Natacha Polony en colère : son mari Périco Légasse au cœur de la tourmente judiciaire

Dans le paysage médiatique français, rares sont les couples qui suscitent autant de respect que celui formé par Natacha Polony et Périco Légasse. Discrets dans leur vie privée mais redoutables sur le terrain des idées, ils incarnent à eux deux une forme d’indépendance intellectuelle devenue presque subversive. Mais depuis quelques mois, l’équilibre de ce duo solide est mis à l’épreuve : le critique gastronomique se retrouve plongé dans une nouvelle affaire judiciaire qui fait grand bruit.


Un couple de convictions

Tout commence au sein de la rédaction de Marianne, là où leurs chemins se croisent pour la première fois. À l’époque, Natacha Polony, jeune journaliste politique à la plume incisive, se fait déjà remarquer par son ton tranchant et sa rigueur intellectuelle. De son côté, Périco Légasse, critique gastronomique reconnu, défend depuis plus de trente ans une idée bien singulière de la cuisine : celle d’un acte citoyen.

Pour lui, manger n’est pas un simple besoin biologique, mais un engagement. Il répète souvent que la cuisine doit rester le lieu où s’exprime la liberté et la diversité culturelles, à l’opposé de la standardisation industrielle. Sa bataille contre les géants de l’agroalimentaire n’est donc pas nouvelle : elle s’inscrit dans une philosophie de vie.

Mariés depuis 2007, les deux journalistes ont bâti un couple fondé sur le respect, la discussion et la complémentarité. « Nous ne pensons pas toujours pareil, mais c’est ce qui nous enrichit », confiait un jour Natacha Polony dans une interview. Ensemble, ils élèvent trois enfants tout en maintenant une frontière stricte entre leur vie professionnelle et leur sphère familiale. Ce choix, dans un monde où l’intime est devenu spectacle, témoigne d’une pudeur rare.


Périco Légasse, le critique au franc-parler légendaire

Il est de ces plumes qu’on ne lit pas sans réagir. Périco Légasse n’a jamais mâché ses mots, quitte à s’attirer les foudres de certains industriels ou politiques. Son style est tranchant, volontiers provocateur, mais toujours documenté. Au fil des ans, il s’est forgé la réputation d’un défenseur acharné du “vrai goût”, celui des petits producteurs, des savoir-faire artisanaux, de la France des terroirs.

Légasse n’est pas qu’un critique gastronomique : il est un militant de la table. Pour lui, défendre un fromage fermier, un vin naturel ou une recette traditionnelle revient à défendre une identité, une histoire, une civilisation culinaire menacée par la mondialisation.

Son engagement a pourtant souvent un coût. En 2015 déjà, il avait été condamné après une série d’attaques virulentes contre Lactalis, géant mondial du lait. Son ton sans concession lui vaut autant d’admirateurs que de détracteurs. Mais loin de se taire, il persiste et signe.


Le nouveau bras de fer : le camembert de la discorde

En 2024, une nouvelle chronique publiée dans Marianne met le feu aux poudres. Dans cet article, Périco Légasse accuse Lactalis d’avoir « trahi la tradition du camembert normand », en industrialisant ce symbole du patrimoine gastronomique français. Pour lui, le fameux Camembert Président – produit phare du groupe – représente « un fromage d’usine qui salit la Normandie ». Une phrase choc, qui va rapidement devenir le cœur du conflit.

Lactalis contre-attaque aussitôt. Le groupe dépose plainte, réclamant 45 000 euros de dommages et intérêts ainsi que le retrait pur et simple du texte. Pour beaucoup, cette démarche illustre la puissance des lobbies agroalimentaires face à la liberté d’expression journalistique.

Mais fidèle à son tempérament, Légasse refuse de plier. Dans une déclaration lapidaire, il affirme : « On ne défend pas la vérité en se taisant. » Pour lui, ce procès dépasse sa personne : il s’agit d’un combat pour le droit de critiquer, d’enquêter, et de défendre une certaine idée de la France culinaire.


Une affaire qui divise le monde des médias

L’affaire suscite de nombreuses réactions. Certains confrères voient dans la démarche de Légasse une provocation inutile, une forme de romantisme journalistique dépassé. D’autres, au contraire, saluent son courage. Sur les réseaux sociaux, les débats s’enflamment : faut-il ménager les grands groupes pour préserver l’emploi, ou les dénoncer pour protéger la qualité et l’authenticité ?

Les soutiens de Légasse rappellent que la liberté de la presse ne se limite pas à la politique ou aux faits divers : elle s’étend aussi au domaine alimentaire. Car ce que nous mangeons dit beaucoup de ce que nous sommes. Derrière une meule de camembert, c’est une question de civilisation qui se joue.


Natacha Polony, le pilier dans la tempête

Face à cette tourmente judiciaire, Natacha Polony reste discrète, mais ferme. Elle connaît mieux que quiconque la valeur du courage dans les médias contemporains. À la tête du magazine Marianne, elle incarne elle aussi une parole libre, souvent en porte-à-faux avec le politiquement correct.

Polony n’a jamais caché son admiration pour le combat de son mari. Ensemble, ils partagent une même méfiance vis-à-vis des pouvoirs économiques et une même exigence envers le journalisme : dire la vérité, même quand elle dérange. Dans leur maison, le débat est quotidien, les discussions passionnées, mais toujours guidées par une éthique commune.

Ce lien intellectuel et affectif explique sans doute la solidité du couple. Alors que beaucoup de figures médiatiques succombent à la tentation du buzz ou de la superficialité, Polony et Légasse continuent de cultiver une rare cohérence : ils vivent comme ils pensent.


Un combat plus large : défendre la culture française

Au-delà du scandale judiciaire, l’affaire Légasse interroge notre rapport à la culture gastronomique française. Dans un monde uniformisé par la logique industrielle, défendre un fromage artisanal, une recette ancienne ou un savoir-faire local devient presque un acte de résistance. Ce que Légasse appelle « l’identité culinaire française » n’est pas une nostalgie passéiste, mais un patrimoine vivant à protéger.

Son combat rejoint celui de nombreux artisans, paysans, vignerons et restaurateurs qui refusent la logique du rendement au détriment de la qualité. Derrière le ton souvent virulent du critique, il y a une vision profondément humaniste : celle d’un pays où chaque produit raconte une histoire, un territoire, un visage.


Conclusion : entre tempête et fidélité

La tempête judiciaire que traverse Périco Légasse ne semble pas près de s’apaiser. Mais si le critique doit à nouveau affronter les tribunaux, il le fera avec la même conviction que depuis trente ans : celle d’un homme libre refusant la compromission. À ses côtés, Natacha Polony continue de tracer sa route, entre courage et lucidité, consciente que le prix de la vérité est souvent la solitude.

Dans une époque où la parole se vend et s’achète, ce couple atypique rappelle qu’il existe encore des voix qui résistent, au nom d’une certaine idée de la France — celle du goût, de la culture, et de la liberté.