Télé-réalité et cyberharcèlement : l’alerte d’Endemol face à une dérive inquiétanteSecret Story", "Star Academy",… : les productions obligées de prendre des mesures  d'urgence face au harcèlement des candidats - Public

Alors que Secret Story 2025 bat son plein sur TFX, captant l’attention d’un large public, notamment les plus jeunes, un phénomène beaucoup plus sombre prend de l’ampleur dans l’ombre du succès médiatique : le cyberharcèlement. Jean-Louis Blot, président d’Endemol, la société qui produit plusieurs grandes émissions de télé-réalité comme Secret Story et Star Academy, tire la sonnette d’alarme. Selon lui, la haine en ligne envers les candidats est devenue un problème majeur, difficile à endiguer malgré les mesures mises en place.

Une haine numérique grandissante

Dans une interview récente, Jean-Louis Blot a dénoncé l’augmentation alarmante des messages de haine, des insultes et des menaces visant les participants des programmes de télé-réalité. Le phénomène ne se limite pas à un seul programme : Secret Story, Star Academy et d’autres productions d’Endemol sont tous touchés par cette vague de violence numérique. Ce qui inquiète le plus, c’est la fréquence à laquelle ces attaques surviennent, souvent de la part de personnes qui n’ont même pas suivi les émissions.

« Cette haine en ligne a pris des proportions inédites », confie Blot. « Elle est arrivée récemment, mais elle s’est fortement intensifiée ces dernières saisons. » Ce climat toxique nuit non seulement à l’expérience des candidats, mais aussi à leurs proches, qui deviennent parfois eux-mêmes des cibles sur les réseaux sociaux.Exclu Public : Secret Story, des anonymes ou rien - Public

Des mesures concrètes mais insuffisantes

Face à cette situation, Endemol a mis en place une série de mesures pour protéger les candidats et leurs familles. Chaque commentaire haineux publié en ligne est systématiquement supprimé, et les signalements sont transmis à Pharos, la plateforme gouvernementale de signalement des contenus illicites. Un accompagnement psychologique est également proposé aux proches des participants, parfois submergés par la violence des propos tenus en ligne.

Les candidats bénéficient eux aussi d’un suivi psychologique, avant, pendant et après leur passage à l’écran. Pourtant, nombre d’entre eux restent profondément marqués à leur sortie. Certains découvrent des milliers de messages agressifs à leur encontre, parfois d’une brutalité extrême.

Mais malgré tous ces efforts, Jean-Louis Blot déplore un manque de réactivité des plateformes sociales et des autorités. « Les signalements restent souvent sans suite, alors que les émissions suscitent chaque jour des centaines de milliers de réactions. » Le président d’Endemol appelle ainsi à une meilleure coopération avec les plateformes et à un renforcement des lois pour lutter efficacement contre le cyberharcèlement.Emma (Star Academy) déjà cyber-harcelée ? "Je n'ai pas refait mes lèvres" -  Public

Une intervention inédite dans la Maison des Secrets

La gravité du problème a conduit la production de Secret Story à prendre une décision exceptionnelle cette saison. Après des accusations de harcèlement moral visant deux candidates, la productrice Valérie Jaunard est intervenue directement dans la Maison des Secrets. Tous les candidats ont été convoqués afin de rappeler les valeurs fondamentales du programme : le respect, la bienveillance et une compétition saine.

Cette séquence a été diffusée à l’écran, un choix assumé par Jean-Louis Blot au nom de la transparence. « Nous aurions pu agir en coulisses, mais il fallait montrer que nous prenons ce genre de comportement au sérieux. La Maison n’avait pas une ambiance très saine, il était nécessaire d’intervenir », explique-t-il. Ce rappel à l’ordre se veut un signal fort envoyé aux candidats, mais aussi au public.

Le cyberharcèlement, un fléau généralisé

Si la télé-réalité est particulièrement touchée, le président d’Endemol rappelle que ce phénomène dépasse largement le cadre de ses émissions. Artistes, personnalités politiques, sportifs : nul n’est aujourd’hui à l’abri de la haine en ligne. « Il n’est pas normal qu’on puisse tenir de tels propos en toute impunité », insiste-t-il.

Pour illustrer l’ampleur du mal, Blot cite le témoignage bouleversant de Marianne, une ancienne candidate de Secret Story. Dans une interview accordée à Jeremstar, la jeune femme a confié avoir été victime de harcèlement massif après sa sortie de l’émission. Fragilisée, elle a dû être hospitalisée et placée en maison de repos. Elle a évoqué publiquement ses pensées suicidaires, soulignant à quel point la violence numérique peut avoir des conséquences dramatiques.Ebony (Star Academy) s'adresse directement à ceux qui la détestent - Public

Vers un changement de paradigme ?

Face à cette réalité glaçante, Jean-Louis Blot appelle à une prise de conscience collective. Si les productions doivent continuer à agir en amont pour préparer les candidats, il est impératif que les plateformes de réseaux sociaux et les pouvoirs publics prennent également leurs responsabilités. Le cyberharcèlement n’est pas une simple dérive du numérique : c’est une violence réelle, qui détruit des vies.

La télé-réalité, souvent accusée de promouvoir des comportements toxiques, semble ici tenter un virage vers plus d’éthique et de responsabilité. Reste à savoir si cette volonté sera suivie d’actions concrètes, et si l’ensemble de l’écosystème numérique – producteurs, plateformes, institutions, mais aussi internautes – acceptera de jouer sa part pour faire reculer ce fléau.

En attendant, les mots de Jean-Louis Blot résonnent comme un avertissement : « Le cyberharcèlement est en train de devenir un problème de société majeur. Il est temps d’agir. »