Mort du petit Émile : les grands-parents de nouveau convoqués, une étape cruciale dans une enquête toujours pleine de zones d’ombre

Près de deux ans et demi après la disparition du petit Émile, le dossier connaît un nouveau tournant. Ce mardi 9 décembre 2025, les juges d’instruction du pôle criminel d’Aix-en-Provence ont convoqué Philippe et Anne Vedovini, les grands-parents maternels de l’enfant, ainsi que deux de leurs enfants, pour une série d’auditions particulièrement attendues. Une convocation d’autant plus marquante qu’elle intervient après leur garde à vue, le 25 mars 2025, au cours de laquelle ils avaient été interrogés pour homicide volontaire et recel de cadavre avant d’être relâchés sans qu’aucune poursuite ne soit engagée.

Selon des informations révélées par BFMTV, l’ensemble des proches présentés aux magistrats l’a été cette fois en qualité de parties civiles, un statut qui traduit non seulement leur implication émotionnelle dans la quête de vérité, mais aussi leur volonté de continuer à collaborer avec la justice. Il s’agit d’une première depuis leur audition traumatisante du mois de mars, qui avait suscité beaucoup d’interrogations et une intense médiatisation.

Des auditions au cœur du dossier

Les entretiens menés par les juges ont duré environ une heure chacun et se sont inscrits dans une démarche plus approfondie visant à revisiter les nombreux aspects de cette affaire sensible. Ils ont permis aux proches du petit Émile de revenir sur les événements, d’exprimer leurs ressentis après des mois d’attente, mais aussi de détailler le quotidien qui a suivi la disparition de l’enfant le 8 juillet 2023, dans le hameau du Haut-Vernet. Le petit garçon, âgé de deux ans et demi, s’était volatilisé en quelques minutes, plongeant sa famille et le village entier dans une stupeur durable.

Le grand-père a été auditionné en premier, suivi par son épouse. Ensuite, deux de leurs enfants ont rencontré l’une des magistrates en charge du dossier. Ces échanges, qualifiés d’apaisés et constructifs par leurs défenseurs, semblent avoir permis d’aborder sans détours les zones encore floues de l’enquête.

Pour maître Julien Pinelli, avocat d’Anne Vedovini, cette convocation représentait un moment déterminant :
« C’était une étape très importante pour ma cliente, qui a pu s’exprimer en toute transparence », a-t-il déclaré.
De son côté, la défense du grand-père, assurée par maître Isabelle Colombani, a choisi de ne pas commenter la teneur précise des discussions, tout en réaffirmant que leurs clients entendaient continuer à coopérer pleinement avec les magistrats. Les avocats rappellent néanmoins que, si la possibilité d’un rôle familial n’est pas formellement exclue à ce stade, les intéressés restent déterminés à contribuer à l’avancée de la vérité.

Un dossier encore marqué par des incertitudes

La découverte partielle du corps du petit Émile, le 30 mars 2024, sur l’un des versants boisés du village, n’a malheureusement pas permis d’éclairer totalement les circonstances de sa mort. Plusieurs questions subsistent, alimentant hypothèses, spéculations et prudence judiciaire. Les conclusions médico-légales n’ont pas permis de déterminer avec certitude l’origine du décès, laissant les enquêteurs face à un champ d’investigation encore très ouvert.

Dans ce contexte, les récentes auditions apparaissent comme une nouvelle tentative de revisiter le fil des événements, de réentendre les protagonistes, mais aussi de confronter les versions ou d’examiner des éléments qui auraient pu être sous-estimés auparavant. Le temps écoulé n’a pas entamé la volonté des juges d’explorer toutes les pistes, même celles déjà étudiées.

Un “complément d’enquête” en préparation

Toujours d’après BFMTV, un document d’une centaine de pages devrait être remis prochainement aux juges d’instruction. Ce dossier, fruit d’un travail effectué après un déplacement des parties civiles au Vernet le 8 novembre dernier, contiendrait des notes, des observations et des propositions d’actes destinées à approfondir des aspects encore flous du dossier.

Les avocats insistent cependant sur un point : il ne s’agit pas d’une contre-enquête parallèle, mais d’un véritable complément d’enquête conçu dans l’esprit d’aider les magistrats à lever certaines ambiguïtés. Les proches souhaitent par ce biais contribuer à une meilleure compréhension des faits, sans remettre en cause le cadre judiciaire en place.

Cette démarche s’inscrit dans une volonté affichée de transparence, mais aussi dans une quête de réponses que le temps n’a pas apaisée. Pour la famille, chaque détail susceptible d’être éclairé peut représenter une avancée.

Une enquête toujours active

Interrogé récemment, le procureur de la République d’Aix-en-Provence n’a pas souhaité commenter ces nouvelles initiatives des parties civiles. Il a toutefois confirmé que “l’enquête se poursuit”, signe que les investigations demeurent en cours et que de nouvelles analyses pourraient encore émerger dans les semaines à venir.

Dans un dossier aussi délicat, les juges continuent de travailler sur la base d’une approche méthodique, cherchant à reconstituer le plus finement possible la chronologie des faits, les mouvements des personnes présentes au moment des événements, et les conditions dans lesquelles les restes de l’enfant ont été retrouvés.

Une affaire qui continue de bouleverser

Depuis le début, l’affaire Émile bouleverse l’opinion publique. La disparition soudaine d’un jeune enfant dans un hameau isolé, la complexité de l’enquête, les longues périodes sans informations majeures, puis l’émotion suscitée par la découverte du corps ont contribué à faire de ce dossier l’un des plus médiatisés de ces dernières années.

Pour les proches, l’enjeu est d’abord humain : comprendre ce qui est arrivé à ce petit garçon, redonner un sens à des mois de souffrance et obtenir enfin des réponses. Pour les magistrats, il s’agit d’un travail long, minutieux, souvent frustrant, où chaque élément doit être vérifié, recoupé, interprété avec prudence.

Vers de nouvelles avancées ?

Alors que les auditions se multiplient et que le dossier continue d’être alimenté par de nouveaux documents, un certain espoir renaît : celui de voir apparaître des indications permettant de mieux cerner les circonstances exactes du drame. Rien n’est figé, rien n’est exclu, et les juges semblent déterminés à aller jusqu’au bout de leur mission.

L’étape franchie ce 9 décembre s’inscrit sans aucun doute comme un moment clé : elle a permis aux proches de faire entendre leur voix, de partager leurs attentes et leurs interrogations, et peut-être d’éclairer les magistrats sur certains détails restés jusqu’ici dans l’ombre.

Dans cette affaire où chaque avancée est précieuse, l’espoir d’une vérité encore inaccessible demeure. L’enquête, elle, se poursuit avec la même rigueur, dans l’attente d’un élément qui viendrait enfin révéler ce qui est réellement arrivé au petit Émile.