Patrick Bruel de retour au théâtre : 15 ans d’attente pour une pièce explosive qui interroge les vies non vécues

 

C’est l’information qui fait vibrer l’actualité culturelle et enflamme la toile : Patrick Bruel est de retour sur les planches ! Après une période dominée par des tournées de concerts monumentales, le chanteur et comédien renoue avec ses premières amours théâtrales. Quinze ans après le succès retentissant du « Prénom », devenu un spectacle culte, Bruel a choisi une nouvelle œuvre percutante pour marquer son grand retour : « Deuxième partie » de Samuel Benchetrit.

Le rendez-vous est pris à Paris, au théâtre Édouard-VII, à partir du 27 janvier 2026. L’annonce, très attendue par ses fans qui le réclamaient avec insistance sur scène, marque un nouveau chapitre captivant dans la carrière de l’artiste.

Un retour mûrement réfléchi après 15 ans d’absence

 

L’attente a été longue, mais elle est justifiée. Patrick Bruel, un homme que le succès a toujours sollicité, a pris le temps de trouver la pièce qui allait à nouveau l’attirer loin de ses tournées gigantesques. « Ça faisait trop longtemps que je n’avais pas joué au théâtre, » confie-t-il, avec un sourire qui trahit son enthousiasme retrouvé. Pendant ces quinze années, les propositions n’ont pas manqué, reconnaît l’acteur, mais aucune n’avait réussi à le convaincre de s’installer à Paris pour jouer tous les soirs, lui qui vient par ailleurs d’inaugurer son propre hôtel dans le Vaucluse.

C’est le texte de Samuel Benchetrit, initialement intitulé « Salut les copains », qui a finalement fait mouche. Un texte dont la finesse et la profondeur avaient déjà séduit par le passé d’autres grands noms du théâtre. Aujourd’hui, c’est avec « Deuxième partie » que Bruel retrouve le plateau, animé par une motivation toute nouvelle : celle de se mettre au « service d’une mise en scène, d’un texte, d’autres partenaires ! », un plaisir d’acteur qu’il oppose à la solitude du chanteur sur scène.

 

Un trio d’acteurs au sommet pour une histoire universelle

 

Pour ce retour, Patrick Bruel n’est pas seul. Il est entouré de deux partenaires de jeu de premier plan, également ses amis de longue date : Stéphane Freiss et Marine Delterme. Freiss, actuellement en triomphe avec l’adaptation du « Cercle des poètes disparus », est un complice de jeunesse qui, ironiquement, lui avait autrefois déconseillé de se lancer dans la chanson ! Marine Delterme, quant à elle, connue pour son rôle culte d’« Alice Nevers », a même partagé un moment artistique avec Bruel en 1995 en tournant dans son clip.

Ce trio explosif donne corps à une histoire universelle et profondément humaine. « Deuxième partie » raconte l’histoire d’un couple marié depuis trente ans dont la routine s’effondre avec l’arrivée du personnage interprété par Patrick Bruel. Ce « trouble-fêtes » est un homme que le couple a connu au lycée, mais qu’ils ont oublié. Lui, par contre, se souvient, et il s’arroge le droit de sonner à leur porte des décennies plus tard.

 

« Que fait-on des vies qu’on n’a pas vécues ? » : le cœur de la pièce

Ce qui rend le texte de Benchetrit si puissant, c’est sa capacité à soulever des questions existentielles qui touchent chacun. Marine Delterme résume magnifiquement l’enjeu : « Que fait-on des vies qu’on n’a pas vécues ? » La pièce joue avec ce fantasme partagé par tous de revoir une ancienne flamme ou de réveiller un rêve oublié. Pour le personnage féminin, c’est l’occasion d’un « Grand Réveil » – un titre que Stéphane Freiss suggère même pour l’œuvre.

Le couple est arrivé à un point de non-retour, l’anniversaire des trente ans de mariage symbolisant une vie « verrouillée pour toujours ». C’est dans ce contexte que le personnage de Bruel, cet homme « improbable qui déboule de nulle part », intervient pour secouer les certitudes.

Stéphane Freiss analyse l’usure du temps qui pèse sur son couple de fiction : « La pièce parle de l’usure et du rêve qu’on a tous de se réinventer. » L’arrivée de l’intrus devient alors un « possible », une étincelle qui force les deux époux à remettre en question leur histoire et leur avenir. Le personnage de Marine Delterme est particulièrement sensible à ce bouleversement. « Au début de la pièce, mon personnage […] n’en peut plus. Elle est en train de mourir, il ne se passe jamais rien de nouveau. » L’homme qui sonne à la porte lui apporte l’impulsion nécessaire pour se réinventer.

 

Un « trouple » en quête de vérité

 

Mise en scène par Ladislas Chollat (récent lauréat du Molière du spectacle musical), la pièce promet d’être un moment de théâtre jubilatoire et profond. L’enthousiasme du trio d’acteurs est palpable, même avant le début des répétitions. Ils dissertent joyeusement sur ce texte qui questionne les certitudes de l’âge mûr, qui laisse entrer « un peu de doutes, de fragilité dans des choses qui semblent très cimentées ».

C’est cette fragilité, cette notion de danger, qui est le moteur de l’histoire. Comme le souligne Patrick Bruel : « Parfois, pour se remettre en question, il faut se sentir en danger. » Ce retour au théâtre, c’est aussi pour l’artiste un moyen de retrouver l’ambiance de troupe, de s’effacer pour servir une œuvre collective, une expérience qu’il dit très « agréable » après des années de lumière solo dans les stades.

Le public parisien et les fans de Patrick Bruel, autant l’acteur que le chanteur, n’ont plus qu’à attendre la fin janvier 2026. L’ouverture de la billetterie est le premier jalon d’un événement théâtral qui s’annonce d’ores et déjà comme l’un des plus grands succès de la saison. « Deuxième partie » n’est pas seulement une pièce sur un couple, c’est une réflexion poignante et drôle sur le temps qui passe, les occasions manquées, et le courage qu’il faut pour enfin choisir la vie que l’on veut vraiment.