Laeticia Hallyday : un dernier hommage touchant à Philippe Labro, en mémoire de Johnny

Ce 13 juin 2025, l’église Saint-Germain-des-Prés, en plein cœur de Paris, résonnait d’une solennité particulière. Le monde des médias, de la culture et de la musique s’était réuni pour rendre un dernier hommage à Philippe Labro, disparu le 4 juin à l’âge de 88 ans. Figure incontournable de la scène intellectuelle et médiatique française, Labro laisse derrière lui un héritage considérable : des livres, des chansons, des émissions, mais surtout, une empreinte de classe et d’élégance, comme l’a rappelé son ami Nagui : « Il était l’élégance, la classe, la musique, le cinéma, la radio, la télé. »

Parmi la foule d’amis venus lui dire adieu, une présence n’est pas passée inaperçue : celle de Laeticia Hallyday. Arrivée au bras de Jean-Claude Camus, fidèle ami et ancien producteur de Johnny, elle n’est pas venue les mains vides. Une gerbe de fleurs blanches, délicatement déposée au pied du cercueil, portait une simple mais bouleversante mention : « De la part de Johnny ».

Un symbole fort, lourd de sens pour tous ceux qui connaissent la relation étroite qu’entretenait Philippe Labro avec Johnny Hallyday. Plus qu’un collaborateur, Labro fut pendant plusieurs décennies un confident, un parolier de l’ombre, un homme de mots pour celui qui mettait ses émotions en musique. Dès les années 70, il écrit pour Johnny une trentaine de chansons, contribuant à façonner certaines de ses plus belles ballades. Leur complicité artistique dépassait les frontières du studio : elle était nourrie par une estime réciproque et une admiration sincère.

Ce n’est donc pas un hasard si Laeticia a tenu à rendre cet hommage. Au-delà de la tradition ou du protocole, c’est un geste de reconnaissance, mais aussi de réparation. Car entre Philippe Labro et la famille Hallyday, il y eut un moment d’égarement — une “boulette”, comme il l’avait lui-même appelée. Lors de l’hommage populaire rendu à Johnny en l’église de la Madeleine en décembre 2017, Labro, chargé de prononcer un discours, avait déclaré que le chanteur était père de deux enfants, David et Laura, omettant de mentionner Jade et Joy, les deux filles adoptées par Johnny et Laeticia.

Un oubli douloureux, survenu dans un contexte déjà tendu autour de la succession Hallyday, qui avait pu blesser Laeticia. Pourtant, Labro n’avait pas tardé à rectifier publiquement ses propos. Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), il avait présenté ses excuses avec sincérité : « J’ai commis une erreur en ne parlant des enfants de Johnny qu’à la fin ! ‘PÈRE par deux fois’. Erreur due à l’émotion d’un discours qui a cité ensuite Jade et Joy. Que l’on pardonne cette boulette qui n’a envers leur mère rien de méchant. Je les aime toutes deux et leur mère. »

Des mots justes, empreints d’humilité, qui n’étaient pas tombés dans l’oubli. Cette semaine, Laeticia Hallyday a donc tenu à se souvenir non de l’erreur, mais du geste de réparation. Car comme l’expliquait récemment Laura Smet à propos de Pascal Obispo, « il y a peu de gens autour de la famille Hallyday qui ont eu un comportement élégant ». Philippe Labro, lui, en faisait partie. Respectueux jusqu’au bout, fidèle à l’homme et à l’artiste qu’était Johnny, il a su maintenir un lien discret mais précieux avec ceux qui lui étaient chers.

Sa disparition marque la fin d’une époque. Celle des grandes figures de l’audiovisuel et de la chanson française qui mêlaient talent, discrétion et profondeur. Sa voix grave et posée, ses interviews marquantes, son écriture ciselée et ses réflexions toujours pertinentes manqueront à tous ceux qui l’ont lu, écouté ou vu à la télévision. Labro était de cette trempe d’hommes qu’on n’oublie pas, parce qu’ils ont su conjuguer l’art de dire avec celui de ressentir.

Ce 13 juin 2025, dans la lumière tamisée de Saint-Germain-des-Prés, au son discret de l’orgue et sous le regard ému de personnalités telles que Michel Drucker, Laurence Ferrari ou encore Laurent Delahousse, l’hommage à Philippe Labro s’est teinté d’un supplément d’âme. Et dans le silence solennel de l’église, la gerbe blanche signée de Johnny semblait dire tout ce que les mots ne peuvent parfois exprimer.

Un adieu digne, sobre et sincère, comme l’aurait voulu Philippe Labro.