La tendresse comme remède aux blessures du monde : Zaz et Jenifer unies en chanson

En ces temps de tumulte et de profonde incertitude, alors que le monde observe, inquiet, l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis, et que la France se recueille pour commémorer les tragiques attentats du 13 novembre, l’approche des élections présidentielles de 2017 ne fait qu’alourdir davantage le climat national. Le moral des Français semble en berne, comme si le quotidien avait perdu un peu de sa couleur, et que l’espoir se faisait discret. Pourtant, au cœur de cette grisaille ambiante, certaines voix s’élèvent pour rappeler l’importance de la douceur, de la bienveillance et de la tendresse.

C’est dans ce contexte que deux figures emblématiques de la scène musicale française, Zaz et Jenifer, ont offert un moment suspendu aux téléspectateurs. Invitées sur le plateau de l’émission “Même le dimanche” sur France 3, les deux chanteuses n’étaient pas venues seulement pour promouvoir leurs derniers albums, mais bien pour partager un instant d’émotion pure, comme une parenthèse poétique dans le vacarme du monde.

Après avoir interprété en solo “Sous le ciel de Paris”, chanson issue de son album Paris sorti en 2014, Zaz a été rejointe par Jenifer pour un duo inattendu et touchant : La tendresse, un classique de Bourvil. Le choix de cette chanson, profondément humaine et émotive, ne doit rien au hasard. À travers leurs voix mêlées, les deux artistes ont souhaité délivrer un message clair : dans un monde souvent dur, voire impitoyable, la tendresse est ce lien discret mais vital qui nous permet d’avancer.

“Quand la vie impitoyable
Vous tombe dessus
On n’est plus qu’un pauvre diable
Broyé et déçu
Alors sans la tendresse
D’un cœur qui nous soutient
Non, non, non, non
On n’irait pas plus loin”, ont-elles chanté d’une voix unie, presque fragile, mais terriblement sincère.

Ce duo, auquel personne ne s’attendait, a touché en plein cœur. Il rappelait que l’art, et en particulier la musique, peut guérir les âmes, réunir les cœurs et ranimer les espérances. Le public a été conquis, emporté par la sincérité des deux artistes, leur complicité naturelle et cette émotion partagée sans artifice.

Depuis plus de cinq ans, Zaz, artiste aux influences mêlant chanson française, soul et folk, connaît un succès retentissant tant en France qu’à l’étranger. Si elle se fait plus discrète dans les médias ces derniers mois, c’est parce qu’elle poursuit inlassablement sa tournée à travers la France et l’Allemagne. Toujours fidèle à elle-même, elle privilégie le contact avec son public, loin du vacarme médiatique. Son énergie, sa voix singulière et son amour de la scène continuent de séduire un large public, bien au-delà des frontières hexagonales.

Jenifer, de son côté, signe un retour remarqué avec son nouvel album Paradis secret, sorti le 28 octobre dernier. Plus affirmée que jamais, elle enchaîne les révélations personnelles. Dans une récente interview accordée au Parisien, la chanteuse révélée par la Star Academy en 2001 s’est confiée avec franchise sur les difficultés de la célébrité. Elle y évoque son ras-le-bol des paparazzis et son besoin vital de “folie” pour équilibrer sa vie. Maman de deux garçons, Aaron, né de sa relation avec le musicien Maxime Nucci, et Joseph, dont le père est l’acteur Thierry Neuvic, Jenifer ne cache rien de ses blessures sentimentales : “Ce n’est pas quelque chose qui peut rendre heureuse. Ça marque. Il y a des cicatrices”, confie-t-elle.

Dans leurs parcours respectifs, Zaz et Jenifer illustrent deux visages de la scène musicale française : celui de la chanteuse voyageuse et libre, qui sillonne les routes pour porter ses chansons au plus près des gens ; et celui de l’artiste populaire confrontée très jeune à la lumière crue de la notoriété, mais qui reste fidèle à ses émotions et à sa quête d’authenticité. Ce qui les réunit, ce jour-là sur le plateau de France 3, c’est cette volonté commune de partager autre chose que de simples notes : une émotion, une vérité, un peu de baume au cœur.

Leur duo sur La tendresse ne pouvait mieux tomber. Dans une époque où les fractures sociales, les tensions politiques et les douleurs collectives s’accumulent, cette chanson est un rappel salutaire que nous avons tous besoin d’un geste doux, d’une épaule, d’un mot réconfortant. Elle nous dit, simplement, que derrière les projecteurs, les épreuves sont partagées, les cœurs aussi vulnérables, et que, parfois, chanter ensemble est une forme de résistance — douce mais puissante.

En un mot, elles nous rappellent que si l’on veut aller plus loin, il faut s’appuyer les uns sur les autres. Et cela commence peut-être par un peu de tendresse.