Un dernier adieu à Philippe Labro, homme de lettres et d’ondes

Ce vendredi 13 juin 2025, sous le ciel parisien empreint de recueillement, une foule de personnalités du monde des médias, de la culture et de la musique s’est réunie en l’église Saint-Germain-des-Prés pour rendre un dernier hommage à Philippe Labro. Écrivain, journaliste, animateur, dirigeant emblématique de RTL, réalisateur et parolier, cet homme aux multiples talents s’est éteint le 4 juin dernier à l’âge de 88 ans, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans le paysage audiovisuel et littéraire français.

Un monument des médias vient de s’éclipser, avec l’élégance et la discrétion qui le caractérisaient. Parmi ceux venus saluer sa mémoire, nombreux étaient les proches, les amis, les collaborateurs et les admirateurs d’un homme dont la voix et la plume ont traversé des décennies d’histoire culturelle.

L’héritage d’un visionnaire

Né en 1936, Philippe Labro a traversé le XXe siècle et entamé le XXIe avec une curiosité insatiable et une passion pour la transmission. Reporter aux États-Unis dans sa jeunesse, romancier à succès, cinéaste audacieux, il a surtout marqué les esprits à la radio, notamment à RTL, dont il dirigea les programmes entre 1985 et 2000. Son ami de toujours, l’animateur Nagui, a salué sur RTL sa mémoire avec émotion, rappelant à quel point Labro avait influencé son parcours : « Il m’a tout apporté. Il m’a offert 20 ans de radio, mais surtout son amitié et sa fidélité. »

Après avoir accédé à la vice-présidence du Conseil d’administration de RTL en 2000, Labro avait, avec une modestie rare chez les grands hommes, accepté de revenir au micro, en tant qu’animateur. Entre 2011 et 2012, il partageait chaque dimanche « Mon RTL à moi », une émission personnelle et chaleureuse, reflet d’un homme amoureux des mots et des gens.

Un cortège de souvenirs

L’église Saint-Germain-des-Prés n’a jamais semblé aussi vivante dans sa solennité. On y a vu défiler les figures familières de RTL, celles qu’il avait côtoyées, formées ou inspirées : Pascal Praud, Jean-Jacques Bourdin, Laurent Delahousse, Laurence Ferrari, Michel Drucker… tous réunis pour saluer la mémoire d’un homme dont la bienveillance et l’intelligence ont marqué plusieurs générations de journalistes et d’animateurs.

Mais Philippe Labro n’était pas seulement un homme de radio. Il avait aussi conquis le petit écran et les plateaux de télévision. Ces dernières années, c’est sur iTélé puis sur C8 — avant la fermeture de cette dernière sur décision de l’Arcom — qu’il animait l’émission « L’Essentiel chez Labro ». Une émission sobre et profonde, à son image, où il aimait mettre en lumière l’essentiel, justement : les idées, les livres, les destins.

Parmi les visages venus lui dire adieu, ceux de la chaîne Canal+ étaient également présents : Sophie Davant, accompagnée de William Leymergie, ainsi que Caroline Ithurbide, chroniqueuse dans « William à midi », tous rassemblés autour d’un souvenir commun : celui d’un homme libre et élégant.

Homme de culture, homme de cœur

C’est tout naturellement que la ministre de la Culture, Rachida Dati, a tenu à être présente. Philippe Labro n’était pas seulement un journaliste ou un animateur, il était un homme de lettres, auteur de nombreux romans dont certains traduits à l’étranger, et académicien dans l’âme, même sans le titre.

Son attachement au verbe l’avait également mené vers la chanson. Il fut parolier, notamment pour Johnny Hallyday. C’est donc sans surprise que Laeticia Hallyday, veuve du rockeur, est apparue, accompagnée de Jean-Claude Camus, ancien producteur du chanteur. Didier Barbelivien, lui aussi homme de plume et de mélodie, était présent pour rendre hommage à ce compagnon de route artistique.

Enfin, Fabrice Luchini, immense récitant de la langue française, est venu lui aussi, saluer la mémoire d’un écrivain qu’il estimait, dans une église emplie de recueillement et de gratitude.

Un homme de son siècle

Philippe Labro laisse derrière lui une œuvre multiforme : des livres, des films, des émissions, des chansons, mais surtout une manière d’être. Celle d’un homme cultivé, curieux, discret et profondément humain. Il savait écouter, poser les bonnes questions, écrire avec justesse, parler avec finesse. Il appartenait à cette génération pour qui la culture était un engagement et la radio, un lieu de partage.

Son départ marque la fin d’une époque. Mais son œuvre, elle, continue de vivre. Et à l’heure où les voix fortes se font rares, la sienne résonnera encore longtemps dans les mémoires de ceux qu’il a touchés, émus, inspirés.

Ce 13 juin, la France a salué un grand homme. Un homme de mots, d’ondes et d’élégance. Philippe Labro.