Huit ans ont passé, et pourtant rien n’atténue vraiment la profondeur d’une absence. Le 5 décembre 2017, la France perdait Johnny Hallyday, emporté à 74 ans par un cancer du poumon. Ce soir-là, un pays entier a retenu son souffle devant la disparition de celui qui avait accompagné tant de vies, tant de générations, par sa voix, son énergie, ses excès parfois, et cette présence unique qui semblait défier le temps. Mais derrière la légende, il y avait un père. Et pour David Hallyday, ce père demeure une lumière autant qu’une blessure. Une blessure qui, malgré les années, ne guérit pas.

Pour marquer ce cap symbolique des huit ans, David Hallyday a consacré un documentaire à celui qui restera toujours “le Taulier” : Hallyday par David, diffusé sur M6 le mercredi 10 décembre 2025. Un projet intime, presque pudique, où il tente de raconter l’homme derrière l’icône, et où il s’autorise aussi, pour la première fois peut-être, à dire ce qui a longtemps été tu. Parmi ces confidences, l’une résonne plus fort que les autres : l’impossibilité de faire ses adieux à son père.

Au moment où Johnny vivait ses derniers instants, dans sa maison de Marnes-la-Coquette, entouré de Laetitia et de ses deux plus jeunes filles, David Hallyday et Laura Smet n’ont pas pu être présents. Ce manque, immense et irréversible, David en parle aujourd’hui avec une sincérité désarmante. Invité de l’émission On refait la télé sur RTL ce samedi 6 décembre 2025, il accepte d’ouvrir une porte encore douloureuse. À la question d’Éric Dussart : “Est-ce que le temps vous a permis de soigner cette blessure de ne pas avoir pu lui dire au revoir ?”, il répond sans détour : “La réponse est évidente : non, tu guéris jamais de ça, il me semble. Ou alors t’es quelqu’un de spécial. Ça reste une blessure… Tu avances toi-même en tant qu’homme et puis tu dépasses les épreuves. Moi en tout cas, je ne sais pas pour les autres, je ne guérirai jamais de ça.”

Ces mots disent tout. Ils disent la fragilité derrière la force apparente, la vulnérabilité d’un fils qui a grandi dans la lumière, mais aussi dans les turbulences d’un père mythique, parfois absent, toujours démesuré. Ils disent aussi la réalité simple mais universelle : certaines douleurs ne s’effacent jamais, même si elles apprennent à cohabiter avec nous.

Pourtant, David n’est pas un homme qui s’effondre. Il poursuit : “Mais ça va bien ! On guérit d’autres choses et puis le temps apaise. Mais il y a des choses quand même que le temps n’arrange pas et on s’y fait.” Dans cette phrase, il y a une forme de maturité apaisante, une manière d’accepter sans renoncer, de continuer sans oublier. C’est peut-être là que réside la beauté de sa démarche : avancer en portant sa mémoire, sans en faire un fardeau.

La question du pardon, inévitable après les tensions médiatisées entre Laura Smet, David Hallyday et Laetitia Hallyday, a également été abordée. Éric Dussart lui demande : “Le temps apprend le pardon ?” Et David, fidèle à sa nature posée, répond avec douceur : “Ah oui bien sûr. Le pardon c’est un drôle de truc. Il faut pardonner. Ça ne veut pas dire oublier. Mais je pense que le pardon c’est une façon de s’enlever un poids des épaules. Pour sa propre guérison c’est bien.” Une phrase simple, mais qui semble refermer un chapitre longtemps ouvert.

À travers son documentaire, comme à travers ses mots sur RTL, David Hallyday ne cherche pas à régler des comptes. Il ne cherche pas non plus à raviver des polémiques. Il tente simplement d’exister en tant qu’homme face à une histoire familiale complexe, bouleversante et parfois trop publique. Ce qu’il offre au public, ce n’est pas une vérité unique, mais sa vérité à lui, façonnée par l’amour, le manque, l’incompréhension et le temps.

Johnny Hallyday était un monument, un titan de la scène, mais il était aussi un père qui, comme beaucoup d’hommes pris dans le tourbillon de leur destin, a laissé derrière lui des silences et des cicatrices. En évoquant aujourd’hui cette dernière rencontre manquée, David ne juge pas. Il raconte. Il se raconte. Et peut-être que ce geste suffit déjà à apaiser un peu ce qui ne guérira jamais complètement.

Dans les yeux de David Hallyday, huit ans après, son père n’a jamais vraiment disparu. Il reste vivant dans les souvenirs, dans la musique, dans cette transmission artistique et affective qui continue de les relier au-delà de l’absence. Et même si certaines blessures persistent, elles deviennent, avec le temps, non pas des obstacles, mais les témoins d’un lien profondément humain.