Nouvel épisode dans l’affaire Farran–Hallyday : la faillite personnelle qui rebattait les cartes

L’affaire opposant Laeticia Hallyday à l’ancien manager de Johnny, Sébastien Farran, connaît un nouveau rebondissement majeur : l’homme, figure clé de la dernière décennie professionnelle du rocker, vient d’être placé en faillite personnelle pour une durée de cinq ans. Une décision lourde de conséquences, qui s’ajoute à une bataille judiciaire déjà complexe et qui semblait inconcevable il y a encore quelques années, tant les deux protagonistes étaient proches.

Sébastien Farran : en guerre avec Laeticia Hallyday, l'ancien manager de Johnny  Hallyday placé en faillite personnelle - Public

Une relation née dans l’ombre du Taulier

Pendant des années, tout prédestinait Laeticia Hallyday et Sébastien Farran à une collaboration durable. Depuis 2012, Farran avait intégré l’univers de Johnny en devenant son manager, supervisant albums, tournées et projets ambitieux, jusque sur la scène internationale. Sous sa gestion, quatre albums voient le jour, des concerts triomphent, et Johnny retrouve la route américaine. Il participe également à l’aventure des Vieilles Canailles, réunissant Eddy Mitchell et Jacques Dutronc aux côtés du Taulier.

La mort de Johnny en décembre 2017 bouleverse profondément ce duo professionnel et amical. Tous deux se retrouvent unis par la douleur et par l’héritage artistique colossal laissé par le chanteur. Leur proximité alimente même, à tort, certaines rumeurs de relation amoureuse — des spéculations infondées mais révélatrices du lien particulier qu’ils entretenaient.

Farran, fidèle à une promesse faite au chanteur, continue alors d’accompagner Laeticia dans la gestion de l’œuvre de Johnny. Ils semblent inséparables, soudés par huit années d’un travail commun intense et par les responsabilités qui leur incombaient désormais.

Le communiqué qui a tout changé

C’est donc avec stupeur que le 10 septembre 2019, Sébastien Farran annonce soudainement la fin de sa collaboration avec Laeticia Hallyday. Dans un communiqué transmis à l’AFP, il écrit :

« J’ai passé les huit plus belles années de ma vie professionnelle en compagnie de Johnny et Laeticia Hallyday (…) Je souhaite à Laeticia d’entretenir avec succès ce que Johnny a construit au long de son immense carrière. »

À l’époque, personne n’imagine que ces mots marquent le début d’une rupture profonde et d’une longue bataille judiciaire. Ce qui semblait n’être qu’une séparation professionnelle polie se transforme, au fil des mois, en conflit ouvert.

D’où vient la guerre judiciaire ?

Pour comprendre le litige, il faut remonter à 2012. À cette date, Farran gère la carrière de Johnny via sa société Lickshot. En 2013, Johnny crée Bornrocker, une société destinée à centraliser ses droits musicaux et qui commence à travailler étroitement avec Lickshot.

En 2017, Farran fonde une nouvelle structure : Rush Management. Le contrat de gestion de la carrière du chanteur y est transféré.

Après la mort de Johnny, Bornrocker—désormais dirigée par Laeticia et ses filles Jade et Joy—devient donc l’interlocuteur direct de Rush Management. Mais rapidement, de premières tensions apparaissent. Rush Management réclame le paiement de factures impayées, lançant une procédure judiciaire. Le tribunal donne dans un premier temps raison à Farran : Bornrocker est condamnée à verser environ 209 000 euros.

La situation bascule en appel. Les magistrats estiment que le contrat a pris fin avec la mort du chanteur, et qu’aucune somme n’était due après 2017. Un retournement majeur qui ouvre la porte à une nouvelle série de contestations.

La clause qui fait tout basculer

Photo : Sébastien Farran lors d'une photo à l'hôtel à Paris, France, le 22  avril 2024. Photo par Khanh Renaud/ABACAPRESS.COM - Purepeople

Le cœur de l’affaire repose sur une clause spécifique du contrat entre Johnny Hallyday et Rush Management : même après la fin du contrat, certaines rémunérations devaient continuer d’être versées pendant deux ans. Les années 2018 et 2019 deviennent alors centrales dans le conflit.

Selon L’Informé, Bornrocker accuse Rush Management d’avoir perçu trop d’argent. Farran, lui, soutient l’inverse : selon lui, la société n’a pas reçu toutes les sommes contractuellement prévues. Une divergence profonde qui mène l’ancien manager à se pourvoir en cassation.

Mais le 13 novembre 2024, sa demande est rejetée. Pour autant, la question des montants réellement dus ou non reste juridiquement ouverte.

Farran affirme notamment ne pas avoir obtenu certains documents comptables essentiels, qu’il avait pourtant réclamés à Bornrocker. Dans L’Informé, il déclare vouloir obtenir ces documents pour que Rush Management soit « payée pour son travail ».

Une faillite personnelle qui change la donne

Alors que les procédures continuent, un événement majeur vient fragiliser davantage la position de Sébastien Farran. Le 11 juin 2024, le tribunal de commerce de Paris prononce contre lui une faillite personnelle de cinq ans.

Concrètement, cette sanction l’empêche de diriger, représenter ou contrôler une société jusqu’en 2029. Un coup dur pour celui qui se trouve pourtant au centre du litige opposant Rush Management à Bornrocker.

Cette faillite découle de la liquidation de sa première entreprise, Lickshot, dont le passif excédait 1,5 million d’euros. Le tribunal reproche également à Farran d’avoir cédé le contrat de gestion de Johnny à un prix jugé trop bas—1,05 million d’euros, alors que sa valeur aurait été bien plus élevée. Farran affirme ne pas avoir été informé de la décision à temps et assure avoir fait appel.

Un feuilleton loin d’être terminé

Loin de s’apaiser, le conflit semble au contraire gagner en complexité. Entre la bataille judiciaire sur les montants dus, les documents contestés et maintenant la faillite personnelle de Farran, l’affaire prend des allures d’imbroglio juridique où chaque décision relance la précédente.

Ce qui est certain, c’est que la relation autrefois chaleureuse entre Laeticia Hallyday et Sébastien Farran est aujourd’hui totalement rompue. Les deux anciens alliés se retrouvent désormais face à face dans une confrontation où se mêlent enjeux financiers, fidélité disputée et héritage artistique.

Alors que l’œuvre de Johnny continue de fasciner et de susciter l’intérêt du public, les coulisses de sa gestion posthume restent, elles, le théâtre de tensions et de revers inattendus. Et la faillite personnelle de Sébastien Farran pourrait bien n’être qu’un chapitre supplémentaire dans un feuilleton qui semble loin d’avoir livré son épilogue.