« Je suis Obligé d’être Ému » : L’Ancien Maître d’École de Kendji Girac Témoigne de l’Impact Sincère de « Mi Vida » et Révèle les Racines de son Combat Contre l’Illettrisme

« Je suis Obligé d’être Ému » : L’Ancien Maître d’École de Kendji Girac Témoigne de l’Impact Sincère de « Mi Vida » et Révèle les Racines de son Combat Contre l’Illettrisme

Le 1er octobre dernier marquait la sortie de « Mi Vida », l’ouvrage autobiographique de Kendji Girac, un livre qui propose une plongée intime dans l’enfance et la scolarité du chanteur originaire du Périgord. Si l’artiste est habitué aux projecteurs et aux applaudissements, l’une des réactions les plus touchantes à la parution de son livre vient d’une figure discrète mais essentielle de son passé : Serge Courteville, son ancien instituteur à l’école Eugène Leroy de Coulouniex-Chamiers, en Dordogne. Les confidences de cet enseignant à la retraite révèlent une rencontre qui a été, de son propre aveu, « bouleversante et inoubliable », soulignant la sincérité de l’artiste dans son récit et l’origine de son plus grand combat.

Je suis obligé d'être ému", cité dans le livre de Kendji Girac, son ancien  instituteur témoigne - ici

L’Hommage Inattendu d’une Star à son Maître

Serge Courteville, désormais âgé de 67 ans, avait coché la date de sortie du livre. Dès l’aube du 1er octobre, il s’est procuré l’ouvrage de son ancien élève. Cet instituteur a eu la particularité d’enseigner à de nombreux membres de la famille Girac et à une grande partie des enfants de la communauté des gens du voyage de la région. Une fois le livre entre les mains, il se précipite à la page 42 et découvre l’hommage qui lui est rendu par la star.

Les mots de Kendji Girac sont directs et empreints d’une reconnaissance amusée : « le maître de cette école primaire a fait tous les gitans de ma famille. À la fin de sa carrière, je pense qu’il parlait mieux le gitan que nous ! » En lisant ces lignes, l’émotion submerge Serge Courteville. « Quand je lis ça, je suis obligé d’être ému, j’ai même photocopié la page », confie-t-il, un sourire aux lèvres. Ce témoignage, photocopié et précieusement gardé, n’est pas seulement une preuve de la reconnaissance de l’élève ; c’est la validation d’une carrière consacrée à la transmission.

L’École de la Vie et la Révélation de la Lecture

Dans son livre, Kendji Girac dépeint avec fidélité l’atmosphère particulière de la classe de Serge Courteville, où se côtoyaient des élèves de tout âge et de tout niveau. L’ancien maître d’école confirme l’authenticité du récit : « Tout est vrai dans ce qu’il écrit ». Mais ce qui touche le plus l’ancien enseignant, c’est l’évocation par Kendji de son plaisir d’apprendre à lire.

Le chanteur se souvient avec une clarté poignante du moment où il a franchi cette étape décisive : « Ça me rappelle quand j’étais en CP. Un jour, je me suis rendu compte que je savais lire. C’est à ce moment-là que j’ai voulu devenir enseignant, pour transmettre. »

Pour Serge Courteville, ce passage est la confirmation de son rôle essentiel. Il se souvient de sa propre motivation : « C’est ce que j’essayais de leur faire comprendre, que si on ne sait pas lire, on ne peut pas se débrouiller dans la vie. » L’éducation était pour lui l’outil fondamental d’autonomie et de succès. Le souvenir de Kendji, enfant motivé et désireux de réussir, reste gravé dans sa mémoire.

« Les Yeux de la Mama » : Le Rôle Crucial de la Mère

L’ancien instituteur insiste sur un point fondamental de la réussite de Kendji : le rôle déterminant de sa mère. « Il ne faut pas oublier maman Girac, c’est elle qui a insisté pour que Kendji apprenne à lire et profite des avantages de l’école », souligne Serge Courteville.

L’anecdote de son inscription est révélatrice de la ténacité de la mère du futur artiste. Alors qu’il n’y avait plus de places disponibles dans la classe, sa mère a persisté, s’assurant que son fils puisse bénéficier de l’enseignement de Serge Courteville. C’est grâce à cette insistance maternelle que le futur interprète de « Les yeux de la mama » – d’ailleurs l’une des chansons préférées de son ancien maître – a pu s’ouvrir au monde des lettres. Ce rôle protecteur et éducateur de la « mama » est la preuve que la soif de savoir du jeune Kendji fut initialement nourrie par l’amour et la détermination de sa famille.

Le Combat Contre l’Illettrisme : Un « Bel Ambassadeur »

Des décennies après avoir appris à déchiffrer les premières syllabes dans la classe de Serge Courteville, Kendji ne se contente pas d’écrire et d’interpréter ses propres textes : il a fait de l’illettrisme son grand combat. Il aborde ce sujet sans détour dans son livre, se livre dans des interviews et a même accepté d’incarner à l’écran un personnage ne sachant ni lire ni écrire.

Pour son ancien maître, cet engagement est une source d’une immense fierté. Serge Courteville salue son ancien élève avec enthousiasme : « C’est un bel ambassadeur, il profite de sa couverture pour faire ce combat, je dis bravo. »

L’histoire de Kendji Girac est la démonstration vivante qu’avec la motivation, le soutien familial et le dévouement d’un enseignant, il est possible de transformer son destin. L’analphabétisme est un fléau silencieux, et le fait qu’une star populaire utilise sa notoriété pour défendre cette cause réchauffe le cœur de celui qui a planté la première graine de la lecture dans l’esprit du jeune garçon.

L’émotion de Serge Courteville est palpable et son espoir est désormais d’obtenir une dédicace de l’artiste sur la première page de son exemplaire de « Mi Vida ». Il a d’ailleurs d’ores et déjà réservé sa place pour la séance de dédicaces prévue à Angoulême. Cet hommage, loin des paillettes, rappelle que les plus grandes réussites sont souvent le fruit de rencontres humaines simples et sincères, marquant à jamais l’histoire d’un enfant devenu star.