Karen Molder, autrefois l’un des plus grands noms du mannequinat, était une icône des années 90, acclamée par le monde entier pour sa beauté et son charisme. Cependant, derrière ce masque de perfection se cache une vérité bien plus sombre, une histoire de déclin tragique qui a secoué l’industrie de la mode. De son ascension fulgurante sur les podiums à sa chute douloureuse dans les abîmes du scandale, Karen Molder incarne l’histoire d’une étoile filante dont la lumière s’est progressivement éteinte.

Née le 1er juin 1970 aux Pays-Bas, dans la ville de Flarding, Karen a grandi dans une famille aimante et unie. Sa sœur, également mannequin, a joué un rôle clé dans sa découverte. Lors d’un concours de mannequins organisé par l’agence Elite à la fin des années 80, Karen se distingue et devient rapidement l’une des figures montantes du mannequinat mondial. Dès ses débuts, elle est couronnée par les plus grandes marques et devient l’égérie de géants tels que Guess, Nivea et Revlon. À 21 ans, elle est déjà sur toutes les couvertures des magazines les plus prestigieux, et les défilés s’enchaînent à une vitesse vertigineuse pour des créateurs comme Valentino, Yves Saint Laurent et Christian Lacroix.

Sa carrière atteindra son apogée lorsqu’elle devient un des anges de Victoria’s Secret, un titre qui fera d’elle l’un des mannequins les plus convoités de sa génération. À l’époque, elle incarne la beauté blonde parfaite, une “Barbie” vivante, dont le nom est inscrit parmi les légendes de la mode aux côtés de Cindy Crawford et Claudia Schiffer. Cependant, derrière cette façade de succès, Karen commence à être confrontée à des pressions inimaginables. Le poids de la célébrité et la nature impitoyable de l’industrie du mannequinat se font rapidement ressentir.

En 2000, Karen décide de mettre fin à sa carrière de mannequin et de se consacrer à la musique, cherchant une vie plus tranquille, loin des projecteurs. Mais c’est à ce moment précis que son destin prend un tournant dramatique. Le 31 octobre 2001, lors de son apparition dans l’émission Tout le monde en parle, Karen fait des révélations choquantes sur son passé. Dans un moment de vulnérabilité, elle accuse plusieurs personnalités de l’industrie, dont le prince Albert de Monaco et des figures influentes de l’agence Elite, de l’avoir abusée sexuellement. Elle raconte que ces abus ont été commis sous hypnose, un traumatisme qu’elle n’aurait pris conscience que récemment.

Les déclarations de Karen, diffusées en direct, provoquent un choc profond sur le plateau. Le public et l’animateur Thierry Ardisson sont stupéfaits. En pleurs, Karen expose les abus qu’elle aurait subis dès son enfance et parle d’un complot organisé pour la manipuler. Les révélations de Karen sont à la fois terrifiantes et incompréhensibles pour ceux qui l’écoutent. Mais ces propos sont rapidement qualifiés de délire paranoïaque, et l’interview est coupée au montage, ne laissant derrière elle qu’un malaise profond. Pourtant, un membre du public, horrifié par ce qu’il venait de vivre, envoie un message détaillant ce qui s’est passé, et le contenu de cette interview fuit dans la presse.

Peu après l’émission, Karen dépose une plainte officielle, et une enquête judiciaire est ouverte. Les accusations qu’elle formule sont graves, et les autorités tentent de vérifier les faits qu’elle a exposés. Cependant, après plusieurs mois d’investigations, les preuves semblent insuffisantes pour faire avancer l’affaire, et la situation de Karen continue de se détériorer. Quelques jours plus tard, sa sœur, craignant pour sa santé mentale, la fait interner dans une clinique psychiatrique. Karen y restera pendant cinq mois, soutenue financièrement par Gérald Marie, l’ex-patron de l’agence Elite.

Malgré ces événements dramatiques, Karen tente de reconstruire sa vie. Elle poursuit une carrière musicale et rencontre un réalisateur avec qui elle a une fille en 2006. Mais en 2009, une nouvelle crise éclate lorsque Karen est placée en garde à vue après avoir harcelé une chirurgienne esthétique qui lui avait refusé des injections de Botox. À cette époque, Karen a 41 ans et semble traverser une crise de la quarantaine, marquée par des comportements étranges et mystiques, dont des menaces de mort adressées à la chirurgienne.

Karen Mulder Is the '90s Supermodel Touted as a “Real-Life Barbie” | Vogue

L’histoire de Karen Molder soulève des questions profondes sur l’industrie de la mode et ses conséquences sur la santé mentale des mannequins. Après des années à être exposée sous les feux des projecteurs, elle s’est retrouvée seule, accablée par des souvenirs traumatisants et une pression constante. Mais aujourd’hui, elle mène une vie plus calme et se montre de plus en plus rare dans les médias. En 2020, Karen revient brièvement sur son passé dans une interview, réaffirmant certaines de ses accusations et soulevant une nouvelle fois des interrogations sur la véracité de ses propos.

Karen Molder restera à jamais une figure complexe de l’industrie de la mode, à la fois symbole de réussite et victime d’un système impitoyable. Si certains voient en elle une icône sacrifiée, d’autres considèrent ses démons comme le fruit d’un passé difficile et de traumatismes enfouis. Mais une chose est certaine : l’histoire de Karen Molder, entre gloire et tragédie, reste l’une des plus mystérieuses de l’histoire du mannequinat.