Vanessa Paradis : confidences inédites sur une entrée dans la mode qui n’était “pas un rêve”

Invitée au micro de la radio Nostalgie, Vanessa Paradis a livré un témoignage rare, empreint d’une douceur nostalgique, sur un pan méconnu de sa carrière : son arrivée dans l’univers de la mode au début des années 1990. Une entrée presque fortuite dans un monde qu’elle n’avait jamais imaginé intégrer, et qui deviendra pourtant l’un des piliers de son image publique.

Aujourd’hui, la silhouette de Vanessa Paradis semble indissociable de l’élégance parisienne incarnée par la maison Chanel. On pourrait même croire que son destin était écrit d’avance : celui d’une artiste au charme singulier, naturellement faite pour devenir égérie de la plus mythique des maisons de couture françaises. Mais la réalité, telle que l’artiste la raconte, est toute autre.

Une jeune femme qui ne rêvait que de musique et de cinéma

À la fin des années 1980 et au début des années 1990, Vanessa Paradis est déjà une figure incontournable de la chanson française. À seulement 18 ans, elle vient de triompher avec Variations sur le même t’aime, l’album écrit et composé pour elle par Serge Gainsbourg. Portée par une maturité artistique étonnante pour son âge, elle poursuit en parallèle une carrière d’actrice qui attire l’attention de la critique comme du public.

La mode, en revanche, fait partie d’un univers qu’elle ne fréquente pas et auquel elle ne pense même pas appartenir. Avec son franc-parler et sa simplicité, elle confie volontiers à Nostalgie :
“Au début, ce n’était pas un rêve. J’étais à fond sur la musique et aussi sur le cinéma. La mode, je pensais que c’était un monde qui n’était pas pour moi. Et puis je n’y connaissais rien, j’étais en jean troué, avec des grands sweat-shirts.”

De cette époque, elle garde l’image d’une jeune femme libre, spontanée, éloignée des paillettes et du luxe. Rien ne la prédestinait, en apparence, à devenir un jour le visage d’un parfum iconique.

Le coup de téléphone qui a tout changé

C’est pourtant un appel inattendu qui va bouleverser son rapport à la mode. Alors qu’elle n’imagine absolument pas prêter son visage à une marque, la maison Chanel, fondée par Gabrielle Chanel, lui propose de devenir l’égérie de son parfum “Coco”. Une proposition que peu auraient la chance de recevoir – une proposition historique, presque sacrée, tant Chanel ne confie son image qu’à celles qu’elle considère comme de véritables incarnations de l’esprit de la maison.

Mais Vanessa Paradis, jeune et insouciante, ne mesure pas immédiatement la portée de cette invitation. Avec une sincérité teintée de recul, elle l’admet aujourd’hui :
“Je ne me rendais pas compte de ce que c’est de recevoir un coup de téléphone de la maison Chanel qui veut que vous représentiez leur parfum. Je n’ai compris la chance que j’avais qu’après coup.”

Ce moment marque un tournant décisif dans sa carrière. Une porte s’ouvre sur un monde dont elle ignore tout, mais dans lequel elle va, contre toute attente, trouver une place naturelle.

Une publicité devenue culte, née de l’imagination de Jean-Paul Goude

La suite appartient désormais à l’histoire de la mode. Pour cette première collaboration, Chanel fait appel à l’un des plus grands créateurs d’images : Jean-Paul Goude. L’artiste, reconnu pour son sens du spectaculaire et sa capacité à créer des symboles visuels inoubliables, imagine une mise en scène audacieuse. Vanessa Paradis y apparaît suspendue dans une cage dorée, telle un oiseau gracieux, sifflant un extrait du Concerto pour flûte et harpe de Mozart.

Cette publicité, diffusée en 1991, devient instantanément culte. Une image qui traverse les décennies, encore aujourd’hui associée à la naissance de la relation entre Vanessa Paradis et Chanel.

L’artiste se remémore cette expérience fondatrice avec un mélange de tendresse et de malice :
“C’était ludique, j’ai appris le trapèze pendant dix jours ! Et puis ils m’ont accrochée à vingt mètres du sol et j’ai fait ma cascade… C’était huit jours de tournage !”

Elle évoque également le gigantisme de la production, impressionnante pour une jeune femme de son âge.
“C’était une très grosse production, la première fois de ma vie que j’ai fait une manucure ! J’étais une petite princesse et ça m’a un peu plu, j’ai bien aimé.”

Par ce tournage spectaculaire, Vanessa Paradis découvre un monde où l’élégance se mêle à l’audace, où le luxe devient un jeu de création. Ce baptême du feu scelle le début d’une histoire d’amour artistique qui durera des décennies.

Une fidélité indéfectible à la maison Chanel

Loin d’être une collaboration unique, cette première campagne ouvre la voie à une relation longue et profonde entre la chanteuse et la maison de couture. Avec le temps, Vanessa Paradis devient l’un des visages les plus emblématiques de Chanel, incarnant à la fois son esprit, son style et son intemporalité.

Elle sera tour à tour l’égérie du parfum Coco Mademoiselle, muse de collections de haute couture et ambassadrice de créations emblématiques comme le sac Girl Chanel. Une fidélité rare, qui témoigne autant de son attachement à la maison que de la confiance que Chanel lui accorde.

Pour le public, Vanessa Paradis devient progressivement l’une des représentations les plus élégantes de l’âme de Chanel : une femme libre, artistique, mystérieuse et lumineuse. Pourtant, comme elle le rappelle, rien de tout cela n’était prévu.

De la simplicité d’une adolescente à l’élégance d’une icône

Son récit, livré avec une grande simplicité, illustre ce paradoxe charmant : celle qui est aujourd’hui perçue comme une figure incontournable du luxe n’a jamais rêvé de mode. Sa légende s’est construite presque malgré elle, avec une spontanéité qui fait partie de son charme.

Il y a une certaine poésie dans cette trajectoire : celle d’une jeune fille en jean troué qui devient, par un concours de circonstances, le symbole d’une élégance universelle. Et plus encore : celle d’une artiste qui, en restant fidèle à elle-même, a su inspirer les plus grands créateurs.

À travers ses confidences, Vanessa Paradis offre un regard tendre sur sa jeunesse, mais aussi une leçon précieuse : parfois, les plus beaux chemins sont ceux qu’on n’avait pas envisagés.