Quand Merouan Bounekraf se lâche : ses vérités cash sur Philippe Etchebest et François-Régis Gaudry

Dans le monde très codifié de la gastronomie française, rares sont ceux qui osent parler sans détour. Pourtant, Merouan Bounekraf, ancien candidat remarqué de Top Chef saison 10, n’a pas la langue dans sa poche. Invité du FoodCast du célèbre influenceur culinaire Alexis Thiebaut — alias Le Paris d’Alexis —, le jeune chef a livré une interview sans filtre, où il n’a épargné ni Philippe Etchebest, ni le critique gastronomique François-Régis Gaudry. Entre franchise désarmante et coups de griffe assumés, retour sur un échange qui a fait grand bruit dans le milieu de la gastronomie.

Un influenceur devenu incontournable dans le monde de la food

Avant d’aborder les propos de Merouan Bounekraf, il faut dire quelques mots sur celui qui l’a reçu. Alexis Thiebaut, plus connu sur Instagram sous le nom de Le Paris d’Alexis, s’est imposé comme une référence dans l’univers de la food à Paris. Chaque jour, il parcourt la capitale à la recherche de la meilleure viennoiserie, du croissant le plus beurré, du pain au raisin le plus fondant ou encore du restaurant le plus surprenant. Son objectif ? Dénicher les pépites culinaires, des plus grandes tables étoilées aux petites adresses cachées que seuls les initiés connaissent.

Mais Alexis ne se contente pas de publier des photos alléchantes. Il partage ses impressions sans filtre, quitte à froisser certaines figures bien établies du milieu. C’est sans doute ce ton libre et passionné qui attire les chefs, restaurateurs et artisans à son micro. Son FoodCast, où il reçoit « des figures de la Food », est rapidement devenu un rendez-vous incontournable pour ceux qui s’intéressent à la gastronomie contemporaine.

Merouan Bounekraf, l’ancien de Top Chef qui a trouvé sa voie

Parmi ses invités récents, Alexis a accueilli Merouan Bounekraf. Le grand public se souvient encore de ce candidat attachant et plein d’énergie lors de la saison 10 de Top Chef en 2019. À l’époque, Merouan faisait partie de la brigade de Jean-François Piège et avait séduit les téléspectateurs par son enthousiasme et sa créativité, avant d’être éliminé au neuvième épisode.

Depuis son passage dans l’émission, le jeune chef n’a pas chômé. Formé auprès d’un grand nom de la gastronomie française, Éric Fréchon, il a multiplié les projets, aussi bien en cuisine qu’à la télévision. Son tempérament jovial et sa spontanéité l’ont mené à coanimer plusieurs programmes sur M6, notamment Le Meilleur Pâtissier : gâteaux sur commande aux côtés de Julia Vignali. En 2021, il a rejoint le jury de Mon gâteau est le meilleur de France, avec Cyril Lignac, Luana Belmondo, Pépée Le Mat et Louise Petitrenaud. L’année suivante, on le retrouve dans La Meilleure Boulangerie de France, une émission qui colle parfaitement à son amour pour les produits simples et gourmands.

En parallèle, Merouan Bounekraf a réalisé un rêve : ouvrir ses propres établissements. Sa boulangerie-pâtisserie Panade, inaugurée fin 2021 dans le 15e arrondissement de Paris, est devenue en peu de temps une adresse prisée des amateurs de bon pain et de douceurs réconfortantes. Plus récemment, il a lancé Terre Terre, un restaurant où il propose une cuisine sincère, généreuse, ancrée dans les produits du terroir.

Quand Merouan s’attaque à Philippe Etchebest

C’est donc fort de cette expérience que Merouan Bounekraf s’est prêté au jeu des questions d’Alexis Thiebaut. Et quand le nom de Philippe Etchebest est venu sur la table, le ton s’est immédiatement durci. Interrogé sur ce qu’il pensait du chef bordelais, doublement étoilé et figure emblématique de Top Chef, Merouan n’a pas mâché ses mots.

« Je n’ai rien contre lui. Mais je sais pas, il y a deux, trois semaines, on est parti manger dans sa brasserie à Bordeaux, et c’était d’une éclatitude, mais d’une éclatitude… », a-t-il lâché, une main sur les yeux, visiblement consterné par son expérience. Avant d’enfoncer le clou : « Un paillasson avec marqué “bienvenue” et des sabots sales, c’est plus appétissant que ce qu’on a mangé. »

Face à ce jugement sévère, Alexis Thiebaut a tenté de temporiser, rappelant qu’Etchebest venait tout juste de décrocher une deuxième étoile. Mais Merouan a immédiatement précisé sa pensée : « Je parle de la brasserie, pas du restaurant étoilé. Pas d’âme, pas de personnalité, classique, avec la bouteille d’eau que t’as partout. Voilà, c’est pour faire de l’argent. »

Et de conclure, visiblement déçu : « Les trucs qui sont juste pour faire de l’argent, sans passion, sans personnalité, sans âme derrière, ça ne me plaît pas. »

Ces propos, prononcés sans animosité mais avec une sincérité brutale, ont fait réagir le public. Certains ont salué son courage, d’autres ont jugé la sortie trop violente à l’égard d’un chef aussi respecté qu’Etchebest. Mais une chose est sûre : Merouan a dit tout haut ce que certains pensent tout bas sur certaines « brasseries de chefs » devenues des machines à profit.

François-Régis Gaudry dans la ligne de mire

Philippe Etchebest n’est pas le seul à avoir essuyé les critiques de Merouan Bounekraf. Dans la suite de l’entretien, le chef de Panade s’est exprimé sur François-Régis Gaudry, le journaliste et critique culinaire de France Inter, connu pour son émission On va déguster. Et là encore, il n’a pas pris de gants.

S’il reconnaît volontiers que le critique « connaît son sujet par cœur », Merouan ne cache pas son antipathie : « Je le déteste. » Puis, dans un rire mi-nerveux, mi-provocateur, il ajoute : « Je le trouve fourbe… Je ne lui donnerais pas ma carte bleue. »

Une déclaration choc, qui illustre bien le caractère entier du cuisinier. Merouan Bounekraf appartient à cette génération de chefs qui refusent la langue de bois et qui n’hésitent pas à remettre en question les figures d’autorité du monde culinaire.

Un franc-parler qui divise mais qui séduit

Si ces propos peuvent sembler durs, ils reflètent avant tout une exigence : celle d’une cuisine sincère, animée par la passion plutôt que par le marketing. Pour Merouan Bounekraf, la gastronomie ne doit pas se transformer en produit de consommation formaté, déconnecté de l’émotion et du plaisir.

Ce franc-parler lui vaut parfois des critiques, mais aussi une grande sympathie du public, qui voit en lui un chef authentique, proche des gens, fidèle à ses valeurs. Dans un milieu souvent corseté par les conventions, sa parole libre agit comme un électrochoc salutaire.

Entre sincérité et provocation

Au fond, ce qui transparaît dans cette interview, c’est la passion d’un homme pour son métier. Merouan Bounekraf ne cherche pas à faire le buzz, mais à défendre une idée de la cuisine : celle du cœur, de la générosité, de la personnalité. Ses mots peuvent heurter, mais ils traduisent aussi une frustration — celle de voir certains grands noms perdre le lien avec ce qui fait la beauté du métier.

Et si sa verve en a surpris plus d’un, elle aura eu le mérite de relancer le débat : qu’attend-on vraiment d’un chef aujourd’hui ? De l’excellence technique ? Du prestige ? Ou de la sincérité dans l’assiette ?

Dans un univers où beaucoup préfèrent ménager les egos, Merouan Bounekraf, lui, a choisi son camp : celui de la vérité, même quand elle dérange. Et c’est peut-être ce qui fait de lui, au-delà des caméras et des polémiques, l’un des visages les plus sincères de la gastronomie française d’aujourd’hui.