Dernier moment de Jean Guidoni – Mort en silence après un dernier concert bouleversant.

Voilà. Donc je crois que c’était la seule chose, c’était surtout pas tricher. Mesdames, messieurs, en 1982, Jean- Guuyoni chantait la prostitution masculine dans un opéra moderne avec la musique de Piatzola. Il fut aussitôt censuré sur plusieurs antennes. Trop cru, trop direct, trop vrai. 40 ans plus tard, le même artiste est mort dans une indifférence médiatique presque totale.

Le 21 novembre 2025, à Bordeaux, l’annonce tombe brièvement. Jean- Guuyoni est décédé ce matin des suites d’une maladie fulgurante. Aucune caméra, aucun micro. Pourtant, cet homme a porté la chanson française vers des zones que peut oser explorer. La marginalité, le corps, la solitude. Fils de coiffeur, homosexuel revendiqué dans une époque hostile, il a vécu en dehors des formats et c’est dans ce même silence qu’il s’est éteint à 74 ans.

 Mais derrière cette fin discrète se cache un parcours bouleversant marqué par la douleur, l’excès, l’élégance et la vérité brute. Jean- Guidoni né le mai 1951 à Toulon dans Levar. Son enfance est marquée par l’absence du père marin souvent en mer et par la présence rassurante de sa mère et de sa grand-mère pilié d’un foyer modeste.

 Très tôt, il développe une sensibilité artistique singulière dans un environnement où la culture n’était pas une priorité mais où la voix apportait déjà les promesses d’un ailleur. À l’adolescence, il devient coiffeur, métier qu’il exercera quelques années. Mais Paris l’appelle. Il monte dans la capitale pour suivre des cours de chant et s’immerger dans le théâtre musical.

Jean Guidoni 3 Mai 1951 - 21 Novembre 2025

 En 1975, il enregistre ses première chanson encore timide, proche de la variété française classique. C’est aussi à cette époque qu’il se produit dans les cabarets et les scènes alternatives où sa voix grave et sa présence troublante attirent les premiers regards. Le tournant décisif survient au début des années 1980. Lassé de la chanson formatée, il choisit une voix radicale, l’exploration des marges.

En 1982, il enregistre Crime passionnel, un album entièrement écrit par Étien Rodagil, mis en musique par le compositeur argentin Astor Piola. Ce disque concept est une rupture. Guidoni y incarne un personnage solitaire, homosexuel, confronté à la violence du désir, à la prostitution, à la perte. L’album Opéra Moderne pour voix seul choque.

 Il est salué par la critique mais boycotté par de nombreuses radios. Le public lui est partagé. Admiration ou gêne. Jean- Guidoni est désormais un artiste à part. Il persiste dans cette veine sombre et poétique avec Tigre de Porcelaine 1984 où il approfondit ses thématiques marginalité, pulsion, ambiguïé sexuelle suivront Vertigo 1986.

Crime parfait 1987 fin de siècle 1991. À chaque fois, les textes sont ciselés, parfois écrits par des plumes comme Pierre-Philippe ou Jean-Claude Barrière. La mise en scène est travaillée, théâtrale. Guidoni chante en costume, parfois maquillé, parfois en sous-vêtement, provoquant autant qu’il interroge.

 Sa voix devient une signature grave, vibrante, chargée d’émotions. Elle lui vaut une reconnaissance dans les cercles exigeants de la chanson à texte. Il collabore avec Juliette, compose avec Michel le Grand son tour de musicien de jazz ou de musique du monde, mais il reste hors des grandes scènes commercial. Dans les années 1990, il aborde de nouveaux registres : l’amour, la vieillesse, l’absence, sans jamais abandonner sa veine militante.

 Empreunte puis trapèze, 2000 marquent une forme de maturité. Son homosexualité, longtemps tabou dans la chanson française, devient une force tranquille, assumée, chanté sans détour. Il est l’un des rares artistes amé, politique et art vocal avec une telle intensité. Les décennies 2000-2010 voit Guidoni ralentir mais pas s’éteindre.

 Il continue d’enregistrer, de se produire sur scène, souvent dans des théâtres, dans des festivals à taille humaine, loin du showbsiness. Il rendent hommage à des figures comme Kurtw, Barbara ou encore Léo Ferré qu’il admirait. Il se tourne aussi vers le pianoi plus sobre mais toujours viscéral. Dans les années 2000-2020, malgré les soucis de santé et le poids du temps, Jean- Guuyoni n’a jamais cessé d’écrire, de chanter.

 En juin 2025, quelques mois avant sa mort, il donne encore un récital à Paris. Il y chante ses titres les plus intimes devant un public fidèle, loin des projecteurs mais riche d’une œuvre unique qui n’aura jamais céder à la facilité. Le parcours de Jean- Guidoni est pavé de risque, d’exclusion, de douleur enfouies derrière la poésie brute.

 Dès ses débuts, il comprend que son art, profondément intime et dérangeant ne lui offrira pas les lumières faciles du succès, mais il avance à contre-courant, assumant la marge, quitte à en payer le prix. Dans les années 80, alors que la France musicale vibre encore au refrains populaires et aux artistes calibrés pour la télévision, Guidoni choisit l’opposé.

Son disque Crime passionnel avec ses textes évoquant le sexe tarifé entre hommes est jugé scandaleux par certains chroniqueurs. Sur antenne 2 et TF1, des programmateurs refusent d’en diffuser les extraits, le jugeant trop explicite. Dans Libération, un article de 1982 évoque un coup de point dans le ventre tiède de la variété.

 La censure n’est pas officielle mais bien réelle. Il devient Persona non grata dans plusieurs émissions grand public. À cela s’ajoutent les tensions invisibles du monde du spectacle. Selon un témoignage d’un proche collaborateur relayé en 1994 dans Têtu, plusieurs directeurs de salle à Paris lui ont fermé leurs portes après la sortie de tigre de porcelaine.

 Trop risqué, trop politique, disait-il. Ces refus ne font qu’égise et la solitude d’un homme déjà marqué par sa marginalité. Mais Jean- Guidoni n’est pas homme à se terre. Dans une interview accordée à France Inter en 1987, il déclare “J’ai toujours préféré le danger à la tiédeur. Je chante ce que je vis, ce que je vois, ce qu’on cache. Tant pis si ça dérange.

” Cette lucidité a un coup. Les ventes d’albums restent modestes, les tournées parfois difficiles à financer. Il vit par moment dans des conditions précaires dans de petits appartements de banlieu parisienne, loin des fastes du monde du disque. Dans les années 1990, une autre épreuve frappe son cercle personnel.

Alors qu’il s’investit dans la défense de la cause homosexuelle, l’épidémie de Sida ravage la scène artistique. Idonie perd plusieurs amis proches dont deux anciens amants. Bien qu’il n’ait jamais révélé son propre statutologique, il évoque dans un spectacle de 1993 un monstre invisible qui dévore les voix et les corps.

 Dans le monde, un article du 24 juin 1995 relate ses propos lors d’une représentation à Avignon. J’ai chanté pour ceux qu’on n’écoute plus parce qu’ils sont malades, parce qu’ils sont morts. Cette période le plonge dans une spirale douloureuse. Son entourage parle d’une grande fatigue physique, d’insomnie, de crise d’angoisse. Un ami de longue date confié au magazine Les irrétibles en 1999, Jean a touché le fond.

 Il a même été hospitalisé pendant plusieurs semaines à cause d’une dépression sévère, mais il en est sorti avec une rage nouvelle. Ce passage à vide restera peu médiatisé mais marquera un tournant intérieur. Plus que jamais, son art devient un exitoire. Sa franchise continue de susciter des crispions.

 En 2001, il choque une partie du public en comparant dans un entretien à France Culture les logiques d’exclusion du showbiz avec celles subies par les minorités. Il y dénonce le racisme, l’homophobie et l’asceptisation de la chanson française, ce qui lui vaut les foudres de certains confrères. Dans une lettre ouverte publiée en 2002, un animateur de télévision célèbre l’accuse de victimisation permanente.

 Guidoni, imperturbable, ne répond pas. Les années suivantes, il seent à une autre forme d’injustice, l’oubli. Alors que ses contemporains sont décorés, célébrés, invités dans des hommages, il est rarement convié. Il le dira sans amertume dans un documentaire en 2015. Je suis un survivant invisible. Ce n’est pas grave.

 J’ai dit ce que j’avais à dire. Mais un twist inattendu survient en 2019. Lors d’une émission hommage à la chanson française sur France I, une jeune chanteuse reprend “Viens mec”, une chanson de Guidoni de 30 ans. Le public applaudit, touché par l’intensité du texte. L’artiste présent dans la salle est ovationné.

 Ce moment, bref mais sincère, marque une réhabilitation discrète. Il confie à un journaliste de Téléama “Pourre, je me suis senti écouté sans jugement.” Jean- Guidoni n’a jamais demandé l’approbation, mais il a toujours espéré qu’un jour on comprendrait l’humanité désarmante derrière ses provocations. Dans les dernières années de sa vie, Jean- Guidoni s’est éloigné lentement des projecteurs, mais jamais de la scène.

 Il vivait alors entre Paris et Bordeaux, privilégiant d’une existence discrète, marquée par le travail, la santé fragile et une forme de lucidité mélancolique. Ceux qui l’ont croisé décrivent un homme toujours élégant, souvent vêtu de noir, le regard doux mais ailleurs, comme fatigué du bruit du monde. À partir de 2020, ces apparitions se font plus rares.

 Il n’abandonne pas pour autant la musique. Il publie encore un album en 2021, le rouge et le rose, dans lequel il rendent hommage à ses influences, à ses combats. La presse spécialisée l’accueille chaleureusement, saluant une œuvre crépusculaire mais vivante selon Telérama. Sur scène, il se produit dans des salles plus petites, des centres culturels parfois accompagnés seulement d’un pianiste.

 À chaque fois, le public est bouleversé par la sincérité intacte de sa voix. Mais les signes de fatigue deviennent visibles. Dans une interview donnée au journal Sud-Ouest en juin 2023, il évoque des douleurs persistantes, des pertes de voies passagères et des hospitalisations brèves mais fréquentes. “Le corps me rappelle que je ne suis pas éternel”, disait-il en souriant.

 Il ne s’étend jamais sur la nature exacte de ses problèmes de santé. Les amis proches parlent de complications respiratoires, de faiblesses cardiaques, mais aucun diagnostic public n’est jamais communiqué. L’isolement s’installe doucement, sans rupture brutale. Son compagnon de longue date, resté dans l’ombre, continue de veiller sur lui, mais beaucoup de ses anciens collaborateurs sont partis, tombés malades ou disparus.

Mort du chanteur et parolier Jean Guidoni, électron libre de la scène  française | France Musique

 Dans une de ses dernières interviews radio en 2024, il confiait “J’ai vu trop de gens que j’aimais s’éteindre, alors je garde le silence pour ne pas déranger leur absence.” Une phrase qui en disait long sur le deuil prolongé que fut la dernière décennie de sa vie. Jean- Guidoni ne cherche pas à relancer sa carrière.

 Il refuse les offres de téléréalité, les compilations faciles, les tournées nostalgiques. Il préfère transmettre. À Bordeaux, où il s’installe définitivement en 2024, il commence à donner des ateliers d’écriture et d’interprétation dans des conservatoire. Il encadre des jeunes artistes, les encourage à sortir des normes, à écrire ce qu’il n’ose pas dire.

 L’un d’eux confier après sa mort : “Je ne cherchaient pas à être aimé, mais à réveiller ce qu’il y avait de vrai en nous.” La presse ne le suit plus vraiment. Hors des circuits médiatiques, il devient une figure discrète. presque fantomatique. Pourtant, chaque apparition provoque une émotion réelle. En juin quelques mois avant sa disparition, il donne un dernier récital à Paris au théâtre des déchargeurs.

La salle est pleine. Il chante “Je marche seul Le bal dépendu encore. À la fin, il reste immobile de longues secondes. Certains y verront un adieu. Le mois suivant, il annume un concert prévu à Toulouse évoquant un miétat de fatigue intense. Ses proches s’inquiètent mais lui minimise comme toujours.

 Dans un message vocal adressé à un ami, il dit “Ce n’est pas grave, je vais me reposer un peu. Ce sera sa dernière trace sonore connue à Bordeaux. Il passe ces dernières semaines dans un calme total. Il ne répond plus au téléphone. Il écrit, lit, se promène seul, parfois en bord de Garonne. Un voisin le croise une dernière fois dans une boulangerie, visiblement amaigri mais toujours souriant.

Il lui dit simplement, “Le silence est parfois plus juste que les applaudissements.” Et puis plus rien. Le 21 novembre 2025, au matin, la nouvelle tombe en quelques lignes sur le site de RFI. Jean- Guidoni est décédé à Bordeaux des suites d’une maladie fulgurante. Aucun détail supplémentaire, ni l’heure exacte, ni la présence d’un proche, ni le lieu précis, maison, hôpital ou clinique, n’est mentionné.

 Ce silence en dit long. Il correspond parfaitement à la fin que Jean- Guuyen semblait attendre. Discrète, pudique, sans grande mise en scène. Quelques jours plus tard, le site Closer ajoute un détail essentiel. L’artiste est mort ce matin-là à Bordeaux où il s’était installé depuis plusieurs mois. Toujours aucune mention d’un entourage, aucun communiqué de famille, juste cette expression froide mais révélatrice.

 Des suite d’une maladie fulgurante. Une formule que l’on utilise souvent quand la maladie a été brutale, rapide ou mal diagnostiquée. Il n’y a pas de scène théâtrale, pas de dernière photos poignantes, pas de message d’adieux publiés sur les réseaux. Jean- Guuyidoni s’en est allé comme il a vécu les dernières années, en retrait, loin du bruit, loin des projecteurs.

 Selon un article de fr.news.yahoo.com, il aurait été hospitalisé peu de temps avant sans que cela ne soit officiellement confirmé. Aucun média ne parle d’un interrom public ni d’une cérémonie ouverte. Tout indique une disparition dans l’intimité, probablement souhaité ainsi par l’artiste. Et pourtant, quelques mois plus tôt, en juin 2025, il était encore sur scène à Paris.

 Ce concert au théâtre des déchargeurs reste aujourd’hui comme un point final involontaire. Plusieurs spectateurs racontent sur les réseaux sociaux un moment d’intense émotion. À la fin du récital, il avait longuement fixé la salle avant de murmurer : “Merci d’être resté jusqu’au bout”. Était-ce un adieu déguisé ? Nul ne le saura jamais.

Il n’a plus reparlé en public après cela. Dans les jours qui ont précédé son décès, il aurait annulé deux rendez-vous à Bordeaux. Un professeur du conservatoire local, interrogé par Sud-Ouest, évoque un message vocal reçu de sa part le 17 novembre. Je ne suis pas au mieux. Je vais me mettre en retrait quelque temps.

 Ce fut la dernière trace connue de sa voix. jours plus tard, il mourait, laissant derrière lui des décennies d’art et d’engagement. On ne sait pas si quelqu’un était présent dans ces derniers instants. Aucun proche n’a pris la parole dans les médias. Aucun hommage officiel ne fut organisé les premières 48 heures. Un départ presque effacé.

Mais à bien y regarder, c’était peut-être là une ultime fidélité à lui-même, s’éclips sans bruit comme un dernier acte de liberté. À sa mort, Jean-Guidoni ne laisse ni fortune, ni fondation, ni catalogue grand public. Son véritable héritage est ailleurs dans une œuvre dense, exigeante, portée par la sincérité brute.

 Ces albums ne sont pas des succès commerciaux, mais ils constituent une archive précieuse de la chanson française hors norme. Aucune succession ne fait l’objet de litige. Aucun nom d’héritier n’a été communiqué. Tout semble avoir été pensé dans la discrétion, peut-être même dans une forme de transmission silencieuse à ce qu’il a formé.

 Dans les jours suivant l’annonce, quelques articles lui rendent hommage. Téléama, France Interre, Sud-Ouest. Sur les réseaux sociaux, des artistes comme Juliette ou Clarica saluent un frère de scène, un combattant de la marge. Un hommage plus large est organisé de semaines plus tard à la maison de la poésie en son honneur. Mais pour le grand public, il reste méconnu et pourtant il a chanté ce que peu osaiit murmurer.

 Il a mis des mots sur la honte, la chair, l’exil antérieur. Et si la grandeur d’un artiste ne se mesurait pas à sa célébrité, mais à ce qu’il laisse en chacun de