une menace existentielle pour la nation italienne.
Mais près de trois ans plus tard, le bilan est décevant. Le budget 2025, présenté comme un plan d’urgence démographique, s’avère bien maigre. Il prévoit quelques aides financières aux jeunes parents et une modeste extension du congé parental, loin des grandes promesses initiales.
Même les crèches, au cœur du dispositif nataliste, ont fait les frais de la rigueur budgétaire : sur les 260 000 nouvelles places annoncées, seules 150 000 devraient finalement voir le jour.
Le gouvernement Meloni se heurte à une contrainte majeure : la dette publique, colossale, qui atteint 134,8 % du PIB. De quoi réduire considérablement les marges de manœuvre pour investir dans des politiques familiales ambitieuses.
L’idéologie contre la réalité
Giorgia Meloni a choisi une ligne claire : rejeter la solution migratoire pour compenser le déficit démographique. Son parti adhère à la théorie du “grand remplacement”, selon laquelle les Européens seraient menacés d’être submergés par les flux migratoires.
Cette vision, largement idéologique, transforme un problème socio-économique en enjeu identitaire. Meloni se présente comme le symbole de la « mère italienne », répétant à l’envi : « Sono una madre » — « Je suis une mère ».
Mais cette rhétorique morale et nationaliste ne suffit pas à inverser la tendance. Car la crise de la natalité en Italie ne découle pas d’un manque de patriotisme familial, mais de problèmes structurels profonds.
Le poids des contraintes économiques et sociales
Derrière les slogans, la réalité quotidienne des jeunes Italiens est bien différente. Près de 10 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon l’Istat. Les emplois précaires se multiplient, les salaires stagnent, et l’accès au logement reste difficile pour les jeunes couples.
De plus, les infrastructures de garde sont largement insuffisantes : crèches rares, horaires inadaptés, tarifs élevés. Les familles doivent souvent choisir entre carrière et maternité.
« En Italie, soit tu veux gagner de l’argent, soit tu veux devenir mère. Les deux sont incompatibles », confiait récemment Francesca, une trentenaire interviewée par Le Parisien.
Cette situation contribue à retarder la maternité, voire à la dissuader. Les femmes italiennes, de plus en plus diplômées et présentes sur le marché du travail, se heurtent à un système peu conciliant avec l’équilibre vie professionnelle-vie familiale.
Une politique nataliste sans souffle

Depuis deux ans, le gouvernement tente de valoriser la maternité à travers des campagnes de communication insistantes, exaltant la famille traditionnelle et les « valeurs italiennes ». Mais ces messages, parfois moralisateurs, peinent à convaincre une génération qui réclame avant tout plus de sécurité économique et d’égalité professionnelle.
Les experts sont formels : aucune politique nataliste ne peut réussir sans un changement structurel profond. Cela implique d’investir massivement dans l’éducation, les services publics, l’emploi des femmes, le logement et les politiques de conciliation.
Or, sur tous ces fronts, l’Italie reste en retard.
Un avenir incertain
Si rien ne change, l’Italie risque d’entrer dans ce que les démographes appellent le « piège du faible taux de fécondité », une spirale où la population vieillissante réduit la capacité du pays à se renouveler, économiquement et socialement.
Les prochaines années seront donc décisives. Entre une dette publique qui bride l’action de l’État, une jeunesse en perte de confiance et une idéologie qui refuse la migration comme solution d’appoint, le pari nataliste de Giorgia Meloni semble de plus en plus compromis.
Le déclin démographique n’est plus seulement un défi statistique : c’est un enjeu existentiel pour l’avenir du pays, et peut-être, plus largement, pour toute l’Europe.
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