Le « Vent » de la Folie : Secrets, Trahisons et Tortures Derrière le Chef-d’Œuvre Immortel Autant en Emporte le Vent


Article: Né en 1939, Autant en emporte le vent (Gone with the Wind) n’est pas qu’un film ; c’est un mythe déchaîné. Pourtant, derrière l’éclat des robes de soie et la passion orageuse de Scarlett O’Hara et Rhett Butler, se cache une réalité de plateau bien plus sombre, un enfer de chaos, de tyrannie et de souffrances humaines. Le triomphe artistique s’est acheté au prix de la santé physique et mentale des stars, de l’humiliation des génies créatifs et d’une discrimination raciale criante qui ternit encore aujourd’hui l’image de l’âge d’or hollywoodien. Aujourd’hui, plus de huit décennies plus tard, il est temps de soulever le rideau de velours pour révéler les 20 vérités brutales qui ont failli anéantir ce monument.


La Tyrannie du Génie : Chaos et Stimulants

 

Le chaos derrière la caméra n’était pas un simple désaccord, mais une véritable crise nerveuse orchestrée par un homme : le producteur David O. Selznick.

1. Le Producteur Accroc et Obsédé Jusqu’à la Folie : Selznick était le cerveau qui contrôlait Gone with the Wind, mais il était aussi le cauchemar de toute son équipe. Il ingérait de la benzédrine pour rester éveillé, avalait des somnifères, fumait sans cesse, et buvait de l’alcool pour maintenir un état de combat permanent. Son obsession le plongeait dans une spirale inhumaine où il se nourrissait uniquement de bananes et de cacahuètes salées, croyant que de vrais repas ralentiraient la production. Il inondait l’équipe de milliers de mémos détaillant tout, de l’angle exact d’une caméra à la nuance précise du fard à paupières de Vivien Leigh, épuisant tout le monde par ses manies maladives. La presse n’hésitait pas à qualifier le tournage de « Folie de Selznick ».

2. Un Réalisateur Victime d’une Crise Nerveuse : Victor Fleming, appelé comme sauveur après le premier renvoi, se heurta à un budget colossal et un calendrier écrasant. Contraint de travailler jusqu’à l’épuisement absolu, il s’effondra complètement, victime d’une crise nerveuse qui força l’interruption du tournage. Le plateau, déjà chaotique, passa entre les mains de trois réalisateurs différents en quelques mois, chacun laissant derrière lui une ambiance de champ de bataille.

3. Le Réalisateur Évincé Après 19 Jours : Le cas de George Cukor est invraisemblable. Après avoir consacré deux années entières à bâtir les fondations du film, il fut brutalement écarté après seulement 19 jours de tournage. La raison officielle de « divergence créative » n’était qu’un paravent. La rumeur déferla : Clark Gable, la star masculine, aurait secrètement fait pression pour forcer son renvoi. Gable craignait que Cukor n’en sache trop sur les zones d’ombre de son passé, notamment les murmures selon lesquels il aurait été un gigolo au service de riches dames au début de sa carrière.

4. F. Scott Fitzgerald Transformé en Machine à Copier : Au milieu du chaos scénaristique, Selznick fit appel à F. Scott Fitzgerald, l’auteur du Gatsby le Magnifique. Au lieu d’utiliser son génie, on lui imposa une tâche absurde et humiliante : il devait uniquement utiliser les dialogues exacts du roman original. Ce travail le transforma en une « machine à copier humaine », le poussant à abandonner le projet, brisé par la frustration.

5. La Réécriture en Une Semaine sans Dormir : Pour sauver le film, Selznick enferma le scénariste Ben Hecht — qui n’avait jamais lu le livre — dans une pièce. Hecht fut contraint de tout réécrire en une seule semaine infernale. Il travailla 18 à 24 heures par jour, sans sommeil, vivant uniquement de bananes, de cacahuètes salées et de stimulants. Cette « course contre la mort » a produit la colonne vertébrale du film, mais a coûté cher à la santé de toute l’équipe.


Le Prix de la Beauté : Sacrifice Physique et Humiliation des Stars

 

Derrière l’éclat des projecteurs, les relations entre les acteurs étaient loin d’être la romance dépeinte à l’écran.

6. Le Baiser Légendaire, un Véritable Supplice : Aux yeux du public, Clark Gable incarnait la séduction masculine absolue. Pourtant, Vivien Leigh confia un jour qu’elle éprouvait un profond dégoût lors des scènes de baiser avec Gable. La raison : l’odeur insoutenable de son haleine. Gable souffrait de graves problèmes bucco-dentaires. À chaque prise, Leigh devait se contenir et tentait de tourner subtilement la tête pour éviter de respirer son souffle. Le baiser inoubliable n’était pour elle qu’une « véritable épreuve ».

7. Un Corps Détruit pour un Rôle : Pour incarner Scarlett O’Hara, Vivien Leigh accepta de s’infliger une automutilation physique. Afin d’atteindre le tour de taille de 18 pouces conforme au roman, elle se serrait dans un corset si rigide qu’elle s’évanouissait régulièrement sur le plateau. Son alimentation se réduisit à du café noir, des cigarettes et des amphétamines pour compenser le manque de repos. Elle a sacrifié sa jeunesse, son bien-être et sa stabilité mentale pour le rôle.

8. L’Insulte en Plein Tournage : L’actrice anglaise raffinée dut endurer l’agressivité du réalisateur Victor Fleming. Lors d’un moment de tension, il perdit tout contrôle et hurla en plein visage de l’actrice principale : « Fourez donc ce scénario dans votre cul aristocratique anglais. » L’insulte claqua comme une gifle, laissant Leigh pétrifiée et humiliée, obligée de continuer à jouer malgré la honte.

9. L’Humiliation de Katharine Hepburn : Même les plus grandes stars n’étaient pas à l’abri. Katharine Hepburn, une figure majeure de Hollywood, entra dans le bureau de Selznick avec une confiance absolue, déclarant : « Je suis Scarlett O’Hara. » Selznick répliqua d’une humiliation cinglante : « Je ne peux pas imaginer Rhett Butler vous courir après pendant 12 ans. » Hepburn quitta la salle sans un mot.

10. La Star qui Détestait le Film : Leslie Howard, l’interprète d’Ashley Wilks, afficha un mépris évident tout au long du tournage. Il jugeait le scénario « grotesque », une « propagande raciste » déguisée en romance. Il se sentait prisonnier d’un rôle « fade et sans âme ». Après la sortie, il refusa catégoriquement toute promotion pour le film qu’il qualifiait de « belle supercherie ».


L’Ombre de la Ségrégation : Honte et Injustice Salariale

Le film, qui raconte l’histoire du Vieux Sud, a été marqué par les lois Jim Crow et les inégalités raciales de son époque, laissant une tâche indélébile sur son héritage.

11. L’Oscar de la Honte pour Hattie McDaniel : En 1940, Hattie McDaniel (Mammy) devint la première actrice noire de l’histoire à remporter un Oscar. Cet exploit fut gâché par la ségrégation raciale. La cérémonie se déroulait dans un hôtel qui appliquait des règles strictes : McDaniel fut obligée de s’asseoir seule à une petite table, reléguée à l’arrière de la salle, loin des stars blanches. Les autres acteurs noirs du film ne furent même pas autorisés à entrer. L’éclat de la statuette dorée ne parvint pas à masquer cette profonde humiliation.

12. La Première Mondiale Sous les Lois Jim Crow : La première mondiale à Atlanta fut un carnaval géant, mais toute la distribution noire du film fut interdite d’accès à l’événement en raison des lois de ségrégation. Clark Gable, indigné, avait menacé de boycotter, mais McDaniel, dans un geste déchirant, le convainquit de venir afin que le film puisse être honoré.

13. L’Écart Salarial Révoltant : Les chiffres révélèrent une injustice flagrante. Clark Gable travailla 71 jours et empocha 125 000 dollars. Vivien Leigh, l’héroïne qui porta le film, tourna sans relâche pendant 125 jours (50 jours de plus), mais ne reçut que 25 000 dollars. L’injustice s’accentua pour les acteurs noirs, y compris Hattie McDaniel, qui reçurent des montants dérisoires, voire symboliques.


Un Plateau Apocalypse et un Héritage Maudit

 

Les exigences perfectionnistes et le succès monumental se sont avérés être une malédiction à long terme pour les créateurs du film.

14. L’Incendie qui a Failli Réduire Hollywood en Cendre : La scène spectaculaire de l’incendie d’Atlanta fut créée en allumant un véritable brasier couvrant plus de 10 acres. Les flammes atteignirent plus de 200 pieds. Un vent soudain emporta les flammes hors de contrôle, menaçant les véritables ateliers des studios MGM. Les caméras commencèrent à fondre, un cascadeur fut grièvement brûlé et un homme fut hospitalisé. Hollywood n’était qu’à une rafale d’anéantissement total.

15. La Scène Culte de 2h30 du Matin : Pour obtenir la lumière parfaite de la scène « As God is my witness », Selznick força Vivien Leigh et des centaines de techniciens à se lever à 2h30 du matin pendant sept jours consécutifs. Poussée au bord de l’effondrement, Leigh sanglotait au téléphone avec Laurence Olivier, jurant qu’elle ne voulait plus jamais jouer.

16. L’Auteur Considérant le Film comme une Trahison : Margaret Mitchell, la mère littéraire de Scarlett, fut révoltée de déception par l’adaptation. Elle accusa Hollywood d’avoir transformé son héroïne complexe et contradictoire en une simple « manipulatrice froide dominée par l’ambition ». Elle eut le sentiment de voir « une étrangère portant le visage de son propre enfant », résumant la trahison de son œuvre.

17. Le Succès Devenu Malédiction : La gloire du film a enseveli plusieurs carrières. Butterfly McQueen (Prissy) fut enfermée dans des rôles stéréotypés de servante pour le reste de sa vie, quittant Hollywood brisée. Même Vivien Leigh dut porter Scarlett O’Hara comme une chaîne, le rôle emblématique entravant sa quête de nouveaux personnages à la hauteur de son talent. Le triomphe fut une « cage dorée ».

18. La Mort Tragique de Selznick : David O. Selznick, l’homme qui avait tout risqué pour créer ce mythe, ne retrouva jamais cette gloire. Obsédé par le passé, aucun de ses projets suivants ne parvint à égaler le sommet de Gone with the Wind. Il passa les dernières années de sa vie dans l’échec, les addictions et l’amertume, avant de mourir dans l’oubli.


Autant en emporte le vent demeure un monument, une œuvre qui a su capter l’esprit d’une époque et transcender les drames pour devenir éternelle. Pourtant, connaître le prix payé par ceux qui l’ont créé, de la crise nerveuse du réalisateur à l’humiliation des actrices, de la discrimination raciale à la folie obsessionnelle du producteur, transforme chaque visionnage en une expérience plus riche, mais aussi plus troublante. Le film est une symphonie de magnificence et de souffrance, prouvant que parfois, les ombres derrière les lumières sont bien plus dramatiques que la fiction qu’elles ont engendrée.