Jimmy Cliff s’éteint à 81 ans : Bernard Lavilliers rend hommage à une légende du reggae

Le monde de la musique reggae est en deuil. Jimmy Cliff, figure emblématique du reggae jamaïcain, s’est éteint ce 24 novembre à l’âge de 81 ans, des suites d’une pneumonie. La nouvelle a été annoncée sur Instagram par sa femme, dans des mots empreints de douleur et de tendresse : « C’est avec une profonde tristesse que je vous annonce le décès de mon mari, Jimmy Cliff, en raison d’une attaque suivie d’une pneumonie. »

Cette disparition marque la fin d’une carrière exceptionnelle, jalonnée de tubes inoubliables comme Reggae Night, Many Rivers to Cross ou encore Melody Tempo Harmony, ce dernier étant un duo mémorable enregistré en 1994 avec le chanteur et compositeur français Bernard Lavilliers. Dans un hommage poignant publié le lendemain de cette tragique nouvelle dans les colonnes du Parisien, Bernard Lavilliers revient sur sa rencontre et sa collaboration avec l’artiste jamaïcain.

Mort de Jimmy Cliff : "On avait presque le même âge", son ami Bernard  Lavilliers sous le choc - Public

Une carrière marquée par le talent et la positivité

Jimmy Cliff, de son vrai nom James Chambers, avait su traverser les décennies avec une énergie et un charisme rares. Auteur-compositeur-interprète, il a contribué à faire connaître le reggae bien au-delà des frontières de la Jamaïque, popularisant ce genre musical dans le monde entier. Sa musique, à la fois rythmée et engagée, a touché plusieurs générations.

Dans son hommage, Bernard Lavilliers se remémore un homme d’une extrême positivité, toujours souriant malgré les défis rencontrés au cours de sa vie et de sa carrière : « On avait presque le même âge. On était très proches […] Ça me fait un drôle d’effet parce que c’était quelqu’un d’extrêmement positif », confie-t-il. L’artiste français évoque également leur proximité à Paris, où Jimmy Cliff avait vécu un temps, du côté de Bercy.


La rencontre : du cinéma au studio d’enregistrement

La première fois que Bernard Lavilliers croise Jimmy Cliff, c’est à travers le cinéma. Le Français avait découvert l’artiste jamaïcain dans The Harder They Come, un film sorti en 1972 où Cliff interprète un jeune homme tentant de se faire une place dans le monde de la musique. Cette rencontre artistique par l’écran reste gravée dans la mémoire du chanteur français.

Mais ce n’est que vingt ans plus tard que leur véritable rencontre a lieu, au début des années 1990. C’est Pascal Nègre, alors à la tête du label Barclay, qui met les deux artistes en contact à Paris. Selon Lavilliers : « C’était en 1990 ou 1991 […] On a longuement parlé. Il savait que je connaissais bien la Jamaïque. Il connaissait mes chansons reggae ‘Kingston’ et ‘Stand the Ghetto’ ».

Cette complicité immédiate, basée sur une passion commune pour la musique et une connaissance partagée du reggae, ouvre la voie à leur collaboration. Tous deux appartenant à la même maison de disques, le duo se concrétise sans difficulté, donnant naissance à Melody Tempo Harmony.


Melody Tempo Harmony : une collaboration magique

Le duo, enregistré en Jamaïque, reste pour Bernard Lavilliers un souvenir impérissable : « On l’a enregistré en Jamaïque. J’ai fait une maquette de la chanson qui sonnait déjà tellement bien avec le talent incroyable de ses ingénieurs du son jamaïquains. J’ai écouté ça, je n’ai pas dormi de la nuit. C’était incroyable ».

Cette chanson, sortie en 1994, a marqué le public français et continue de résonner dans le cœur des amateurs de reggae trois décennies plus tard. Au-delà de la simple collaboration professionnelle, cette expérience a scellé une amitié durable entre les deux artistes, une amitié qui s’est poursuivie même à distance.

Mort de Jimmy Cliff : la légende du reggae s'est éteinte à 81 ans - Yahoo  Actualités France


Une amitié au-delà de la musique

Bernard Lavilliers évoque également la dimension humaine de leur relation. Même après leur collaboration, ils sont restés proches. « La dernière fois qu’on s’est croisés, c’était il y a cinq ou six ans. Il m’avait donné son téléphone. Donc, on avait une sorte d’amitié à longue distance », raconte-t-il. Une amitié faite de respect mutuel et de partage artistique, que Lavilliers décrit comme précieuse.

Il confie aussi avoir écrit pour Jimmy Cliff, une démarche qui témoignait de la confiance et de l’estime qu’ils se portaient mutuellement. Malheureusement, les retrouvailles promises n’auront jamais lieu, laissant un goût de tristesse et d’inachevé.


L’héritage de Jimmy Cliff

Au-delà de son amitié avec Bernard Lavilliers, l’impact de Jimmy Cliff sur la musique reggae est incommensurable. Son œuvre, riche et variée, a contribué à populariser le reggae et à donner une voix aux messages sociaux et politiques portés par ce genre musical. Many Rivers to Cross ou Reggae Night restent des classiques intemporels, et sa capacité à transmettre des émotions universelles continue d’inspirer artistes et fans.

Sa disparition est une perte immense pour le monde de la musique, mais son héritage perdurera à travers ses chansons, qui continueront de toucher les générations futures. Dans ce contexte, les hommages affluent du monde entier, soulignant non seulement le talent de l’artiste mais aussi l’homme qu’il était : généreux, positif et profondément humain.


Bernard Lavilliers, témoin d’une légende

Pour Bernard Lavilliers, la disparition de Jimmy Cliff est un choc personnel autant que professionnel. Leur rencontre, leur collaboration et leur amitié ont laissé une empreinte indélébile dans sa vie. L’artiste français se souvient avec émotion de leur première rencontre, de l’enregistrement de leur duo et des échanges qu’ils ont eus au fil des années.

Lavilliers conclut son hommage avec un sentiment de gratitude et de nostalgie : « Il fallait que je le voie pour ça. » Ces mots résonnent comme un dernier hommage, sincère et poignant, à un homme qui a marqué l’histoire de la musique et le cœur de ceux qui l’ont rencontré.


Une légende qui continuera de vivre

Jimmy Cliff s’en est allé à 81 ans, mais sa musique continue de vibrer dans le monde entier. Ses chansons, ses duos et ses performances resteront à jamais des témoignages de son talent et de sa personnalité rayonnante. À travers des collaborations comme Melody Tempo Harmony, il laisse derrière lui un héritage musical et humain qui survivra bien au-delà de sa disparition.

En ce 25 novembre, le monde de la musique reggae pleure une icône, tandis que Bernard Lavilliers et de nombreux fans lui rendent hommage. La perte est immense, mais les souvenirs, les chansons et l’amitié qu’il a su cultiver continueront d’illuminer le monde.

Jimmy Cliff, icône du reggae et symbole d’une époque, restera dans les mémoires comme un artiste incontournable et un être profondément positif. Sa voix, ses mélodies et son énergie continueront de traverser les générations, rappelant à chacun que la musique est une force qui unit et transcende le temps.