Zelda Williams, fille de Robin Williams, supplie les fans d’arrêter de recréer son père grâce à l’intelligence artificielleMort de Robin Williams, une légende du cinéma américain

Dix ans après la disparition tragique de Robin Williams, sa fille Zelda Williams a une nouvelle fois pris la parole pour dénoncer une dérive inquiétante de la technologie moderne : l’utilisation de l’intelligence artificielle pour recréer la voix et l’image de son père. Lassée et profondément peinée, la comédienne de 36 ans a adressé un message ferme à ceux qui lui envoient ces vidéos : « Arrêtez. Ce n’est pas ce qu’il voudrait. »

Une légende du cinéma toujours vivante dans le cœur du public

Robin Williams demeure, pour beaucoup, une figure inoubliable du cinéma américain. De Mrs Doubtfire au Cercle des poètes disparus, en passant par Good Morning, Vietnam ou Will Hunting, il a marqué des générations entières par sa sensibilité, son humour et son humanité. Mais derrière ce sourire légendaire se cachait une profonde souffrance.

En 2014, l’acteur s’est donné la mort à l’âge de 63 ans, laissant le monde du cinéma et des millions de fans dans une immense tristesse. On pensait alors qu’il souffrait de la maladie de Parkinson, un diagnostic erroné qui ne sera corrigé qu’après son autopsie. Les médecins ont finalement découvert qu’il était atteint d’une démence à corps de Lewy, une maladie neurodégénérative incurable provoquant hallucinations, perte de motricité et troubles cognitifs.

Pour ses trois enfants – Zachary, Zelda et Cody – la disparition de leur père a été un choc immense. Mais ce deuil, déjà difficile, s’est trouvé ravivé au fil des années par la résurgence numérique de Robin Williams à travers des vidéos générées par IA.

« Ce n’est pas théorique, c’est bien réel »

Ce n’est pas la première fois que Zelda Williams alerte sur les dérives de l’intelligence artificielle. En 2023, lors de la grande grève des acteurs et scénaristes à Hollywood, elle s’était déjà insurgée contre l’usage de cette technologie dans le monde du divertissement. Sur Instagram, elle avait dénoncé avec émotion la manière dont certaines entreprises ou particuliers cherchaient à « recréer » des acteurs décédés sans leur consentement.

« J’ai constaté pendant des ANNÉES combien de personnes veulent former ces modèles pour créer ou recréer des acteurs qui ne peuvent pas consentir, comme papa. Ce n’est pas théorique, c’est bien réel », écrivait-elle.

Elle expliquait avoir déjà entendu des exemples où l’IA imitait la voix de son père pour lui faire dire des choses qu’il n’aurait jamais dites. « Même si je trouve cela personnellement perturbant, les conséquences vont bien au-delà de mes propres sentiments », ajoutait-elle.

Pour la jeune femme, ces reconstitutions ne sont pas de simples hommages numériques, mais de véritables atteintes à la mémoire et à la dignité des artistes. Elle les qualifiait de « monstres frankensteiniens », des créations artificielles assemblées à partir de fragments déshumanisés, qui trahissent plus qu’elles ne célèbrent.

Une technologie sans limites, mais sans éthique ?

Depuis 2023, l’intelligence artificielle a connu un essor fulgurant. Des outils accessibles à tous permettent désormais de générer des images, des vidéos et même des voix réalistes en quelques secondes. Des plateformes comme « Grok », l’IA du réseau social d’Elon Musk, démocratisent encore davantage ces pratiques.

Mais cette démocratisation s’accompagne de dérives préoccupantes. Les IA génératives, capables de reproduire à la perfection la voix et les traits d’une célébrité, brouillent la frontière entre hommage et usurpation. Certaines vidéos circulant sur les réseaux montrent ainsi Robin Williams « jouant » dans des scènes inédites ou récitant des textes qu’il n’a jamais écrits.

Si certains fans y voient une manière de faire revivre un artiste adoré, pour Zelda Williams, ces expériences sont douloureuses et irrespectueuses. Elles exploitent la mémoire d’un homme qui ne peut plus donner son accord, et ravivent le chagrin de ceux qui l’ont connu.

« Arrêtez de lui faire ça »Robin Williams : sa femme revient sur les causes de sa mort

Le 7 octobre dernier, Zelda a de nouveau pris la parole sur Instagram pour exprimer son exaspération. Dans une story adressée à ses abonnés, elle a écrit :

« S’il vous plaît, arrêtez de m’envoyer des vidéos de papa en IA. Arrêtez de croire que je veux les voir ou que je comprendrais, je ne comprends pas et je ne comprendrais pas. Si vous essayez juste de me troller, j’ai vu bien pire, je vais bloquer et passer à autre chose. Mais s’il vous plaît, si vous avez un minimum de décence, arrêtez de lui faire ça, à moi et à tout le monde, point final. C’est stupide, c’est une perte de temps et d’énergie et croyez-moi, ce n’est PAS ce qu’il voudrait. »

Ce cri du cœur souligne à quel point la frontière entre hommage et violation de la mémoire devient floue à l’ère de l’intelligence artificielle. Pour Zelda Williams, ces vidéos n’ont rien de réconfortant : elles ne sont que des copies froides, dénuées de l’âme, de la spontanéité et de la tendresse qui faisaient la singularité de son père.

Une question de consentement et de respect

Le message de Zelda va bien au-delà de sa propre expérience : il soulève une question éthique majeure. Qui a le droit d’utiliser l’image ou la voix d’un artiste disparu ? À partir de quand un hommage devient-il une exploitation ?

Hollywood commence à peine à se pencher sur ces enjeux. La grève historique de 2023 avait notamment pour objectif de protéger les acteurs contre la reproduction de leur image sans leur accord. Mais le vide juridique autour des personnes décédées reste considérable.

Dans le cas de Robin Williams, la question du consentement est d’autant plus sensible qu’il avait lui-même exprimé, de son vivant, sa méfiance à l’égard de la technologie et de l’exploitation posthume de son image. Recréer son visage ou sa voix à des fins de divertissement semble donc aller à l’encontre de ses convictions.Robin Williams s'est ôté la vie il y a dix ans... et son testament a  provoqué une impitoyable et longue guerre d'héritage

Une mémoire à préserver

Robin Williams était bien plus qu’un acteur comique. Il incarnait la générosité, la créativité et la profondeur humaine. Ses personnages, qu’ils soient drôles, tristes ou poétiques, parlaient de la fragilité de l’existence, de la beauté du lien humain, de la force de la différence.

C’est précisément cette humanité que Zelda Williams cherche à protéger. En refusant ces imitations artificielles, elle ne rejette pas l’amour du public pour son père — elle réclame simplement que cet amour s’exprime avec respect.

L’intelligence artificielle offre des possibilités fascinantes, mais elle rappelle aussi combien la frontière entre hommage et profanation peut être ténue. Certaines émotions ne se codent pas, certains souvenirs ne se recréent pas.

Zelda Williams, à travers sa colère, défend un principe simple : la dignité des morts et la sensibilité des vivants. Derrière les prouesses technologiques, elle rappelle une vérité essentielle — qu’aucune IA, aussi sophistiquée soit-elle, ne pourra jamais remplacer la chaleur d’un être humain.