Renaud : un demi-siècle de carrière, une voix en reconstruction et un combat gagné contre l’alcool

Dimanche 16 décembre 2025, Renaud était l’invité du 20 heures de TF1. Une apparition rare, presque solennelle, à l’occasion d’une date qui compte : les 50 ans d’une carrière hors norme. Cinq décennies d’insolence poétique, de chansons tendres et de coups de gueule engagés. Cinq décennies au cours desquelles l’artiste, devenu figure incontournable de la chanson française, aura tout donné — y compris parfois un peu trop. Mais en ce soir de décembre, c’est un Renaud apaisé, lucide, et profondément touchant que le public a retrouvé.

Pour raconter cet anniversaire peu ordinaire, TF1 a recueilli les confidences de l’artiste et de son entourage. Parmi eux, sa fille, Lolita Séchan, qui, avec une affection pudique, résume celui qu’elle connaît mieux que quiconque :
« Je trouve qu’il n’a pas changé dans ses valeurs et ses combats. Mais il a changé comme tout le monde. »
Un regard tendre, lucide, qui dit tout de la trajectoire de l’auteur de Mistral gagnant, cet éternel entre-deux fait d’enfance immuable et d’épreuves très adultes.

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« Votre voix a changé » : Renaud face à son instrument le plus fragile

Lorsque le journaliste lui fait remarquer que sa voix n’est plus tout à fait celle qui a bercé plusieurs générations, Renaud ne se cache pas. Il reconnaît la métamorphose sans détour :
« Oui, mais pas en bien. »

Loin de se résigner, il explique qu’il travaille aujourd’hui avec un kinésithérapeute et un professeur de chant pour réapprendre à poser sa voix. Pendant longtemps, il chantait « avec la gorge », poussant son instrument jusqu’à l’extrême. Désormais, il apprend à chanter « avec le ventre », un travail patient, presque artisanal, qui témoigne de sa volonté de persévérer dans ce qui a toujours été sa raison de vivre : la chanson.

Malgré cette fragilité vocale, l’essence de Renaud demeure intacte. Celui qui a grandi entre la tendresse et la révolte continue de vouloir offrir des morceaux qui « caressent » tout autant qu’ils « bousculent ».
« Je veux que mes chansons soient des caresses et des poings dans la gueule », affirme-t-il avec une force qui rappelle le jeune chanteur énervé des débuts.


Un artiste humble face à ses succès

Avec le recul, Renaud observe son parcours d’un œil humble, presque incrédule. Quand TF1 évoque Mistral gagnant, souvent désignée comme la chanson préférée des Français, il se souvient de la manière presque mystique dont elle est née :
« Il y a certaines chansons, ce n’est pas moi qui les ai écrites. Ma main a été guidée. Quand j’ai écrit Mistral gagnant, je ne savais pas que cela deviendrait la chanson préférée des Français. »

Ces mots, loin de toute grandiloquence, traduisent la simplicité d’un artiste qui n’a jamais couru après la gloire, mais qui en a hérité malgré lui. Renaud, finalement, est l’un de ces auteurs dont certaines créations semblent échapper à leur propre volonté, comme si elles appartenaient déjà à la mémoire collective avant même d’être chantées.

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Quatre ans de sobriété : un combat victorieux, mais pas le plus difficile

À l’occasion de ce demi-siècle de carrière, l’artiste publie un ouvrage intime, co-créé avec sa fille. Un livre qui retrace son parcours, ses douleurs, ses renaissances. Et parmi ces pages, son combat contre l’alcool occupe une place essentielle. Sur TF1, il a confirmé avec une fierté assumée :
« Cela fait quatre ans que je n’ai pas bu une goutte d’alcool. »

Quatre années de sobriété complète, après une lutte longue et éprouvante. Pourtant, contre toute attente, ce n’est pas l’alcool qui lui a causé le plus de mal.
« Cela a été un combat difficile, mais beaucoup moins difficile que d’arrêter de fumer », confie-t-il, révélant que l’addiction au tabac, souvent sous-estimée, fut pour lui bien plus coriace.

Cette sincérité brutale, Renaud l’a toujours portée comme un étendard. Parler de ses faiblesses n’a jamais entamé sa force. Au contraire, cela le rend plus proche encore de ceux qui l’écoutent depuis des décennies.


Le regard des autres et la reconstruction

Le poids du regard du public, Renaud ne le nie pas. Il sait que certaines personnes continuent de le juger, parfois durement.
« Même si certaines personnes continuent à me traiter de pochtron, je suis assez fier d’avoir arrêté de boire, d’avoir arrêté de me détruire. »

Cette phrase résume une vérité plus intime : derrière le chanteur, il y a un homme qui s’est longtemps senti cabossé, parfois incompris, souvent vulnérable. Mais aujourd’hui, il avance, soutenu par ceux qui comptent vraiment, à commencer par sa fille.
C’est d’ailleurs grâce à elle, confie-t-il, qu’il a trouvé la force de se relever. Lolita, qui l’accompagne dans son livre, incarne ce lien indestructible qui l’a toujours ramené à la réalité quand tout semblait vaciller.

Et lorsque le journaliste lui demande s’il va mieux, Renaud répond sans hésitation, presque avec un sourire :
« Oui ! »

Un « oui » qui résonne comme une victoire personnelle, mais aussi comme une consolation pour des millions de fans qui l’ont soutenu durant ses traversées du désert.

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Un chanteur apaisé, mais toujours debout

À 73 ans, Renaud ne cherche plus à jouer les héros ni à masquer ses cicatrices. Il se présente tel qu’il est : fragile et fort, écorché mais debout, plus sage mais toujours révolté. Ce mélange, rare et précieux, continue de nourrir une œuvre qui traverse les générations.

Son passage sur TF1 n’était pas un simple entretien promotionnel. C’était un moment de vérité, presque une confession publique. La célébration d’un artiste qui regarde derrière lui sans amertume, et devant lui avec une forme de sérénité retrouvée.

En fêtant ses 50 ans de carrière, Renaud n’a pas seulement célébré son parcours musical. Il a célébré sa vie entière — les succès, les failles, les combats, les renaissances. Et surtout, il a rappelé que derrière sa voix abîmée et ses mots parfois tremblants, demeure une flamme qui, elle, n’a jamais vacillé.