« C’est Inadmissible, on Pourrait en Rire si C’était pas à Pleurer ! » : Le Député Tanguy Pulvérise la Ministre des Comptes Publics sur les 20 Milliards d’Impôts du Budget 2026.

Amélie de Montchalin : "Dans la vie, il n'y a pas que les impôts, il y a le  coût des choses" | France Inter

Un Budget de la Honte : Le Grand Déséquilibre Révélé en Commission

L’enceinte de la commission des finances de l’Assemblée Nationale, d’ordinaire lieu d’échanges techniques et policés, a été le théâtre d’une confrontation politique d’une rare violence. En pleine audition pour la défense du Projet de Loi de Finances (PLF) 2026, la Ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a été prise sous le feu roulant des critiques, menées avec une ferveur hors de lui par le député Tanguy. Le ton a été donné dès les premières secondes, transformant l’exercice démocratique en un procès cinglant de la stratégie économique gouvernementale, dénoncée comme un mélange d’injustice fiscale et d’aveuglement budgétaire.

L’objet de la fureur parlementaire est un déséquilibre chiffré qui a sidéré l’opposition : « 20 milliards d’impôts pour 28 milliards de hausses de dépenses. »

Face à l’ambition affichée par le gouvernement de maîtriser ses comptes pour ramener le déficit à 4,7 % du PIB, le député Tanguy s’est exclamé, résumant le sentiment d’une opposition excédée : « Écoutez, on pourrait en rire si c’était pas à pleurer. C’est inadmissible. » Pour l’élu, ce budget n’est rien d’autre qu’une manœuvre pour repousser le problème structurel français en taxant massivement les citoyens, sans s’attaquer véritablement au mal chronique de la dépense publique.

L’Incohérence Économique : Le Mystère de la Hausse de TVA

La critique la plus percutante de l’opposition a porté sur la crédibilité même des perspectives économiques du gouvernement, jugées « complètement au-delà du réel ». Le député Tanguy a mis en évidence une contradiction majeure, qui sonne comme un piège fiscal pour les ménages et les classes moyennes.

Le PLF 2026 table sur une augmentation spectaculaire des recettes de TVA pour l’année prochaine, estimée à près de 15 milliards d’euros. Or, l’opposition s’est interrogée avec une logique implacable sur la manière dont une telle hausse peut être atteinte, alors que le gouvernement s’apprête à frapper le pouvoir d’achat sur plusieurs fronts :

L’annonce de 20 milliards d’impôts supplémentaires qui pèseront directement sur les ménages.
Le gel des salaires des fonctionnaires.
La désindexation des pensions des retraités.

Ces mesures sont des freins puissants à la consommation. Le député a rappelé que le pays n’a pas connu une telle augmentation des recettes de TVA depuis quatre ans et que les précédentes hausses (la dernière n’atteignant que 5 milliards) ne s’étaient pas produites dans un tel contexte d’asphyxie du pouvoir d’achat. « Comment vous arrivez à cette hausse de TVA avec de telles mesures sur le pouvoir d’achat ? J’aimerais vraiment comprendre parce que là, j’ai l’impression qu’on part complètement dans le décor », a-t-il interrogé, soulignant le risque que les prévisions du gouvernement ne soient que du « maquillage » pour afficher une trajectoire budgétaire plus favorable.

L’Ombre de la Censure : Un Manque de Transparence Inacceptable

L’audition a rapidement dégénéré en un débat sur la confiance et la transparence, le député Tanguy rappelant une promesse ministérielle non tenue depuis près d’un an : la fourniture de la note chiffrant le « coût de la censure ». Le gouvernement a longtemps agité le chiffre de 12 milliards d’euros pour dénoncer l’incertitude politique.

« Ça fait presque un an que j’attends le lendemain », a ironisé le député, dénonçant le fait que la Ministre « continue à répéter ce genre de choses » sans jamais produire la preuve formelle. Cette absence de document officiel, sur une donnée utilisée de manière récurrente pour justifier des choix politiques majeurs, a été vécue comme un manquement grave.

Face à la pression, la Ministre de Montchalin a finalement détaillé l’origine des 12 milliards :

    6 milliards d’euros seraient le « coût de l’incertitude », l’effet mécanique d’une révision à la baisse de la croissance (de 0,9 % à 0,7 %) dans le consensus des économistes après la censure.
    6 milliards d’euros proviendraient des mesures d’économie qui n’ont pas pu être mises en œuvre ou des recettes fiscales qui n’ont pas pu être levées suite au processus.

Mieux, la Ministre a prévenu que le coût d’une éventuelle loi spéciale l’année prochaine serait de 11 milliards d’euros, détaillant les 8 milliards d’économies qui ne se feront pas et les 3 milliards de recettes qui n’entreront pas. Si ces explications techniques ont été données, la question de la crédibilité est restée posée : pourquoi cette note n’a-t-elle pas été transmise depuis si longtemps, laissant l’opposition dans l’obligation de s’interroger sur la solidité de ce chiffrage ?

La Dépense Publique : Le Mythe des « Revues » Inutiles

L’autre pilier de la critique de l’opposition concerne l’absence totale de maîtrise de la dépense. Pour le député, « tout existe à votre bureau » pour baisser la dépense publique, faisant référence aux fameuses « revues de dépenses ». Il a cité l’exemple de la politique du logement, pour laquelle une revue de dépenses avait été commandée à un ancien ministre il y a trois ans, mais dont le gouvernement n’a visiblement tiré « rien » comme conséquence concrète.

Cette inertie, selon l’opposition, est un aveu de l’échec du gouvernement à s’attaquer au mal de la dette, préférant la facilité des hausses d’impôts au courage politique de tailler dans les dépenses.

La Ministre de Montchalin a tenté de se défendre en replaçant le débat dans son contexte technique et politique. Elle a souligné la difficulté de la tâche, rappelant que 60 % de la dépense de l’État sont des transferts (collectivités, Sécurité Sociale, entreprises, ménages). « Il y a pas d’économie, monsieur le député, invisible pour les Français, » a-t-elle affirmé, insistant sur le fait que toute coupe budgétaire aura un impact direct et visible sur une catégorie de la population.

La Ministre a assuré que la trajectoire affichée, qui vise la « non augmentation des crédits hors défense » (le fameux « zéro valeur »), est bien l’application stricte d’un grand nombre de conclusions issues des revues de dépenses et des rapports de la Cour des comptes. Elle a lancé un défi à l’opposition : si elle a des propositions pour aller plus loin, elles sont les bienvenues, à condition qu’elles aient une « viabilité politique » et qu’elles puissent « faire compromis » dans l’Hémicycle. Pour la Ministre, un exercice consistant à promettre des « 50 milliards d’économies » sans support politique serait « malhonnête ».

L’Arbitrage Final : Le HCFP en Garanti des Prévisions

Face aux accusations de « maquillage » des chiffres de la TVA, Amélie de Montchalin a brandi une autorité supérieure : le Haut Conseil des Finances Publiques (HCFP). Le rôle de cette institution, dirigée par Pierre Moscovici, est précisément de juger de la qualité des prévisions gouvernementales.

La Ministre s’est appuyée sur l’avis du HCFP pour contrecarrer les critiques, lisant un paragraphe clé : « La prévision de croissance de la base taxable de TVA […] est conservée suite aux écarts constatés ces dernières années. » Elle a traduit ce jargon technique en français courant : « globalement, nous n’avons pas boosté les chiffres. » Elle a insisté sur le fait que le gouvernement a fait preuve de « modération » et a utilisé une « élasticité qui est sur ce sujet je crois raisonnable », soulignant que si le HCFP avait soupçonné une manipulation, « Pierre Moscovici ce matin vous en aurait parlé, c’est son rôle. »

Malgré cette tentative de justification technique, l’opposition a maintenu que l’audition n’était qu’une « audition pour rien », car elle n’avait apporté aucune réponse concrète aux critiques du rapporteur et des autres députés. Le sentiment qui prévaut à l’issue de cet échange est celui d’une crise de confiance profonde et d’un budget 2026 qui, loin de faire consensus, s’annonce comme une nouvelle bataille acharnée entre un gouvernement contraint par la dette et une opposition ulcérée par l’injustice fiscale. Le duel des chiffres n’a fait que commencer.