Patrick Juvet : retour sur les derniers jours d’un artiste solitaire

Le 1er avril 2021, le corps de Patrick Juvet, icône de la musique des années 1970 et 1980, a été retrouvé dans son petit appartement en Espagne. Ce décès, survenu dans la solitude, a marqué la fin d’une vie oscillant entre éclats de gloire et repli sur soi. Avec la pandémie de Covid-19, la vie de l’artiste s’était encore plus restreinte, le privant de la scène qui lui était indispensable, de ces concerts qui représentaient pour lui un souffle vital et une échappatoire à ses tourments intérieurs.
Patrick Juvet avait toujours conservé ce côté « Peter Pan », refusant de se plier au tragique de l’existence. Les larmes n’étaient jamais très loin lorsqu’il évoquait ses émotions, mais il savait aussi faire miroiter son sourire, comme une boule à facettes illuminant ses proches et ses admirateurs. Pourtant, derrière cette légèreté, la vie avait été dure ces dernières années. La perte de sa mère, puis celle de la mère de son frère en 2019, l’avaient replongé dans ses addictions passées. S’il avait quitté les drogues, l’alcool restait un poison auquel il succombait facilement, autorisé par la société mais destructeur pour lui. À tel point qu’à un moment, la rumeur d’un suicide avait circulé, nourrie par sa solitude accentuée par la pandémie.
Malgré tout, il suffisait d’un rayon de soleil, d’un appel d’un ami ou d’un dîner programmé pour que Patrick retrouve ce sourire chaleureux qui reflétait sa grande gentillesse. Installé depuis une vingtaine d’années à Barcelone, il avait choisi cette ville pour le ciel bleu, et non pour des raisons fiscales. Ses journées se partageaient entre nuits blanches à regarder des films parfois jusqu’à dix heures d’affilée et musique en continu, une vie contemplative qu’il appréciait profondément. Loin des hommes et des femmes, sans animal de compagnie, il vivait en retrait, conservant l’intimité de sa bisexualité. Tous les soirs à 21 heures, il appelait sa mère, Jeanne, qui s’inquiétait pour lui et sa solitude.
Né en Suisse, Patrick s’était lancé dans le showbiz dès son plus jeune âge. Il fit un passage par le mannequinat, cherchant à exister et à se faire comprendre dans une famille où la communication avec son père se limitait au piano. La campagne et le cadre familial semblaient trop étroits pour lui, et il chercha à exprimer sa singularité à travers son style, sa musique et sa présence scénique. À Paris, en 1971, il rencontra Florence Abou Tier, attachée de presse de seize ans son aînée. Elle fut un pivot dans sa vie, le guidant et l’encourageant dans sa carrière. Claude François lui-même avait qualifié Patrick Juvet « d’homme parfait », saluant sa beauté et son charisme.

L’ascension musicale fut fulgurante : ses tubes s’enchaînent, un premier Olympia marque son succès, et il collabore avec des figures comme Jean-Michel Jarre. Mais l’amour ne fut pas toujours au rendez-vous. Une passion à sens unique pour Jean-Michel Jarre, puis la découverte de son couple avec Charlotte Rampling, le fit vaciller. Pour panser ses blessures, il fuit la France et explore la folie new-yorkaise de Studio 54. Là, il rencontre un succès international avec son tube Hi Lo Comerica, mais personnellement, il sombre dans l’alcool et les excès. Son combat contre ses dépendances fut long et difficile : il raconte avoir mis dix ans pour se stabiliser, après des rechutes violentes qui auraient pu le détruire.
Malgré ces épreuves, Patrick survécut à tout. Même un AVC lors de la tournée « Âge tendre et tête de bois » ne laissa aucune séquelle, renforçant sa gratitude envers une force protectrice invisible. Mais la vieillesse le frappait de plein fouet. La télévision, les photos, le regard sur son propre visage lui devenaient insupportables. Les interventions esthétiques, comme le lifting raté des lèvres, ajoutaient à sa peine, rendant la confrontation avec son image difficile.
Patrick Juvet avait conservé un sens aigu de l’autodérision et une lucidité impitoyable sur sa vie. Même si la scène ne l’appelait plus, même si ses nuits étaient désormais noires de solitude, il demeurait fidèle à lui-même, sans jamais céder aux illusions faciles. Ses derniers instants furent marqués par cette introspection et par une forme de tranquillité, malgré la solitude. Il n’avait laissé aucun testament, et sa vie privée est restée pour beaucoup un mystère.
Au fil des années, Patrick avait su mêler succès, créativité et humanité, mais aussi souffrance et isolement. L’homme derrière la voix et les paillettes était un funambule, oscillant entre lumière et obscurité, légèreté et gravité. Sa disparition en Espagne, loin des projecteurs, illustre ce paradoxe : un artiste célébré dans le monde entier, mais profondément seul dans ses derniers instants.
Aujourd’hui, Patrick Juvet est célébré pour son œuvre musicale, son talent et sa personnalité attachante, mais aussi pour sa sincérité et sa vulnérabilité. Sa vie rappelle que la gloire et le succès ne suffisent pas toujours à combler les blessures intimes. Et si ses derniers jours furent marqués par la solitude, son héritage artistique continue de briller, comme une boule à facettes éternelle, illuminant les souvenirs de ceux qui l’ont aimé et admiré.

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