Niels Schneider : le poids de l’absence, la force du temps et la lumière retrouvée

vadim: photos – @schneiderbrothers on Tumblr

Ce mercredi 8 octobre, dans les colonnes de Gala, Niels Schneider s’est confié avec une émotion rare sur la blessure la plus profonde de sa vie : la disparition de son frère aîné, Vadim. Près de vingt-deux ans après le drame, l’acteur, aujourd’hui âgé de 38 ans, parle avec pudeur d’un deuil qui ne s’efface jamais totalement, mais que le temps a su transformer en force.

Un 8 septembre 2003 qui a tout changé

Le 8 septembre 2003 restera à jamais gravé dans la mémoire de la famille Schneider. Ce jour-là, à Montréal, Vadim Schneider, jeune acteur de 17 ans promis à une brillante carrière, perd la vie dans un terrible accident de voiture alors qu’il se rend sur le tournage de la série 15/Love. Le choc est immense. Niels, son frère cadet de quinze mois, n’a alors que 16 ans. Deux adolescents inséparables, deux destins liés — jusqu’à ce que la fatalité frappe.

Dans une précédente interview accordée à En aparté sur Canal+ en octobre 2023, Niels revenait sur cette période avec une sincérité désarmante :

« Adolescent, j’étais d’une timidité vraiment pathologique. Je n’étais pas très solide. »

À l’époque, Vadim était la figure solaire, le modèle, le grand frère charismatique qui faisait déjà ses premiers pas dans le cinéma. Niels, lui, se décrivait comme un jeune homme « turbulent et timide », loin d’imaginer qu’il monterait un jour sur scène. Rien ne le prédestinait à suivre les traces de son frère. Et pourtant, c’est précisément ce drame qui allait redéfinir sa vie.

“J’ai commencé à jouer pour continuer à le faire vivre”

La perte de Vadim marque un tournant. Dans la douleur, Niels Schneider trouve peu à peu une forme de salut dans l’art. Jouer devient pour lui une manière de maintenir vivant le souvenir de son frère disparu.
Dans une interview donnée à Vanity Fair en 2023, il confiait :

« J’ai porté les vêtements de mon frère, le parfum de mon frère, j’ai habité dans la chambre de mon frère. C’est vraiment quand il est mort que j’ai commencé à jouer pour continuer à le faire vivre. »

Cette phrase résume toute la trajectoire de l’acteur : un chemin artistique né d’une absence, un besoin viscéral de prolonger une présence qui ne s’éteint jamais.
Le cinéma devient alors un refuge, un exutoire, une manière d’apprivoiser l’indicible. En se glissant dans la peau d’autres personnages, Niels Schneider apprend à apprivoiser sa propre douleur, à transformer le manque en moteur créatif.

Le temps, un allié précieux mais imparfaitNiels Schneider : « Mes frères sont mes fondations »

Deux décennies plus tard, la cicatrice est toujours là. Dans Gala, Niels Schneider parle du temps non pas comme d’un remède miracle, mais comme d’un compagnon patient et bienveillant :

« Il y a des moments dans la vie où on n’a pas d’autres choix que de se dire qu’il faut du temps. Il fait du bien, permet d’avoir du recul, d’apprivoiser ses souffrances. Certaines restent. »

Ces mots simples traduisent une maturité émotionnelle rare. L’acteur ne cherche pas à travestir la douleur ni à la romantiser. Il la reconnaît, l’accueille, la porte — sans qu’elle l’empêche de vivre pleinement.

« Chacun porte des cicatrices qui ne sont jamais totalement fermées », poursuit-il. « On apprend à vivre avec et à pouvoir être heureux malgré leur existence. »

Ces confidences, empreintes de douceur et de lucidité, révèlent un homme apaisé, conscient que certaines blessures forgent notre humanité. Niels Schneider n’a jamais cherché à effacer le passé : il l’a intégré à son histoire, en a fait une part de lui-même.

Une carrière bâtie sur la sensibilité

Cette sensibilité, Niels Schneider la met aujourd’hui au service de son art. Depuis son César du meilleur espoir masculin en 2018 pour Le Temps d’aimer, il s’est imposé comme l’un des visages les plus singuliers du cinéma français.
Capable d’incarner aussi bien la fougue romantique que la fragilité silencieuse, il appartient à cette génération d’acteurs qui privilégient la vérité des émotions à la performance pure.
Chaque rôle semble porter en lui une part de l’histoire intime de Niels — comme si, à travers chaque personnage, Vadim continuait à respirer.

Et pourtant, malgré le poids de cette absence fondatrice, l’acteur n’a jamais sombré dans la mélancolie. Au contraire, son regard, souvent voilé de nostalgie, s’illumine désormais d’une sérénité nouvelle.

Un père comblé, un homme apaisé

Cette paix intérieure, Niels Schneider la doit sans doute à l’amour qu’il partage avec Virginie Efira. Leur rencontre en 2017, sur le tournage du film Un amour impossible, a marqué un tournant dans sa vie. L’actrice belge, elle aussi empreinte d’une grande sensibilité, est devenue sa compagne et sa partenaire de vie.
En août 2023, le couple a accueilli un petit garçon, prénommé Hiro — un prénom symbolique, porteur d’équilibre et de douceur.

Lors d’une interview accordée à Lou Média pendant la Fashion Week, Niels Schneider confiait avec tendresse :

« Je suis un papa totalement fou de mon fils. »

Cette paternité semble l’avoir transformé, lui offrant un nouvel ancrage et une perspective différente sur le monde. Là où jadis il portait le poids de l’absence, il porte aujourd’hui la promesse d’un avenir. L’amour, une fois encore, devient le fil conducteur de sa vie.

Le souvenir comme héritage

Niels Schneider : 22 ans après la mort tragique de son frère Vadim, l'acteur  se livre - Voici.fr

Chaque année, le 8 septembre, Niels Schneider rend hommage à Vadim sur les réseaux sociaux. Un message, une photo, parfois une simple phrase — toujours empreints d’une pudeur bouleversante.
Ce rituel, discret mais constant, témoigne d’un lien indestructible entre les deux frères. Vadim, à travers ces gestes, continue d’exister dans la mémoire collective, mais surtout dans le cœur de Niels.

L’acteur a souvent évoqué combien la mort de son frère avait façonné sa vision du monde, sa manière d’aimer, de jouer, d’être. Le deuil, loin de le briser, a nourri chez lui une profondeur et une empathie rares.
Sa carrière, son engagement, sa manière d’aborder la vie et la paternité — tout semble traversé par cette même quête : celle de faire de la douleur une lumière.


Aujourd’hui, Niels Schneider est un artiste accompli, un compagnon aimant et un père heureux. Derrière son regard intense, il y a toujours cette mélancolie douce, celle de ceux qui ont connu la perte trop tôt. Mais il y a aussi la gratitude — celle d’avoir su transformer la peine en art, le souvenir en force, l’absence en présence.

Parce qu’au fond, comme il le dit si bien,

« On apprend à vivre avec… et à être heureux malgré tout. »