Ce dimanche soir au château de la Star Academy, l’atmosphère était plus lourde que jamais. Depuis l’annonce brutale de Michael Goldman concernant les évaluations surprises, les élèves vivent dans un climat de tension permanente. Le principe est simple, mais d’une cruauté redoutable : une chanson tirée au sort, une seule heure pour l’apprendre, le droit au texte mais l’obligation de convaincre comme si l’on maîtrisait le morceau depuis toujours. Une mécanique implacable, conçue pour révéler les forces, mais aussi les failles les plus profondes de chaque élève.

Après les passages d’Anou puis de Bastian la veille, un nouveau trio se présentait ce dimanche dans la fameuse salle d’évaluation : Jeanne, Léa et Léan. Trois univers musicaux radicalement différents, trois personnalités singulières et trois titres absolument pas anodins. Et tous le savent : lors des évaluations surprises, rien n’est laissé au hasard. La moindre hésitation peut s’avérer fatale, tandis qu’un moment de grâce peut bouleverser toute la semaine. Dans les couloirs, le silence est pesant. Dans la salle des professeurs, les stylos sont prêts. L’enjeu est immense.

C’est Jeanne qui ouvre le bal. Elle s’avance, légèrement nerveuse, mais déterminée. Le tirage lui attribue Zombie de The Cranberries, un titre monumental du rock alternatif, porté à l’origine par la voix déchirante de Dolores O’Riordan. Une chanson brute, viscérale, qui exige autant de puissance que d’émotion contenue. Jeanne inspire profondément avant de commencer. Dès les premières mesures, elle surprend. Là où certains se seraient effacés, elle ose. Elle attaque avec un grain de voix assumé, presque rugueux, qui colle étonnamment bien à l’univers du morceau. Elle prend de l’assurance, gagne en intensité, laisse éclater ce qu’elle a dans le ventre. Les professeurs sont attentifs : malgré quelques imperfections, elle raconte quelque chose. Son énergie crée une rupture dans la pièce. Jeanne ne livre pas une prestation parfaite, mais une prestation vivante, vibrante, authentique. Et dans ce genre d’épreuve, cela peut compter plus que tout.

Vient ensuite le tour de Léa, dont l’approche et le tirage sont à l’opposé de ceux de Jeanne. Le sort lui attribue Someone You Loved de Lewis Capaldi. Une chanson entièrement centrée sur l’émotion, la vulnérabilité et la précision des nuances. Ici, pas d’explosions vocales inutiles. Ce qu’il faut, c’est une sincérité brute. Léa en a conscience. Lorsqu’elle commence, texte en main, sa voix vacille légèrement. Ce défaut pourrait être une faiblesse, mais chez elle, il devient une force. La fragilité de son interprétation donne une coloration inattendue à la chanson. Elle ne cherche pas à imiter Capaldi ou à pousser sa voix au-delà de ses limites. Au contraire, elle privilégie le récit, la sensibilité, la pudeur. Elle fait confiance à son émotion naturelle. Son interprétation n’est pas spectaculaire, mais elle est profondément humaine. Les professeurs le sentent : Léa propose quelque chose de vrai, même si tout n’est pas parfaitement maîtrisé. Et bien souvent, en évaluation surprise, la vérité vaut plus que la perfection.

Enfin, c’est Léan qui clôture la soirée. Elle hérite d’un titre tout aussi délicat : Parce que c’est toi d’Axelle Red. Une chanson toute en finesse, où la moindre intention doit être pesée. Une heure seulement pour apprivoiser un texte aussi intime, c’est un défi immense. Léan pénètre dans la salle avec calme. Elle commence doucement, presque timidement. Sa voix s’installe progressivement, avec une retenue touchante. Contrairement à d’autres, elle ne cherche pas l’effet, ne vise pas le spectaculaire. Elle choisit la sincérité, la douceur, la délicatesse. Sur certains passages, sa maîtrise des nuances est remarquable. Elle raconte une histoire, la sienne, avec simplicité. Elle construit une atmosphère douce, apaisante, où tout semble à sa juste place. Cette sobriété fait mouche. Sa prestation ne cherche pas à impressionner : elle émeut.

Cette session d’évaluations surprises restera sans doute l’une des plus révélatrices depuis le début de la saison. Jeanne a apporté l’intensité et la présence scénique, osant plonger dans un morceau explosif avec courage. Léa a offert une interprétation fragile mais terriblement authentique, capable de toucher là où l’on ne s’y attend pas. Quant à Léan, elle a incarné la douceur, la maîtrise des nuances et l’art de raconter avec délicatesse.

Désormais, une seule question brûle toutes les lèvres au château : quelles seront les nominations ? Car dans ce format impitoyable, chaque détail peut renverser une semaine entière. Un souffle de trop, une hésitation, ou au contraire une étincelle, et tout peut basculer. Les élèves le savent : rien n’est jamais écrit à l’avance. Et les professeurs, eux, s’apprêtent à trancher.

Une chose est sûre : après une telle soirée, rien ne sera plus tout à fait comme avant.