Patrick Sébastien déprogrammé du festival “Humour et danse” : entre polémique, logistique et malaise

Roquebrune-Cap-Martin – Patrick Sébastien ne foulera finalement pas la scène du Festival de théâtre “Humour et danse”, prévu le 8 août dans la commune des Alpes-Maritimes. Une annulation qui fait grand bruit, non seulement pour le poids médiatique de l’artiste, mais surtout pour le contexte particulier dans lequel elle intervient. Entre justification logistique, agitation médiatique et une vidéo controversée, l’affaire prend des allures de feuilleton de l’été.

Un retrait soudain de l’affiche

Initialement annoncé comme tête d’affiche de cette 50e édition du festival, Patrick Sébastien ne figure plus sur le programme officiel. Une déprogrammation remarquée par Nice-Matin, qui a soulevé de nombreuses interrogations. Et pour cause : elle survient à peine deux semaines après la diffusion d’une vidéo polémique dans laquelle on voit l’ex-animateur de France 2 sur scène dans un camping naturiste au Cap d’Agde, dans l’Hérault, dans une situation plus que délicate.

Une scène dérangeante filmée en public

Dans cette vidéo, relayée par Médiapart, on aperçoit Patrick Sébastien recevant ce qui semble être une fellation de la part d’une femme, alors qu’il se produit devant une foule de 2.000 personnes. L’acte, réel ou mimé – la distinction demeure floue – s’est déroulé en présence de plusieurs familles et enfants, selon BFMTV, qui indique qu’au moins 24 enfants auraient assisté à la scène.

Le choc provoqué par cette vidéo a rapidement fait le tour des réseaux sociaux, déclenchant une vague d’indignation. Pourtant, aucune plainte n’a été déposée à ce jour, comme l’a confirmé le parquet de Béziers sollicité par BFMTV. De son côté, la direction du camping a exprimé sa “désapprobation”, tout en refusant de porter plainte afin de ne pas “alimenter la polémique”.

Un acte “non souhaité”, selon la défense

Face à l’ampleur prise par cette affaire, l’avocat de Patrick Sébastien a tenté de calmer les esprits. Selon lui, l’intervention de la spectatrice était totalement imprévue : “Il s’agissait d’un acte mimé, ni prévu ni souhaité par M. Patrick Sébastien, qui a été vivement surpris par le comportement de cette femme et n’a pas manqué d’y mettre fin”, affirme-t-il dans des propos relayés par Médiapart.

Un point de vue qui ne suffit pas à désamorcer la controverse, d’autant que l’artiste, dans une déclaration reprise par plusieurs médias, aurait réagi avec désinvolture à l’affaire en déclarant : “Je m’en fiche.”

“Aucun lien”, assure la présidente du festival

Mais alors, ce scandale a-t-il provoqué l’éviction de Patrick Sébastien du festival ? À cette question, Chantal Martino, présidente et organisatrice du Festival “Humour et danse”, répond avec fermeté : “Bien sûr que non, ce n’est pas lié, je m’en fiche, c’est un fait divers”, s’agace-t-elle au micro de BFMTV.

Elle préfère invoquer des raisons “techniques et logistiques” pour justifier cette annulation. “C’est un très gros camion, on a eu des problèmes parce que nous sommes dans une petite commune, et au niveau du passage du camion, c’était compliqué”, explique-t-elle, sans vraiment convaincre.

Quand on lui demande plus de précisions sur les soi-disant difficultés logistiques, Chantal Martino reste évasive. L’explication du “camion trop gros” dans un village pourtant habitué à accueillir un festival depuis cinq décennies soulève chez certains l’impression d’un prétexte un peu léger.

Une annulation loin d’être anodine

Quelles que soient les raisons réelles de cette déprogrammation, elle tombe à un moment particulièrement sensible. Si la présidente du festival insiste sur le fait que l’annulation “n’est même pas encore officielle”, la disparition de Patrick Sébastien du site internet de l’événement ne laisse guère de doute. Et les billets pour son spectacle sont désormais remboursés intégralement, comme l’ont confirmé les organisateurs.

C’est un coup dur pour cette 50e édition, que l’artiste devait marquer avec un one-man show présenté comme “original, drôle et émouvant”, selon Nice-Matin. Le spectacle de Patrick Sébastien était très attendu et sa déprogrammation pourrait bien refroidir une partie du public.

L’ombre d’un malaise plus profond

Au-delà du simple fait divers ou du problème de logistique, cette affaire soulève des questions plus profondes : la responsabilité des artistes dans leurs performances, les limites de la provocation, ou encore la manière dont les événements culturels gèrent les polémiques liées à leurs têtes d’affiche.

La vidéo du Cap d’Agde, qu’il s’agisse ou non d’un acte mimé, met en lumière les flous juridiques mais aussi éthiques entourant les spectacles publics. Peut-on considérer qu’un artiste, même dans un lieu privé ou libertin, peut se permettre toutes les provocations, y compris en présence de mineurs ? La scène aurait-elle pu être évitée ? Et que faire lorsqu’un artiste, par ses actes, risque d’éclipser l’événement culturel dans lequel il s’inscrit ?

Un festival historique qui veut faire parler de lui autrement

Face à l’emballement médiatique, Chantal Martino appelle à se recentrer sur l’essentiel : “On ferait mieux de parler de mon festival, qui a quand même 50 ans dans la région PACA. Il n’y en a pas deux. C’est l’un des plus anciens festivals de France”, insiste-t-elle. Un appel à replacer la culture au centre du débat, au lieu de se perdre dans les remous de la polémique.

Le Festival “Humour et danse”, bien implanté dans le paysage culturel local, souhaite maintenir le cap malgré cet épisode tumultueux. Sa longévité en fait un pilier de la région, et cette édition anniversaire devait être l’occasion de célébrer cette histoire.

Et maintenant ?

Pour Patrick Sébastien, cette affaire pourrait laisser des traces. L’artiste, connu pour ses provocations et ses spectacles sans filtre, a toujours cultivé une image iconoclaste. Mais à l’heure où les attentes du public changent, où la tolérance vis-à-vis de certains comportements baisse, il lui faudra peut-être repenser les limites de sa liberté artistique.

Quant au public, il pourra se faire rembourser, mais certains repartiront probablement avec un goût amer : celui d’avoir vu un festival perturbé par une affaire qui, qu’on le veuille ou non, aurait pu être évitée.