Victor Anclin-Zanotelli, rescapé du Bataclan, n’a pas été entendu. Le jeune trentenaire avait expressément demandé à ne pas apparaître dans la série “Des vivants” de France 2. Mais son face-à-face traumatisant avec les assaillants a été malgré lui écrit, tourné et diffusé.

C’est une série évènement, qui, au final, ne crée pas vraiment l’engouement espéré. Des vivants, série choc sur les attentats du 13-Novembre, est diffusée depuis le 3 novembre dernier sur France 2. Le premier épisode a déçu, en ne fédérant que 1,95 million de téléspectateurs… Mais la salle s’est depuis vidée. Ce lundi 10, ils n’étaient plus que 1,08 million devant le quatrième épisode. Deux épisodes restent encore à diffuser, mais ce sera sans Victor Anclin-Zanotelli, un rescapé non écouté.

Ce n'est pas normal", un rescapé du Bataclan demande à être "supprimé" de la série "Des vivants" de France 2 - Public

En effet, comme il l’explique au Républicain lorrainVictor Anclin-Zanotelli, rescapé du Bataclan, a expressément demandé à ne pas apparaître dans cette série. Mais malheureusement, les équipes n’en ont fait qu’à leur tête, et ont immortalisé sur grand écran son face-à-face traumatisant avec les assaillants. Si l’acteur qui l’incarne n’apparaît que sur une courte scène, celle-ci est suffisamment forte et indigeste

Victor Anclin-Zanotelli envisage d’attaquer en justice

Cette scène se déroule dans l’épisode 3. Un spectateur du Bataclan se retrouve face à un assaillant. Ce dernier, pas pris au sérieux par le rescapé, tente de lui faire peur et le contraint à se mettre à distance. Il lève son arme face à lui, et fait mine de lui tirer dessus. L’otage, en larmes, est tétanisé. Ce personnage, c’est Victor Anclin-Zanotelli. Mais le jeune trentenaire avait pourtant demandé à ne pas être dans la série.

Sa demande n’a visiblement pas été entendue. Auprès du Républicain lorrain, il ne masque pas sa colère et son incompréhension. Je ne peux pas laisser passer ça. Je veux que ces pratiques soient connues” déplore-t-il. Et de poursuivre : “Je ressens de la colère envers la production et le réalisateur d’avoir utilisé mon personnage pour faire du sensationnel. Je me sens manipulé et mis devant le fait accompli. On m’impose ça alors que j’ai toujours cherché à en être loin”. Victor Anclin-Zanotelli accuse les producteurs et diffuseurs de “faire de l’argent et du voyeurisme sur le malheur” des rescapés, sans moralité aucune.

Victor Anclin-Zanotelli envisage de poursuivre la série en justice. Jean-Xavier de Lestrade, le producteur délégué, reconnaît avoir fait une erreur et s’excuse. “Lundi, j’ai écrit un courrier d’excuses à Victor. Je fabrique des images impactantes et je me mets à la place des victimes. Nous n’avons d’ailleurs pas dévoilé son identité se défend l’homme. Mais il justifie cette scène en rappelant que le sensationnalisme est primordial dans une série comme Des vivants.

Chi tiết cuộc giải cứu con tin đầy căng thẳng ở nhà hát Bataclan

Le producteur refuse d’accéder à sa requête

Si je ne montre pas ça et l’assaut, je ne fais pas de film. Cet acte de pure barbarie, subi par Victor Anclin-Zanotelli et tous les otages, est fondateur. Tout le monde me l’a raconté. Elle est publique cette scène. C’est le moment où l’humanité des otages est arrachée. Si on masque cela au nom de la protection des victimes, on ne les comprend pas” estime le professionnel.

Mais pire encore, Jean-Xavier de Lestrade refuse d’accéder à la requête de l’otage, qui demande à ce que la scène soit retirée de l’épisode. “Au nom de quel principe ? C’est la vérité, l’histoire. On ne va pas la transformer. Sinon, on arrête de faire des films” ose-t-il, affirmant même que cette scène va “aider” ses proches à mieux comprendre ce qu’il a vécu. La mère, pourtant, est furibonde : “Cette scène insoutenable est désormais gravée en images et Victor se retrouve piégé à nouveau dans son traumatisme, sans avoir été prévenu, sans avoir pu donner son avis, sans avoir été accompagné”.